Depuis trois ans, la wilaya de Tiaret connaît une grave pénurie en eau qui affecte la plupart des communes. C’est traditionnellement le barrage de Bekhedda qui assure 80 % de l’approvisionnement en eau, le reste provenant de forages. Cependant, du fait de la sécheresse qui a frappé ces dernières années cette wilaya et de nombreuses régions d’Algérie, les faibles réserves en eau du barrage Bekhedda ne permettent plus aucun approvisionnement. Depuis plusieurs mois, les services de l’hydraulique ont mené à bien des opérations de transfert d’eau et de citernage qui permettent de remplir des bâches à eau et des citernes situées sur les terrasses des immeubles et d’assurer l’approvisionnement des quartiers et communes les plus touchées. Les habitants de certaines de ces communes n’ont plus accès à l’eau, si ce n’est qu’une fois toutes les semaines et dans les cas les plus graves, qu’une fois tous les quinze jours.
La mort récente de trois personnes, intoxiquées par le monoxyde de carbone d’une pompe à eau, dans une tentative malheureuse de puiser de l’eau d’un puits agricole, a mis le feu aux poudres. A Tiaret, ce samedi, des protestations violentes ont éclaté. Des émeutiers ont envahi les rues, brûlé des pneus, entassé des pierres et bloqué l’accès à certains quartiers. De peur que le soulèvement ne s’amplifie, les autorités fidèles à elles-mêmes ont eu recours à la censure. Les médias nationaux ont reçu l’ordre de passer sous silence les manifestations. Mais l’opacité médiatique ajoute à la fureur des habitants, et la vanité de la propagande étatique n’en est que plus flagrante.
Dans un pays qui regorge de pétrole et de gaz, troisième PIB du continent africain, qui s’enorgueillit d’être la «Force de frappe» de l’Afrique et qui promet de transformer le désert en jardin d’Éden, les émeutes de Tiaret déclenchées en raison du manque criant d’une ressource vitale et essentielle à la vie, vendue au prix fort dans des citernes, viennent encore une fois mettre à nu la réalité socioéconomique du pays.
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