L'ALGÉRIE NÉGOCIERAIT UNE AUTONOMIE POUR LA KABYLIE
- 21 avr.
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Dernière mise à jour : 22 avr.

D'après le média Sahel-Intelligence, des sources bien introduites rapportent que des discussions indirectes mais régulières auraient été amorcées entre le régime algérien et Ferhat Mehenni, le leader du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), aujourd’hui réfugié en France. Ces échanges, menés par des intermédiaires non officiels, auraient pour objectif d’explorer la possibilité d’un statut d’autonomie pour la Kabylie, dans le cadre de la souveraineté algérienne.
Jusqu’alors persona non grata à Alger, Mehenni semble bénéficier d’un changement d’attitude du régime. Des voix au sein du ministère de la Défense et de la présidence affirment que le dialogue avec le fondateur du MAK est désormais considéré comme une piste sérieuse pour apaiser les tensions persistantes en Kabylie.
Mehenni, qui dirige depuis la France un Gouvernement provisoire kabyle (GPK) fondé sur les principes de l’autodétermination pacifique, avait vu son organisation qualifiée d’« organisation terroriste » par Alger en 2021. Pourtant, selon un diplomate européen au fait du dossier, « le climat évolue à Alger. Certains responsables comprennent qu’il faut une solution politique et non plus exclusivement sécuritaire. Et cela passe par un dialogue, même avec Mehenni. »
Les négociations en cours porteraient, selon ces mêmes sources, sur un ensemble de réformes destinées à garantir une autonomie régionale : un parlement kabyle, la reconnaissance officielle de la langue amazighe comme langue principale, ainsi qu’un contrôle local sur les ressources économiques de la région, telles que les forêts, le tourisme ou l’artisanat.
Ferhat Mehenni aurait, pour sa part, exigé plusieurs garanties préalables : la levée de l’interdiction frappant le MAK, la libération des détenus politiques kabyles, la reconnaissance institutionnelle de l’identité amazighe plurielle de l’Algérie, et la supervision du processus par une médiation internationale impartiale.
Dans une intervention récente à Genève, devant des membres de la diaspora kabyle, Mehenni aurait déclaré : « La Kabylie a toujours voulu vivre libre. Elle est disposée à discuter, à condition que l’État algérien mette fin à la politique du déni. »
Ce changement de ton du régime intervient dans un contexte de fragilité croissante à Alger, où les difficultés économiques, sociales et diplomatiques se multiplient. Plusieurs observateurs y voient une volonté de sortir d’une impasse politique par le dialogue, après des années de répression.
Un ancien ministre algérien reconnaît : « Ferhat Mehenni a longtemps été diabolisé. Mais aujourd’hui, certains estiment qu’il représente une opportunité pour tourner une page. »
Cependant, ces possibles pourparlers divisent profondément. Si une partie de la société civile y voit une chance de réconciliation, les cercles militaires et certaines élites politiques restent fermement opposés à toute forme de reconnaissance du MAK.
Ironie du sort, cette ouverture envers la Kabylie soulève des interrogations quant à la cohérence de la position algérienne sur d’autres dossiers régionaux. En effet, alors que le régime algérien s’acharne depuis plus de cinquante ans à soutenir, financer et armer le Polisario contre l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc allant jusqu’à rejeter la main tendue du Royaume à travers son initiative d’autonomie pour le Sahara, il envisagerait aujourd’hui un schéma similaire d’autonomie pour une partie de son propre territoire. Une contradiction qui ne manquera pas d’interpeller.
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