LE MUTISME DE TEBBOUNE SUR LE SAHARA MAROCAIN

Vendredi 26 septembre, Abdelmadjid Tebboune a accordé une nouvelle entrevue télévisée, soigneusement diffusée par les canaux publics. Mais cette fois, un fait inédit a retenu l’attention : pour la première fois depuis qu’il occupe le palais d’El Mouradia, le président algérien n’a pas prononcé un seul mot sur le Maroc ni sur le Sahara.

Ce silence, loin d’être anodin, marque un tournant décisif. Ceux qui suivaient l’entretien ont constaté que, malgré des questions orientées sur la diplomatie algérienne et les relations régionales, les journalistes se sont gardés d’évoquer le Maroc. Le voisin de l’ouest a disparu de la liste des pays cités : Tebboune a parlé de la Tunisie, de la Libye, de la Mauritanie… mais pas du Royaume. Même le Mali et le Niger ont été effacés de l’équation.

Encore plus révélateur, Tebboune a longuement insisté sur le dossier palestinien, mais s’est bien gardé de le lier à la question du Sahara, comme il le faisait systématiquement dans ses sorties médiatiques. La mise en scène était claire : ordre avait été donné d’éviter tout glissement vers ce sujet. Est-ce un aveu implicite que ce dossier, longtemps érigé en priorité absolue par Alger, s’est transformé en fardeau diplomatique qui a conduit le pays à l’isolement international et à l’asphyxie économique ?

Même si Ahmed Attaf, son ministre des Affaires étrangères, reste mobilisé dans cette croisade contre l’intégrité territoriale du Maroc, l’attitude du chef de l’État algérien surprend. Qu’un président, obsédé depuis son arrivée par la rhétorique du « soutien indéfectible » au Polisario, décide soudain de réduire au silence cette cause, ne peut être interprété comme un oubli. Il s’agit d’un signal politique fort : l’Algérie est contrainte d’ajuster son discours face à la réalité des rapports de force.

Car dans le même temps, Alger tente de se réinventer sur la scène internationale. Tebboune courtise ouvertement Washington, multipliant les offres de coopération énergétique et minière pour séduire les entreprises américaines. Mais cette stratégie opportuniste se heurte à une vérité implacable : depuis décembre 2020, les États-Unis reconnaissent officiellement la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Le Haut conseiller de Donald Trump, Massad Boulos, l’a rappelé à plusieurs reprises, affirmant que le plan d’autonomie marocain est la seule solution réaliste et durable. Lors de sa rencontre avec Ahmed Attaf en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, il a réitéré ce message sans ambiguïté.

Au même moment, à New York, le ministre Nasser Bourita consolidait la position du Royaume. En annonçant avec Christopher Landau, vice-secrétaire d’État américain, que les États-Unis encourageraient désormais leurs entreprises à investir dans les provinces du sud, Washington confirmait que sa reconnaissance ne se limite pas à une déclaration symbolique, mais s’accompagne d’une diplomatie économique concrète.

Alors, que cache le mutisme de Tebboune ? Veut-il préparer son opinion publique à un changement de cap imposé par les pressions internationales ? L’Algérie, minée par ses crises internes, est-elle en train de chercher une porte de sortie après un demi-siècle d’acharnement stérile contre le Maroc ?

Rien n’est encore tranché, mais une chose est certaine : si Tebboune avait eu la moindre marge de manœuvre, il n’aurait jamais manqué de répéter la rengaine éculée de « la dernière colonie d’Afrique ». Son silence en dit plus long que tous ses discours.