QUI ÉTAIT LE PENSEUR AVERROÈS DIT IBN ROCHD ?

Averroès de son vrai nom Abou Al Walid Muhammad Ibn Rochd est né en 1126 à Cordoue, alors sous domination de l'Empire almoravide, dynastie berbère originaire du Maroc. Sa famille, les Banū Rushd, était réputée pour son érudition et son engagement dans les affaires religieuses et judiciaires. Son grand-père, également nommé Ibn Rushd, fut le cadi (juge) suprême de Cordoue et l'imam de la Grande Mosquée, soulignant les racines profondes de la famille dans la tradition juridique malékite, prédominante en Afrique du Nord.

Dès son jeune âge, Ibn Rushd reçut une éducation rigoureuse en théologie, droit islamique, médecine et philosophie. Il étudia notamment sous la tutelle d'Ibn Bājjah (Avempace), un philosophe andalou influent, et bénéficia de l'environnement intellectuel florissant d'Al-Andalus, étroitement lié aux centres de savoir marocains.

En 1153, Ibn Rushd se rendit à Marrakech, capitale du Califat almohade, pour y effectuer des observations astronomiques et contribuer à la fondation de nouvelles institutions éducatives. C'est là qu'il rencontra Ibn Tufayl, philosophe et médecin de la cour, qui le présenta au calife Abū Yaʿqūb Yūsuf. Impressionné par son érudition, le calife lui confia la tâche de commenter les œuvres d'Aristote, marquant le début de ses célèbres exégèses philosophiques.

Ibn Rushd occupa plusieurs postes prestigieux : cadi à Séville et Cordoue, puis médecin personnel du calife. En 1182, il succéda à Ibn Tufayl en tant que médecin de la cour et fut nommé cadi suprême de Cordoue. Cependant, en 1195, des opposants réussirent à le discréditer auprès du calife Abū Yūsuf Yaʿqūb al-Manṣūr, entraînant son exil à Lucena. Il fut réhabilité peu avant sa mort en 1198 à Marrakech, où il fut inhumé.

Ibn Rushd est reconnu pour ses commentaires exhaustifs sur Aristote, qui ont joué un rôle crucial dans la transmission de la philosophie grecque au monde islamique et à l'Europe médiévale. Son œuvre Tahāfut al-Tahāfut (L'Incohérence de l'incohérence) constitue une réponse magistrale à Al-Ghazālī, défendant la compatibilité entre raison et foi.

Dans Fasl al-Maqāl (Le Discours décisif), il affirme que la philosophie est non seulement compatible avec l'islam, mais qu'elle est également une voie légitime pour comprendre la vérité divine. Il y soutient que l'interprétation allégorique des textes sacrés est parfois nécessaire lorsque la raison l'exige.

En médecine, son traité Al-Kulliyyāt fi al-Ṭibb (Les Généralités de la médecine), connu en Europe sous le nom de Colliget, fut une référence pendant des siècles. Il y aborde des sujets tels que l'anatomie, la pathologie et la pharmacologie, et propose des observations originales sur des maladies comme la maladie de Parkinson.

Bien que son influence ait été limitée dans le monde islamique de son époque, Ibn Rushd eut un impact considérable en Europe, où ses œuvres furent traduites en latin et étudiées dans les universités médiévales. Il est souvent désigné comme "Le Commentateur" en raison de ses analyses approfondies d'Aristote. Son approche rationaliste a jeté les bases de l'Averroïsme, un courant philosophique qui a influencé des penseurs tels que Thomas d'Aquin.

Au Maroc, son héritage est célébré comme un symbole de la richesse intellectuelle du pays. Sa vie et son œuvre témoignent de l'importance du Maroc en tant que carrefour des savoirs et des cultures, et renforcent la fierté nationale pour ses contributions à la civilisation universelle.

LE SAVIEZ-VOUS ?

• SM le Roi Mohammed VI a procédé, en avril 2023, à l'inauguration de l'hôpital Ibn Rushd (Averroès) à Casablanca.

• En avril 2025, Casablanca s’est dotée d’un établissement universitaire privé d’un nouveau genre avec le lancement officiel de l’Université internationale Averroès (UIA), institution dont le statut a été reconnu par la Commission nationale de coordination de l’enseignement supérieur (CNACES).

Fiche d'identité

Nom complet	Abū al-Walīd Muḥammad ibn Aḥmad ibn Rushd (Ibn Rushd)
Nom latinisé	Averroès
Date de naissance	14 avril 1126
Lieu de naissance	Cordoue, Al-Andalus (Empire almoravide)
Date de décès	11 décembre 1198
Lieu de décès	Marrakech, Maroc (Califat almohade)
Nationalité	Marocaine (Almoravide puis Almohade)
Professions	Philosophe, médecin, juriste, astronome, théologien
École juridique	Malékite
Domaines d'expertise	Philosophie, médecine, droit islamique, astronomie, théologie
Œuvres majeures	Tahāfut al-Tahāfut, Fasl al-Maqāl, Al-Kulliyyāt fi al-Ṭibb
Langues de travail	Arabe