ONE HEALTH, LE MODÈLE QUI CONCILIE VIE HUMAINE ET DIGNITÉ ANIMALE
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Mi-septembre 2025, les autorités ont annoncé un financement de dix millions de dirhams pour la création d’un refuge à Tétouan. Ce signal en pleine rentrée sociale n’est pas un simple geste symbolique : il entérine l’idée que la gestion des chiens errants doit s’appuyer sur des infrastructures, des équipes et une méthode reproductible, au lieu de rester tributaire de réactions locales disparates. C’est aussi une réponse à une réalité dure : des morsures qui pourraient saturer ponctuellement les centres de santé, des drames isolés mais inacceptables, et la présence de la rage en Afrique du Nord qui impose d’articuler compassion et sécurité publique.
Il y a des visages derrière ces débats. On se souvient de cette grand-mère britannique, éraflée par un chiot errant pendant un séjour au Maroc, décédée de la rage après son retour dans son pays et on pense à ces familles marocaines qui se ruent aux urgences pour un sérum antirabique après une morsure. Ces histoires, aussi rares soient-elles à l’échelle d’une nation, commandent de préserver la vie humaine (Marocains, résidents étrangers, visiteurs) tout en élevant la condition animale. L’un n’exclut pas l’autre ; une politique moderne réussit les deux.
Depuis 2019, le Maroc a officiellement basculé vers une stratégie validée par la communauté vétérinaire internationale : le TNVR (Trap-Neuter-Vaccinate-Return), en français "capturer-stériliser-vacciner-identifier-relâcher". Concrètement : capturer pour agir en sécurité, stériliser pour casser la reproduction, vacciner pour briser la chaîne de transmission de la rage, identifier (boucles, puces) pour le suivi et relâcher sur territoire afin de stabiliser puis réduire durablement la population. Cette méthode s’inscrit dans l’approche "One Health" et vise l’objectif partagé "zéro décès humain dû à la rage" à l’horizon 2030. Deux piliers publics structurent cette action, l'ONSSA (office national chargé de la sécurité sanitaire) est en charge des fournitures de vaccins aux collectivités, des rappels sur la couverture vaccinale minimale (immuniser la majorité des chiens détenus), des protocoles et du contrôle sanitaire.
L’IAV Hassan II, établissement public de référence en médecine vétérinaire et agronomie, apporte la base scientifique et est donc en charge des recensements méthodiques des populations errantes (parce qu’on ne gère que ce qu’on mesure), des essais de vaccination, de l'appui épidémiologique et de la formation. Autour d’eux, les services de l’Intérieur financent et déploient ce qui manquait le plus aux communes : des dispensaires, des unités mobiles de stérilisation-vaccination, et désormais des refuges de référence comme celui annoncé à Tétouan pour absorber, soigner, et relâcher selon les règles.
Mais ces avancées n’empêche pas les polémiques. À l’étranger, des organisations militantes ou des personnalités publiques et starlettes des réseaux sociaux accusent le Maroc de "massacres" à l’approche d’événements sportifs, s’appuyant souvent sur des vidéos choc sorties de leur contexte. Au Maroc même, certaines associations et militants très actifs en ligne relaient ces images et dénoncent, parfois à juste titre, des pratiques locales inacceptables. Il faut évidemment admettre que des dérapages existent mais il faut aussi refuser l’amalgame. Une faute dans une commune ne résume pas la politique d’un état. Et il y a, côté militant, une exigence de cohérence qui est de ne pas se contenter d’indignation, mais de publier des chiffres (stérilisations, vaccinations, incidents), proposer des plans réalisables (sites, vétérinaires, budgets, calendrier), et reconnaître les progrès quand ils sont documentés. La critique utile est celle qui aide à faire mieux, pas celle qui nie ce qui avance.
Le choix marocain est exigeant parce qu’il refuse les faux dilemmes. On ne sauve pas les chiens en mettant des vies humaines en jeu et on ne protège pas les gens durablement en ignorant la gestion des populations canines. Le Maroc se veut respectueux envers la vie humaine d’abord, celle de l’animal ensuite, mais surtout des deux toujours.












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