TENSIONS EXPLOSIVES ENTRE TEBBOUNE ET L’ÉTAT-MAJOR
- 16 juin
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Depuis plusieurs mois, une vague d’attaques virulentes visant le président Abdelmadjid Tebboune émerge dans les cercles médiatiques et numériques algériens à l’étranger. YouTubeurs, journalistes en ligne et influenceurs multiplient les critiques, souvent fondées sur des informations précises provenant de milieux proches du pouvoir militaire.
Selon le média parisien Rupture, dirigé par le journaliste algérien exilé Karim Maloum, ces campagnes seraient alimentées par des officiers de haut rang de la DGDSE (services de renseignement extérieur). Deux noms reviennent avec insistance : le colonel Abdelhamid Hocine, alias Hocine Boulahya, et le colonel Souahi Zerguine, surnommé « Mouad ». Tous deux auraient dirigé, à différents moments, la sous-direction en charge de la lutte contre les menaces subversives, et ambitionneraient de déstabiliser leur supérieur actuel, le général Fethi Rochdi Moussaoui, dit Sadek.
Derrière ce bras de fer, le nom de l’ex-général-major Djebbar M’henna, ancien patron de la DGDSE, est évoqué comme instigateur de l’opération. Mais les enjeux prennent une toute autre ampleur lorsque l’on découvre l’implication supposée de figures clés de l’armée.
Parmi elles, le commandant Chafik Chengriha, fils du chef d’état-major Saïd Chengriha, en poste à Paris, qui tenterait, selon Rupture, d’influencer les nominations militaires par le biais de son père. À cela s’ajoute le général Saïd Djouadi, directeur de cabinet de Chengriha père, présenté comme un acteur central dans cette dynamique.
Ces officiers seraient liés à la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l’armée), un service qu’ils utiliseraient comme levier pour affaiblir les opposants à leurs intérêts, Tebboune en premier lieu.
Deux scénarios se dessinent alors : soit le chef d’état-major ignore les agissements de ses proches, ce qui semble peu probable vu son contrôle étroit sur l’appareil militaire, soit il orchestre discrètement une mise à l’écart du président. Cette dernière hypothèse gagne du terrain à mesure que le mandat de Tebboune entre dans une phase politiquement délicate.
Dans ce contexte tendu, les rumeurs de départ anticipé ou de remaniement présidentiel prennent une dimension plus crédible. Et pour cause : depuis le départ des français, la vie politique algérienne est jalonnée de réajustements internes, de rivalités larvées, et de coups de force institutionnels.
Loin d’être un épisode isolé, ce conflit reflète une lutte de pouvoir profonde entre les différentes factions qui composent l’élite politico-militaire algérienne. Les arrestations récentes, souvent justifiées par des accusations douteuses, s’inscrivent dans cette guerre d’influence.
Trois blocs majeurs semblent s’affronter en coulisses. Le premier est formé par les anciens fidèles du régime Bouteflika, mis sur la touche depuis 2019, souvent silencieux mais toujours présents. Le second groupe rassemble des figures influentes ayant gravité autour de Tebboune durant son premier mandat, cherchant désormais à revenir en force.
Le troisième pôle, actuellement le plus influent, est celui du cercle présidentiel. Mais sa position semble fragilisée. L’assise politique de Tebboune, déjà contestée par les résultats peu convaincants des scrutins de 2019 et 2024, dépend de deux piliers : une partie de l’armée et les réseaux administratifs. Si ces soutiens venaient à se désolidariser, l’avenir du président serait sérieusement compromis.
Alors que les manœuvres s’intensifient en coulisses, certains analystes parlent déjà d’un nouveau « coup d’État silencieux » en préparation. Une constante dans l’histoire politique algérienne, où, comme le souligne Rupture, aucun président n’a encore achevé son mandat. Tebboune fera-t-il exception ? Rien n’est moins sûr.
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