AHMED FARAS, AU REVOIR SIDI H'MED

Le Maroc vient de perdre l’un de ses plus grands symboles sportifs. Ahmed Faras, figure légendaire du football national, s’est éteint le 16 juillet 2025 à Rabat, à l’âge de 78 ans, des suites d’une longue maladie. Avec lui disparaît une génération dorée, faite d’engagement, de loyauté et de grandeur.

Né le 7 décembre 1946 à Mohammédia, la « Cité des Fleurs », Ahmed Faras découvre très tôt la passion du ballon rond dans les rues de sa ville. Formé au sein du Chabab Mohammédia, il y consacrera toute sa carrière, un fait rare dans le football moderne. De 1965 à 1982, il en porte fièrement les couleurs, refusant à plusieurs reprises des offres de clubs étrangers. Fidélité, humilité, attachement au terroir : tels furent les maîtres-mots d’un joueur à part.

Avant-centre élégant au pied gauche redoutable, Faras savait marier finesse technique, vista et efficacité. Ses dribbles courts, sa capacité à lire le jeu et à surgir dans les moments décisifs en ont fait un attaquant redouté. Leader naturel, il ne haussait jamais le ton, mais galvanisait par l’exemple.

Avec le Chabab Mohammédia, son palmarès est éloquent :

• Champion du Maroc en 1980

• Coupe du Trône en 1972 et 1975

• Supercoupe du Maroc en 1975

• Coupe du Maghreb des vainqueurs de coupe en 1973

• Meilleur buteur du championnat en 1969 et 1973 (16 buts)

  
  

Capitaine des Lions et héros continental

De 1966 à 1979, Ahmed Faras incarne la sélection nationale. Il en est le capitaine emblématique dès 1971, guidant les Lions de l’Atlas avec bravoure et sagesse. Avec 94 sélections et 36 buts, il demeure à ce jour le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale.

Moments marquants en sélection :

• Coupe du Monde 1970 au Mexique : première participation du Maroc à un Mondial

• Jeux Olympiques 1972 à Munich

• CAN 1972, 1976, 1978

• CAN 1976 en Éthiopie : le Maroc décroche son unique titre continental, avec un Faras étincelant, meilleur joueur du tournoi et buteur face au Nigeria, à l’Égypte et à la Guinée.

  
  

Une reconnaissance continentale

En 1975, Ahmed Faras devient le premier Marocain sacré Ballon d’Or africain, un honneur réservé aux plus grands. Il reste l’un des rares joueurs africains à avoir combiné performance nationale, brillance continentale et fidélité à un club local.

Après avoir raccroché les crampons en 1982, Faras se consacre à la formation des jeunes à Mohammédia, à travers son école de football et son action au sein de l’Association Madinati. Son objectif : offrir à la jeunesse les moyens de rêver, de progresser et de servir leur pays à leur tour.

Modèle de discrétion et d'intégrité, il refusa les projecteurs, préférant la transmission à la prétention.

Hommage royal de Sidna

À l’annonce de son décès, SM le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances émouvant à sa famille et à la nation tout entière. Le Souverain a salué « la disparition d’une des grandes étoiles du football marocain », rendant hommage à son patriotisme sincère, à son talent unique et à sa contribution à « l’élévation du football marocain et africain ».

Le message royal souligne que feu Ahmed Faras « a contribué, grâce à son talent exceptionnel, au rayonnement du football national sur les plans continental et international, dans les années 60 et 70 ». Le Souverain a rappelé avec émotion son rôle déterminant dans le sacre de la CAN 1976 et dans l’histoire du ballon rond national.

Ahmed Faras n’était pas qu’un joueur. Il était un symbole d’excellence marocaine, à la fois fier, loyal, modeste et visionnaire. Il a tracé la voie à toute une génération, et son nom restera gravé dans le cœur des Marocains comme celui d’un patriote exemplaire et d’un héros sportif national.

Qu’Allah l’accueille en Sa Sainte Miséricorde.

Inna lillahi wa inna ilayhi raji‘ûn.