Rabat
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L'HISTOIRE DU MELLAH DE RABAT


La ville de Fès a été la première à accueillir un mellah. C’était en 1438. Puis ce fut au tour de Marrakech au XVIème siècle ; Meknès au XVIIe siècle ; et dès le début du XIXe siècle, Rabat, Mogador, Salé et Tétouan, où le quartier juif ne s’appelait pas mellah, mais plutôt quartier juif.


Dans le cas de Rabat, c’est en 1808, sous le règne du sultan Moulay Slimane, que tous les juifs vivant à Rabat ont été obligés de vivre dans le mellah.


Après la destruction du Second Temple de Jérusalem en l'an 70, des juifs sont déportés de Palestine par les Romains vers les côtes de l'actuelle Mauritanie. Suivant les migrations de l'époque, provoquées par les famines et les épidémies, ils remontent vers le nord au fil des siècles. Un certain nombre s'installeront à Rabat, et surtout à Salé. En 1492, puis au 16ème siècle, ils sont rejoints par leurs coreligionnaires chassés d'Espagne par l'Inquisition. En 1750, Rabat et Salé comptent ainsi plus de 6.000 juifs. En 1807, sous le règne de Moulay Slimane, un mellah est créé dans chacune de ces villes et ils sont contraints de s'y installer.


Au début des années 1950, quand Salomon Gabbay naît dans le Mellah de Rabat, la population israélite compte 18.500 âmes. Ils ne sont aujourd'hui plus qu'une centaine.


Bab Chellah, l'entrée du Mellah, qui ouvre sur la rue Oukassa. A l'époque, les juifs n'habitaient pas que le Mellah parce qu'ils étaient devenus trop nombreux. Ils vivaient aussi dans la rue Oukassa où il y avait des habitations, des commerces (les bijoutiers, les couturiers...). Le sol était, comme aujourd'hui, en terre, mais elle était bien battue, bien entretenue. Le Mellah commence juste à droite en entrant.


Il était rare qu'on sorte de ce quartier, parce qu'on avait tout à l'intérieur. Quand on voulait aller au cinéma, on se rendait généralement au Vox, parce que c'était le plus proche, voir les films de Maciste et de cow-boys...


Au début de la rue Oukassa, il y avait trois écoles juives : la maternelle, il y avait une Mademoiselle Pérès qui s'occupait des enfants dans les années 50 et 60. Ensuite, on allait à l'école primaire de l'Alliance. Il y en avait une pour les filles, une autre pour les garçons. Au milieu, il y avait la cantine.


Le Mellah était toujours propre. Les vendredis après-midis, toutes les boutiques fermaient et les gens passaient de la chaux sur les murs. Ceux-ci étaient tous blancs, c'est le sol qui était bleu plutôt, à peu près de la teinte que vous voyez sur les murs actuellement. A 19 heures, la porte du Mellah était fermée et personne ne pouvait entrer. Le samedi soir, c'était un plaisir : il y avait les marchands de gâteaux, de bonbons... C'était la kermesse, c'était le va-et-vient,... Pendant un temps, le Mellah a été complètement délabré et puis des habitants se sont cotisés pour le nettoyer et maintenant, chacun veut que sa rue soit plus propre que celle de l'autre.


La synagogue Rabbi chalom Zaoui reste la plus ancienne synagogue de Rabat, elle date du 17ème siècle. Le Saint Rabbi Chalom Zaoui a étudié dans cette synagogue à la fin du 17ème siècle. Auparavant, la synagogue n'occupait que la moitié de la superficie actuelle. L'autre partie a été ajoutée dans les années 50. Au fond, il y avait des chambres où celui qui avait des problèmes venait dormir pendant les sept jours. De 1955 à 1988, David Gabbay, était le rabbin de la synagogue. Le jeudi soir, il y avait une chorale qui était dirigée par M. Amar. Les vendredis et samedis soirs, la synagogue était pleine et tout le monde venait péleriner. Il y avait des bougies partout et tout le monde chantait et dansait. Ils lisaient le Zohar tous les soirs, les psaumes de David toute la journée. Il y avait tous les jours du monde qui venait péleriner et allumer les bougies. Les enfants qui venaient à la synagogue recevaient 20 centimes. Avec ça, ils pouvaient s'acheter un beignet ou un bol de harira. C'était encourageant pour ces enfants de revenir.


Cette synagogue a été rénové avec l'aide de donateurs dans les années 90. De faux plafonds ont été ajouté pour l'embellir.


L’écrivain marocain et professeur d’histoire Mohamed Kanbib, spécialiste en histoire des juifs marocains, a déclaré dans son livre Musulmans et juifs au Maroc … des racines jusqu’à nos jours, que « la décision de construire des quartiers pour les juifs a été prise par les Sultans marocains qui voulaient les protéger car ils constituaient une source financière importante pour la trésorerie de l’Etat. Les Juifs étaient appelés à rester entre les murs de leur quartier afin de ne pas pâtir des chaos et des affrontements qui pouvaient avoir lieu dans les villes. » Le Mellah était un centre commercial important dans toutes les villes marocaines et son cœur battant. Il abritait de nombreux métiers de base exercés par les Juifs tels que l’orfèvrerie, la couture, la menuiserie et la cordonnerie. Le Mellah était indépendant du reste des quartiers musulmans, que ce soit au niveau de sa gestion, que de la législation qui y est en vigueur et qui n’est autre que la législation hébraïque.


Aujourd’hui, on peut voir des Juifs d’origine marocaine vivant en Israël qui reviennent dans des villes comme Rabat pour apprendre l’histoire de leurs ancêtres.

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