Le patron de Saham Group, Moulay Hafid Elalamy met enfin la main sur la filiale marocaine du géant bancaire français. Mais l’opération ne sera effective qu’après le feu vert de la Banque Centrale et celui du Conseil de la concurrence.
Après plus d’un mois de négociation, Moulay Hafid Elalamy est sur le point de mettre la main sur Société Générale Maroc. Le patron du holding Saham vient de signer la transaction avec le groupe français, qui acte ainsi son départ du royaume en cédant les 57,66 % qu’il détient dans le capital de sa filiale marocaine.
Le montant de l’opération, qui doit devenir effective d’ici à la fin de 2024, a été fixé à 745 millions d’euros, précise le document.
20 filiales et succursales dans le royaume.
Cinquième banque du royaume, contrôlant 6 % à 7 % de parts de marché des prêts et dépôts, Société Générale Maroc est la filiale africaine la plus rentable du géant bancaire tricolore. En 2023, elle a réalisé un produit net bancaire social (PNB) de 4,8 milliards de dirhams (440 millions d’euros) et un PNB consolidé de 5,5 milliards de dirhams, en croissance de 7,2 % sur un an – pour un résultat net consolidé de 1,3 milliard de dirhams.
Société Générale Maroc compte, par ailleurs, près de vingt filiales et succursales, dont les plus connues sont Eqdom – une société spécialisée dans le crédit à la consommation cotée à la Bourse de Casablanca –, et la Marocaine Vie, qui figure dans le top 10 des compagnies d’assurance au Maroc.
BOA, tentative de rachat avortée.
Depuis plusieurs années, la rumeur donnait l’ancien ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, pour candidat à la reprise de Bank of Africa (BOA) d’Othman Benjelloun, dont il fut longtemps très proche. Après la cession, en 2018, de Saham Finances, navire amiral du groupe, au sud-africain Sanlam pour 1 milliard de dollars (932 millions d’euros), et la vente en 2023 de ses participations dans Majorel au français Teleperformance, plusieurs sources nous apprenaient que MHE s’apprêtait à rebondir dans un nouveau secteur.
En vertu de la réglementation marocaine en vigueur, Moulay Hafid Elalamy doit désormais obtenir un nouvel agrément de la Banque Centrale et l’aval du Conseil de la concurrence du royaume afin que l’opération ait lieu définitivement. « Le directeur général du groupe Société Générale est venu me voir […] Je lui ai dit : “Lorsque vous serez prêts, nous serons à votre disposition.” La loi en la matière est très claire : lorsque vous détenez plus 50 % dans le capital d’une banque, il faut, en cas de cession, que l’acquéreur demande un nouvel agrément », a expliqué en mars le wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri.
« Et je ne donne l’agrément qu’après une étude du dossier : projet industriel, business plan, la valeur ajoutée de l’acheteur… Si l’opération est bénéfique pour la banque comme pour l’État, nous accordons l’agrément. Si ce n’est pas bénéfique pour l’État, c’est autre chose », a détaillé le gouvernement de la Banque Centrale. La balle est donc désormais dans le camp des autorités.
Le PDG du groupe Saham viserait au-delà des 57% des parts de Société Générale Maroc détenues par le groupe français et envisage de reprendre certaines filiales d’Afrique subsaharienne de la troisième banque française. En ligne de mire, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin et le Togo.
En Afrique, Société Générale n’est pas la seule banque européenne à réduire sa présence. En août dernier, Barclays, Standard, BNP Paribas ont également commencé à se retirer d’Afrique subsaharienne. De quoi faire dire à Challenge que la concurrence dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne a changé de visage. L’offensive est menée par des groupes panafricains parmi lesquels Attijariwafa Bank, Bank Of Africa et Banque Centrale Populaire. Aujourd’hui, plus d’un dirham sur quatre des bénéfices que réalise ce trio est généré par leurs filiales africaines.
ماشاء الله ،