Au cours de ces dernières années, le Maroc a été confronté à une série de chocs exogènes d’une extrême violence pour son économie et le pouvoir d’achat des citoyens : Epidémie de la Covid-19 en 2020, sècheresse exceptionnelle en 2022, ainsi qu'un séisme de magnitude 6,9 qui a frappé la province d'Al-Haouz dans le Haut Atlas, le 8 septembre 2023. Cette catastrophe naturelle a fait près de trois mille morts et a causé de nombreux dégâts matériels.
Quelques semaines seulement après le séisme se sont néanmoins tenues, à Marrakech, les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Dans le sillage de ces évènements, le FMI a publié un rapport mettant en évidence la stabilité macroéconomique, la résilience institutionnelle et le cadre réglementaire avancé du Maroc. L'étude montre également la remarquable capacité du royaume à attirer les investissements directs étrangers (IDE), notamment dans l'industrie manufacturière à moyenne et haute technologie (automobile, aéronautique, électronique). Ainsi, la part des IDE dans le PIB a augmenté de 0,34 % en moyenne pendant les années 1960, de 0,61 % dans les années 1970, et enfin de 0,7 % dans les années 1980. Cette part atteint 2,17 % dans les années 1990 et 5,6 % en 2003. C’est notamment l’accord de libre échange signé et entré en vigueur en 2000 avec l’UE qui est à l’origine de cette croissance des IDE. A titre de comparaison, le ration IDE/PIB en Algérie, était de 0,5 % en 2022, soit 15 fois moins que le Maroc.
Ces résultats économiques ont été obtenus grâce aux investissements publics significatifs consentis dans les infrastructures, dont les exemples les plus emblématiques sont le mégaport de Tanger Med, et la ligne à grande vitesse (LGV) reliant Tanger à Casablanca. C'est aussi le résultat d'une politique industrielle incarnée par le Plan d'accélération industrielle lancé en 2014. Les infrastructures routières, ferroviaires et portuaires du pays sont au même niveau de qualité que dans l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon l'institution basée à Washington.
Cependant, dans un souci d’améliorer les conditions de vie et de pouvoir d’achat du citoyen marocain, en 2020 en pleine épidémie de Covid-19, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a annoncé un ensemble de politiques destinées à sortir du piège du revenu intermédiaire. Ce nouveau programme de réformes inclut un plan d'envergure pour généraliser la protection sociale et une réforme de l'État actionnaire, à travers la rationalisation des entreprises publiques existantes, et le lancement d'un Fonds stratégique destiné à investir dans les entreprises privées à fort potentiel de croissance.
Le plan d'universalisation de la protection sociale, votée en avril 2021, a été mis en œuvre par étape : tout d'abord à travers l'extension à tous les Marocains -, quel que soit leur statut social ou professionnel - de l'assurance maladie obligatoire (AMO) qui était réservée jusque-là aux salariés. Seconde étape : la mise en œuvre d'un programme ambitieux d'aides sociales directes ciblant 60 % des ménages non couverts par un régime de protection sociale.
Ces aides comprennent une allocation de subsistance avec un plancher mensuel de 500 dirhams (Dh) par ménage bénéficiaire, ainsi que des allocations supplémentaires pour les enfants, les handicapés et les personnes âgées. Au total, l'aide peut dépasser les 1000 Dh par mois, soit près d'un tiers du salaire minimum officiel.
Le financement de ces aides reposera à la fois sur la rationalisation des dispositifs d'aide existants, la mobilisation de ressources fiscales supplémentaires ainsi que la décompensation progressive des prix de certains produits de base encore subventionnés comme la farine de blé tendre, le sucre et le gaz de pétrole liquéfié (GPL)… même si sur ce dernier point, le Royaume du Maroc s’est montré très prudent en terme de dégressivité, afin de lutter contre ses effets néfastes sur l’inflation. Ce qui fait qu’au premier trimestre 2024, l’inflation au Maroc a été de 1,1 %, soir la plus faible de tout le continent africain.
Ces mesures, assimilables à un revenu minimum, visent à fournir un soutien immédiat au pouvoir d'achat des ménages pauvres et vulnérables. Ainsi, le programme cherche à briser la mécanique de la pauvreté et de l'exclusion à travers l'investissement dans le capital humain des enfants - la perception intégrale des aides est conditionnée à la scolarisation de ces derniers - et la libération des énergies individuelles - notamment celles des femmes non qualifiées, qui pourront prétendre à des emplois plus rémunérateurs que les emplois d'aide à la personne dans lesquels elles sont souvent cantonnées.
Ces prestations sociales devraient également soutenir la croissance économique dans les localités les plus pauvres du pays - en soutenant la demande des ménages - et favoriser la résorption de l'économie informelle.
Les résultats économiques prouvent les choix stratégiques gagnants du Royaume visant à inclure le citoyen marocain dans le développement économique, au travers d’une politique sociale protectionniste et une politique économique basée sur une plus grande parité en la loi de l’offre et de la demande.
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