Rabat
top of page

ALGÉRIE, UN PIB VITRINE, UNE ÉCONOMIE FANTÔME

  • il y a 2 jours
  • 2 min de lecture
Algérie PIB économie rebasage crise

On nous vante depuis quelques mois un PIB algérien « florissant », présenté comme le signe d’un redressement économique et d’une montée en puissance régionale. Mais derrière les chiffres, la réalité est bien différente : il s’agit d’un mirage, construit à coups de statistiques gonflées et d’un taux de change déconnecté de la réalité.


Selon la Banque mondiale, le PIB de l’Algérie en 2024 avoisine 263 milliards de dollars, sur la base du taux de change officiel fixé autour de 134 dinars pour un dollar. Ce chiffre a permis au pays d’être reclassé dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire de tranche supérieure. Mais ce « bond » s’explique en grande partie par un rebasage comptable : une révision des méthodes de calcul et un élargissement des données intégrées. En d’autres termes, une opération technique, et non une véritable révolution économique.


Or, si l’on quitte le terrain officiel pour se rapprocher du vécu des Algériens, le décor change radicalement. Le marché parallèle des devises, qui pèse lourd dans l’économie réelle, valorise le dollar non pas à 134 dinars, mais entre 200 et 240 dinars. L’écart est tel que le Fonds monétaire international lui-même a calculé une prime du marché noir dépassant 60 % fin 2023. Recalculé sur cette base, le PIB réel de l’Algérie s’effondrerait à environ 150-160 milliards de dollars, soit une contraction de près de 40 %.


Cette illusion monétaire masque une fragilité bien connue : la dépendance totale du pays aux hydrocarbures. Les exportations de pétrole et de gaz représentent 83 % des recettes extérieures, tandis que les ventes hors hydrocarbures ne dépassent pas 2 % du PIB. La richesse nationale est donc extrêmement vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux. Derrière l’affichage, la structure reste celle d’une économie rentière, peu diversifiée, prisonnière d’un modèle des années 1970.


Le paradoxe est que le régime pourrait, en théorie, réduire l’ampleur de ce marché parallèle. Mais il l’entretient, car il sert les intérêts des élites qui y trouvent une source opaque de devises, facilement détournées vers l’étranger. Ce système profite à quelques-uns, mais affaiblit durablement le pays, tandis que la population s’enfonce dans l’inflation, le chômage et la perte de pouvoir d’achat.


À l’inverse, le Maroc, avec un PIB certes plus modeste mais honnêtement calculé, s’appuie sur une diversification réelle : tourisme, agriculture, industrie automobile, phosphates, énergies renouvelables. Son dirham, partiellement convertible mais stable, n’a pas engendré de marché noir massif. La comparaison est cruelle : d’un côté, une économie vitrine ; de l’autre, une trajectoire progressive mais solide.


Le PIB algérien, brandi comme symbole de puissance, n’est donc qu’un trompe-l’œil. Derrière le mirage statistique, la réalité économique est beaucoup plus sombre. Et à mesure que la junte continue d’entretenir ce double discours, le fossé entre chiffres officiels et vie quotidienne des Algériens ne cesse de se creuser.



Commentaires


bottom of page