MÉMORISATION DU CORAN SUR L’ARDOISE MAROCAINE
- il y a 7 jours
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Depuis des siècles, le Royaume du Maroc a développé une méthode unique pour transmettre le Saint Coran, bien loin des écrans et des tablettes numériques. Dans les kouttab (écoles coraniques traditionnelles), c’est à l’aide de simples ardoises en bois, appelées lawh, et d’une encre artisanale que les enfants marocains inscrivent, récitent et gravent dans leur mémoire les versets sacrés.
Cette méthode, transmise de génération en génération, est bien plus qu’un outil pédagogique : c’est un héritage vivant, à la fois spirituel et culturel. Le principe est simple, mais redoutablement efficace. Le fqih (enseignant) dicte les versets, l’élève les copie sur son ardoise, les mémorise, puis les récite. Une fois récités correctement, les versets sont effacés, laissant place aux suivants. Une discipline de fer, un apprentissage rigoureux, mais un respect profond de la parole divine.
Mais cette tradition n’enseigne pas uniquement le Coran. Elle initie les enfants aux subtilités de la langue arabe classique, aux styles calligraphiques, à la patience, à la rigueur, et à la beauté de la transmission orale. Loin d’être dépassée, cette méthode façonne des esprits solides, enracinés dans leur foi et leur identité.
Les kouttab ont de tout temps bénéficié du soutien des Sultans et Rois du Maroc. En 2002, SM le Roi Mohammed VI a institué le Prix Mohammed VI des écoles coraniques, une distinction qui honore le rôle de ces institutions dans la préservation des valeurs de l’Islam marocain : un Islam du juste milieu, de tolérance, de paix et de fidélité à l’héritage des ancêtres.
À Salé, Cheikh Mohamed, responsable d’une école coranique traditionnelle, affirme que ces espaces jouent un rôle clé dans l’éducation morale des jeunes. « Le kouttab est un rempart contre la délinquance, un lieu d’éveil et de discipline », dit-il avec fierté.
Et malgré les transformations de la société, de nombreux parents restent attachés à cette tradition. Asmaa, fonctionnaire, a inscrit sa fille dès l’âge de 4 ans. Elle témoigne : « Son comportement s’est transformé. Elle est devenue plus posée, plus respectueuse. » Même constat pour Ahmed, ingénieur, qui a préféré cette voie pour son fils afin qu’il grandisse dans un cadre de rigueur, de persévérance et d’amour du savoir.
Chaque année, pendant le mois béni de Ramadan, les kouttab marocains retrouvent une affluence exceptionnelle. Ce regain d’intérêt, surtout en période estivale, montre combien cette tradition reste vivace.
Car au fond, ces écoles ne forment pas que des mémorisateurs du Coran. Elles forgent des générations conscientes, enracinées dans leur spiritualité, et fières de leur appartenance à une nation dont l’identité islamique modérée est un pilier fondamental. Le msid, le kouttab, ce sont les berceaux silencieux d’une élite intellectuelle, morale et spirituelle marocaine qui a su traverser les siècles.
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