Prononcé le 26 avril 2024
Intervenant(s) :
Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique
Circonstance : Ouverture du Forum d'affaires Maroc-France à Rabat au Maroc
Texte intégral
Chère Nadia,
Monsieur le président du CGEM,
Monsieur le président du MEDEF, cher Patrick,
Mesdames et Messieurs les présidents,
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Je suis particulièrement heureux d'être ici, au Maroc, à Rabat, pour ouvrir avec mon amie Nadia ce forum et lancer la renaissance des relations économiques entre la France et le Maroc. Nous avons, cela a été dit par les précédents intervenants, tellement en commun. Deux grandes nations, deux grands peuples qui ont vocation à exercer leur leadership, l'un sur le continent africain, l'autre sur le continent européen, une langue que nous avons en commun. Une culture qui se croise, le même goût des paysages, la subtilité des détails, le même attachement à l'environnement, la même volonté de décarboner notre économie, le même attachement à la vocation agricole et à la vocation industrielle de nos deux nations. Nous avons tellement à apprendre les uns des autres. Regardez ce qui vient d'être dit sur les femmes ingénieurs. Le ministre de l'économie que je suis rêverait d'avoir 50% de femmes ingénieurs en France. Vous les avez au Maroc, bravo !
Alors maintenant, nous devons avancer. Avancer vite et avancer fort dans les domaines économiques, financiers et industriels. Le monde est en plein bouleversement, chacun le voit et le Président dans la République l'a dit très clairement hier, à l'occasion de son discours sur l'Europe. Le monde après le Covid ne sera plus le monde que nous avons connu avant le Covid. La géopolitique a changé, les chaînes de valeur se réorganisent, les grandes puissances, Etats-Unis, Chine, se réorganisent. Que faisons-nous ? Quels sont nos choix stratégiques de ce côté de la Méditerranée et de l'autre côté de la Méditerranée ? Eh bien, nous, en France, un des choix stratégiques que nous faisons, c'est de renforcer nos liens économiques avec le peuple marocain et avec le Maroc.
Nous voulons offrir dans un certain nombre de domaines que j'ouvre comme orientations, mais qui, bien entendu, ne sont que des propositions qui peuvent être complétées, qui seront complétées par votre avis. Le premier domaine, c'est celui qui définira les grandes puissances du XXIe siècle, l'énergie décarbonée. Les peuples, les nations qui seront indépendants en matière d'énergie décarbonée seront les grands vainqueurs du XXIe siècle. Le Maroc et la France ont vocation à être les grands vainqueurs du XXIe siècle. Nous allons donc travailler ensemble dans le domaine solaire. Vous avez une géographie qui est propice au déploiement de panneaux photovoltaïques sur des milliers d'hectares et nous, nous avons fait le choix avec le Président de la République - je l'ai annoncé il y a quelques semaines - de développer une filière de production de panneaux photovoltaïques en France, avec des technologies avancées et des panneaux recyclables. Eh bien croisons nos savoir-faire pour travailler ensemble dans ce domaine.
Nous voulons travailler ensemble également dans l'éolien, travailler ensemble dans l'hydrogène. Et je vous annonce que nous allons lancer un projet entre l'IRSN et l'accélérateur SATT à Paris-Saclay pour développer une recherche appliquée et de l'innovation en hydrogène décarbonée sur la base d'un partenariat entre la France et le Maroc. Je vous annonce également que l'AFD, l'Agence française de développement, débloquera un prêt de 350 millions d'euros à destination de l'Office chérifien des phosphate, l'OCP, pour qu'il puisse investir massivement dans l'hydrogène, dans la décarbonation et dans l'investissement vert. C'est un effort majeur de l'AFD à destination de l'OCP et du développement de l'hydrogène vert au Maroc.
Enfin, nous voulons également travailler sur le développement des réseaux, car comme dans beaucoup d'autres pays, en Europe et ailleurs, au Maroc, le lieu de production n'est pas forcément le lieu de consommation. Et qu'un des grands défis énergétiques, qui est souvent trop oublié, on en parlait ce matin avec Nadia, c'est le coût des réseaux énergétiques de transport de l'énergie. Vous allez produire de l'énergie dans la région de Dakhla, vous en avez besoin dans la grande métropole de Casablanca. Il faut construire des réseaux électriques pour transporter cette énergie entre Dakhla et Casablanca. Je vous confirme que nous sommes prêts à participer au financement de cette infrastructure.
Enfin, je tiens à préciser en toute transparence avec vous que j'ai également mis, ce matin, sur la table, la possibilité d'une coopération dans le domaine de la production d'énergie nucléaire. Vous savez qu'à la demande du Président de la République, nous travaillons sur ces fameux SMR, des réacteurs modulaires de plus petite taille. Au gouvernement marocain de décider s'il peut être intéressé par cette coopération. C'est évidemment un choix souverain du peuple marocain et du gouvernement marocain. Et je dis notre disponibilité à travailler sur ce secteur de l'énergie nucléaire avec notre partenaire marocain. Je ne pense pas qu'on puisse donner un gage plus fort que notre détermination à construire un partenariat économique stratégique avec le Maroc.
Deuxième série de sujets sur lesquels, évidemment, nous pouvons continuer à avancer, parce qu'il y a déjà de belles réalisations, c'est le ferroviaire, en incluant la formation. J'étais ce matin à l'Institut de formation ferroviaire et je suis très fier parce que j'ai acquis mon diplôme de conducteur de train à très grande vitesse au- dessus de 300 km/h. Je tiens à préciser que c'était sous simulateur. Mais enfin, je vais rentrer avec un diplôme marocain dans la poche, donc je ne suis pas peu fier, ça manquait à mes études.
Nous allons évidemment poursuivre, cher Ross, dans le domaine de l'aéronautique, où Safran fait des merveilles ici, Airbus est prêt à ouvrir cette coopération.
Troisième secteur, l'industrie automobile, il y a déjà de belles réalisations. Je ne suis pas plus long sur le sujet, car chacun sait qu'il y a des coopérations possibles, notamment dans le domaine des véhicules électriques et des batteries, où la France, je le redis, a fait le choix de la construction d'une filière indépendante avec des savoirs, des technologies sur lesquelles nous pouvons travailler ensemble.
Enfin, je vous citerai 3 derniers éléments sur lesquels il me semble que vos travaux seraient particulièrement utiles. Le premier, le plus festif, et je dois dire, assez enthousiasmant, c'est la Coupe du monde 2030. Vous allez construire le plus grand stade de foot de la planète. Ça fait rêver. Et ça va attirer, je suis sûr, beaucoup d'investisseurs dans le domaine du bâtiment, dans le domaine de l'événementiel, dans le domaine de la géolocalisation avec des entreprises comme Thales, dans le domaine de l'hôtellerie, de la restauration. Je souhaite que nous mettions en place un groupe de travail franco-marocain pour travailler ensemble à la préparation de cette Coupe du monde 2030 sous son volet économique
Deuxième élément que je voudrais citer, c'est celui des investissements financiers. Vous avez créé un fonds d'investissement, Fonds d'investissement Mohamed 6, qui est dirigé par l'ancien ministre des finances. Eh bien, je souhaite que la Bpi puisse, sur le modèle de ce qu'elle a signé ce matin comme accord, travailler à un partenariat étroit avec le Fonds souverain du Maroc. Je pense que ce sera une ouverture vers des perspectives nouvelles.
Enfin, troisième et dernier sujet, il a été mentionné ce matin par Nadia, je pense qu'elle a parfaitement raison. Ne limitons pas nos partenariats à la formation, la qualification, les grands projets, les très grandes entreprises ; les PME qui sont le tissu vivant de l'économie marocaine et le tissu vivant de l'économie française doivent travailler main dans la main, apprendre à se connaître, multiplier les échanges, développer des projets, elles auront mon plein et entier soutien. Vive les PME françaises ! Et vive les PME marocaines !
Voilà les quelques mots du coeur que je voulais vous adresser. Vous voyez mon enthousiasme, vous voyez ma détermination qui est partagée avec Nadia. Nous comptons beaucoup sur vos travaux. Apportez-nous des milliers d'autres projets à porter.
Je crois profondément dans la qualité et la force de la relation franco-marocaine.
L'avenir se construit toujours quand on est fidèle à son passé. Et le passé de la relation franco-marocaine, c'est un passé qui est riche, c'est un passé qui est amical, c'est un passé qui est fraternel, avec des liens humains comme il n'en existe peu entre deux nations et entre deux peuples. Mettons-les au service de notre prospérité commune.
Merci à toutes et à tous.
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