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IMANE KHELIF, L'OMBRE D'UN SECRET GÉNÉTIQUE

  • 5 juin
  • 3 min de lecture
Imane Khelif boxeur ou boxeuse

Imane Khelif, évoluant dans la boxe féminine originaire d’Algérie, s’est imposé(e) comme une figure montante de la boxe internationale catégorie féminine. Médaillé(e) aux Jeux olympiques et plusieurs fois distingué(e) dans les championnats continentaux, Imane représente pour les algériens un symbole de fierté nationale.


Mais derrière les victoires et la reconnaissance, une polémique persistante entoure son genre biologique. Déjà à Tokyo en 2021, des murmures dans le milieu olympique suggéraient des doutes sur son admissibilité dans la catégorie féminine. Ces rumeurs sont revenues en force en 2023, lorsque Imane est brutalement exclu(e) de la finale des Mondiaux en Inde, une exclusion dont des fuites médiatiques indiquent que Imane serait lié(e) à un test génétique commandité par l’IBA (ancienne instance de la boxe amateure), révélant potentiellement la présence de chromosomes masculins.


En 2024, le Comité international olympique confirme que Khelif pourra participer aux JO de Paris, tout en précisant qu’il ne s’agissait “pas d’un cas de transgenre”, formulation vague, qui entretient plutôt qu’elle ne dissipe les soupçons.



En juin 2025, la nouvelle fédération World Boxing, reconnue par le CIO, annonce qu’elle exigera un test génétique PCR de tous les athlètes de plus de 18 ans, afin de déterminer leur sexe biologique à la naissance. Dans sa communication, elle mentionne explicitement Imane Khelif comme étant “non conforme à ce jour”, ce qui provoque une nouvelle vague de réactions. (Lien du communiqué officiel de World Boxing ici)


Devant la pression médiatique, le président Boris van der Vorst présente des excuses pour avoir cité nommément l’athlète, précisant que “la vie privée de l’athlète aurait dû être respectée”. Toutefois, World Boxing ne revient aucunement sur sa position : Khelif devra obligatoirement se soumettre à ce test si l'intéressé(e) veut continuer à concourir chez les femmes. (Lien du communiqué officiel de World Boxing ici)


La controverse dépasse rapidement le monde du sport. Plusieurs figures internationales interviennent :


  • Giorgia Meloni, Première ministre italienne, déclare : “Les compétitions féminines doivent rester un espace protégé. Des athlètes avec des caractéristiques masculines ne devraient pas y être admis.”



  • Donald Trump, dans un de ses meetings, affirme — à tort — que Khelif est une athlète transgenre, ajoutant : “Ils étaient des hommes… ils combattent aujourd’hui contre nos femmes.”



  • Elon Musk, via sa plateforme X, partage des contenus remettant en question la féminité de Khelif. L’athlète a d’ailleurs déposé plainte en France pour cyberharcèlement contre plusieurs personnalités, dont Musk, l’accusant de diffusion de contenus humiliants.



Face aux accusations, le peuple algérien s’est largement mobilisé derrière Imane. Pour beaucoup, le débat sur son genre importe peu, tant qu'on défend dignement les couleurs nationales.


Loin de l’image stéréotypée qu’on pourrait avoir, l’Algérie a une histoire profonde de tolérance, notamment à travers la culture populaire et artistique, avec des figures LGBTQ+ qui ont marqué la société :


  • Ahmed Fatah, reconnu comme le premier homme transgenre algérien à avoir donné naissance à un enfant, est perçu comme un symbole du courage et du progrès social.


  • Houari Manar, chanteur de raï au style androgyne et à l’homosexualité assumée, a longtemps fait polémique mais est resté extrêmement populaire jusqu’à sa mort.


  • Cheikh Mamidou, artiste de raï excentrique, fait partie de ces voix atypiques qui ont bousculé les normes de genre à travers leurs performances.


  • Cheb Abdou, surnommé le “Boy George algérien”, chante l’amour librement, y compris entre hommes, avec des titres comme Madre Madre qui assume pleinement l’ambiguïté affective.


  • Salim Halali, légende de la musique arabo-andalouse, né à Annaba en 1920, a mené une carrière éclatante en France tout en étant ouvertement homosexuel. Il est encore aujourd’hui une icône pour de nombreux artistes maghrébins.


Imane Khelif incarne bien plus qu’un simple cas de réglementation sportive. Imane est au cœur d’un débat global sur le genre, la justice, l’équité dans le sport et, malgré Imane, devient une figure symbolique de la manière dont les identités minoritaires sont perçues.


Mais dans son pays, Imane est avant tout un enfant du peuple, combattant(e), et tant qu'Imane portera le drapeau vert-blanc-rouge, les algériens continueront de l’applaudir, quelles que soient les conclusions des tests génétiques.



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