Rabat
top of page

QUI ÉTAIT VRAIMENT MOHAMED BEN ABDELKRIM EL KHATTABI ?

  • 23 août
  • 5 min de lecture
Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi  Rif Resistance

Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi est né vers 1882 à Ajdir, au Maroc. Fils d’un juge du clan Aït Yusuf de la tribu Aït Ouriaghel, il devient l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme. Il prendra la relève après la défaite de Mouha ou Hammou Zayani.


Entre 1907 et 1912, le chérif Mohamed Ameziane s’impose à la tête de la résistance marocaine face aux troupes espagnoles. Le 15 mai 1912, il meurt en héros au combat, passant ainsi le flambeau de la résistance du Rif à Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi.


Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi s’est instruit dans les zaouias ainsi que dans les écoles espagnoles avant d’intégrer l’Université Al Qaraouiyine de Fès. Il part ensuite terminer ses études à l’Université de Salamanque en Espagne, où il étudie notamment les sciences militaires.


Entre 1908 et 1915, il travaille comme journaliste au quotidien de Melilla, où il développe sa plume et son sens politique. En 1915, il est nommé Cadi Chef de Melilla. Mais ses prises de position en faveur de la limitation de l’expansion espagnole lui valent d’être emprisonné en 1917.


En 1919, libéré, il regagne Ajdir. Avec son frère, il entreprend d’unir les tribus rifaines dans une confédération afin de préparer une résistance organisée.


En 1921, les troupes espagnoles s’approchent des secteurs encore libres du Rif. Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi adresse un avertissement au général Manuel Fernández Silvestre : franchir le fleuve Amekran serait un acte de guerre. Le général se moque de cet avertissement et installe un poste militaire.


Le même jour, les troupes rifaines attaquent. C’est la bataille d’Anoual, une défaite cinglante pour l’Espagne : 179 soldats tués lors de la première confrontation, puis 16 000 morts au total, 150 canons et 25 000 fusils saisis, des centaines de prisonniers.


Cette victoire, obtenue avec seulement 3 000 combattants rifains, marque la première fois dans l’histoire moderne qu’une puissance coloniale européenne est battue par des résistants africains.


Abdelkrim El Khattabi déclare à une journaliste au Caire, en Égypte : « Je serai toujours fidèle au Sultan du Maroc, le passé ne m’importe pas pour moi, ce qui compte c’est l’avenir, il faut annuler le protectorat ».
Abdelkrim El Khattabi déclare à une journaliste au Caire, en Égypte : « Je serai toujours fidèle au Sultan du Maroc, le passé ne m’importe pas pour moi, ce qui compte c’est l’avenir, il faut annuler le protectorat ».

En 1922, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi proclame la République confédérée des Tribus du Rif. Dans ses mémoires, il précise qu’il s’agissait d’une forme de « juntas administratives locales », et non d’un État séparatiste.

Il est essentiel de rappeler que cette République n’avait aucune vocation à se séparer du Maroc. Elle fut créée pour unir les tribus, organiser l’administration et donner une structure politique et militaire à la lutte contre le colonialisme espagnol et français.


Dans ses propres mots au Caire :« Je serai toujours fidèle au Sultan du Maroc, le passé ne m’importe pas, ce qui compte c’est l’avenir, il faut annuler le protectorat. »


La République du Rif fut aussi la première République issue d’une guerre de décolonisation au XXᵉ siècle. Elle instaura un parlement tribal, un gouvernement, une monnaie, une banque d’État, une justice moderne, des infrastructures routières, des ponts, ainsi que le télégraphe et le téléphone. L’ordre et l’éducation prirent le pas sur les vendettas tribales.


En 1924, l’Espagne recule sur plusieurs fronts. La France, craignant que cette victoire marocaine n’inspire d’autres colonies, décide d’intervenir. En 1925, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi doit faire face à une coalition franco-espagnole de plus de 200 000 soldats, menée par Philippe Pétain et Miguel Primo de Rivera.


    À la fin des années 1950, en exil au Caire, Abdelkrim El Khattabi et son frère reçoivent Moulay Abdellah. Impressionné, ce dernier reste silencieux. De retour, son père le roi Mohammed V lui demande ce qui l’a le plus marqué, il répond : « Leur dignité et leur humilité. »
À la fin des années 1950, en exil au Caire, Abdelkrim El Khattabi et son frère reçoivent Moulay Abdellah. Impressionné, ce dernier reste silencieux. De retour, son père le roi Mohammed V lui demande ce qui l’a le plus marqué, il répond : « Leur dignité et leur humilité. »

Après une année de combats acharnés, et devant la menace d’un massacre de civils, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi choisit de se rendre aux Français le 26 mai 1926, pour sauver son peuple.


Mais les Marocains ne sont pas épargnés : des bombardements chimiques au gaz moutarde s’abattent sur le Rif. Plus de 150 000 civils marocains meurent gazés, devenant les premières victimes civiles massivement attaquées par armes chimiques dans l’Histoire.


En 1926, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi est exilé à La Réunion, puis autorisé à rejoindre la France en 1947. Mais lors d’une escale à Suez, il s’évade et gagne l’Égypte, où il vivra jusqu’à sa mort.


À partir du Caire, il devient président du Comité de Libération pour l’Afrique du Nord, inspirant les mouvements indépendantistes du monde entier. Il reçoit même Che Guevara.


Malgré les invitations officielles du Maroc indépendant, il refusa de revenir tant que le Royaume n’était pas pleinement souverain.


En janvier 1960, il rencontre Feu SM Mohammed V au Caire. Cette poignée de main symbolise l’unité de la lutte marocaine. Son humilité impressionne SAR Moulay Abdellah, qui dira à son père :« Leur dignité et leur humilité ».


Feu SM le Roi Mohammed V avec Feu Mohamed Ben Abdelkrim Al Khattabi, Rahimahom Allah رحمهم الله
Feu SM le Roi Mohammed V avec Feu Mohamed Ben Abdelkrim Al Khattabi, Rahimahom Allah رحمهم الله

Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi s’éteint au Caire en 1963. Sa dépouille repose encore là-bas.


Aujourd’hui, l’héritage de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi est instrumentalisé par des séparatistes et par le régime algérien. Ces derniers tentent de présenter la République du Rif comme un projet « indépendant » du Maroc, alors qu’il s’agissait en réalité d’un outil militaire contre le colonialisme.


Il n’a jamais remis en cause l’unité du Royaume. Il a toujours affirmé sa fidélité au Sultan. Ce sont des groupuscules marginaux, souvent liés aux trafics en Europe, qui détournent son nom et son drapeau pour justifier des agendas séparatistes sans fondement historique ni idéologique.


Rencontre SM le roi Mohammed 6 et Aïcha El Khattabi

La fille de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, Feue Aïcha El Khattabi, avait tenu, en mai 2017, à rétablir la vérité face aux tentatives de récupération du nom de son père par certains agitateurs instrumentalisés par Alger, à commencer par Nasser Zafzafi. Dans une déclaration au média local Kawaliss, elle déclarait fermement les manœuvres visant à semer la division entre le Rif et le reste du Maroc, rappelant que sa famille comme son père n’ont jamais été contre l’unité nationale.


Elle soulignait alors que les populations du Rif sont pleinement intégrées au Royaume et qu’aucun héritage d’El Khattabi ne peut être utilisé pour nourrir un projet séparatiste. Elle s’est dite « fière d’avoir reçu Sa Majesté le Roi Mohammed VI » dès son accession au Trône en 2000, symbole de continuité et d’unité.



Aïcha El Khattabi avait également rappelé que son père, avant sa disparition, insistait sur le pardon réciproque, la démocratie et l’égalité entre tous les Marocains, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens. Son combat était exclusivement celui de la lutte contre le colonialisme en Afrique du Nord, et non un appel à diviser la Nation.


Aïcha El Khattabi rejetait catégoriquement toute récupération de son nom pour justifier les manœuvres séparatistes, affirmant que le véritable héritage d’El Khattabi est celui de l’unité du Maroc et non de sa fragmentation.


Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi reste une figure centrale de l’histoire marocaine : un patriote, un stratège, un résistant qui fit trembler deux empires coloniaux. Son combat fut celui du Maroc, pour le Maroc, et jamais contre lui. L’Histoire est claire : ceux qui prétendent le contraire, en Algérie ou ailleurs, ne cherchent qu’à diviser le Royaume et à travestir la vérité.



Commentaires


bottom of page