L'HISTOIRE REND JUSTICE AUX AWRABA MAROCAINS
- 10 mai
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Les Awerbanote sont une tribu berbère du Maroc, faisant partie de la confédération des Branès. Ils sont principalement connus pour leur lutte contre la conquête musulmane en Afrique du Nord au VIIe siècle puis lors de la constitution de l'État idrisside au VIIIe siècle.
Les Awraba brillent par leur glorieuse histoire, aussi bien avant que pendant la conquête arabe. Tribu de Koceila, ils sont décrits par Ibn Khaldoun comme "la tribu la plus puissante, celle qui tant par sa force numérique que sa bravoure avait le droit de commander au peuple berbère".

Contrairement à certaines affirmations erronées, les Awraba ne viennent pas des Aurès. Ils sont bel et bien natifs de Tingitane, dans le nord du Maroc. Ils sont les descendants directs des Ouerbikae de l’Antiquité, partageant la racine linguistique "wrb". Ibn Khaldoun est le premier à localiser Koceila et les siens au Maroc.


En 675, alors qu’Abu Al-Mahajir, successeur de Oqba au gouvernement de l’Ifriqiya, s’empare de Tlemcen, Koceila, qui occupait alors l’Afrique du Nord occidentale, lève l’étendard de la révolte. Il semble être à la tête d’un royaume centré autour de Volubilis, sa ville d’origine.

Plusieurs arguments le confirment : la présence des Awraba en Afrique du Nord occidentale lors de l’expédition d’Abu Al-Mahajir, ainsi que l’appartenance supposée de Koceila à la famille des Caecilius — une des plus influentes familles de Volubilis, probablement devenue dominante après le départ des Romains. Le nom Koceila serait ainsi une déformation arabe du nom Caecilius.




Koceila apparaît donc comme le souverain d’un royaume s’étendant jusqu’aux confins de l’Algérie et du Maroc actuels. Selon Al-Maliki, le pays de Tanger (Tingitane) était sous son autorité. Les Akhbâr Madjmûca fî fathi-l-Andalus indiquent également qu’Oqba a rencontré les Awraba dans la région de Tanger.




Certains cercles nationalistes algériens, à court d’arguments après que la thèse des Aurès a été réfutée, ont tenté d'attribuer Koceila à Altava (Tlemcen), en s'appuyant sur une vieille hypothèse d'une confédération maroco-oranaise datant des années 1920 — une hypothèse elle aussi démontée.

Un élément révélateur : Iulia Rogativa, captive d'Altava, se retrouve à Volubilis. L’épigraphie d’Altava s’interrompt précisément à l’époque où celle de Volubilis réapparaît après des siècles de silence (285–599), ce qui suggère une domination des Awraba de Volubilis sur Altava, au point d’y capturer des esclaves lors de leurs campagnes.

Ainsi, l’idée d’une alliance sincère entre Volubilis et Altava s’effondre. Oqba, reprenant le pouvoir en Ifriqiya, est informé par Abu Al-Mahajir de la conversion sincère de Koceila et de son influence. Mais Oqba, peut-être par mépris ou jalousie, humilie Koceila, qui, blessé dans son honneur, prépare sa vengeance.



Koceila regroupe alors une large coalition berbère et s’empare de Kairouan, abandonnée par son chef Zuhayr et la majorité des Arabes. Il gouverne la ville pendant cinq années. Zuhayr ne recevra des renforts qu’en 687-688, ce qui lui permettra de reprendre le contrôle et de tuer Koceila.


La défaite brise la puissance des Awraba, qui se replient en Afrique du Nord occidentale — un retour à leur terre d’origine. Les Arabes, conscients de la puissance persistante des Awraba dans cette région, ne franchissent pas la Moulouya. Koceila avait donc conquis un immense territoire allant de Volubilis aux Aurès en passant par Kairouan.

Ce n’est que plus tard, sous Musa Ibn Nusayr, que les fils de Oqba lancent une expédition punitive contre les Awraba réfugiés à Sagouma, dans le Moyen Atlas marocain. Un massacre y est perpétré et les filles de Koceila sont faites prisonnières.
Les Awraba finiront par accueillir les Idrissides à Volubilis en 788-789. Selon Ibn Idhari, certains fils de Koceila accompagneront même Musa Ibn Nusayr lors de la conquête de l’Espagne. Ils formeront par la suite l’épine dorsale des premières forces idrissides.


Aujourd’hui, les descendants des Awraba se retrouvent chez plusieurs tribus : les Branes au nord de Taza, les Jaia, Meziat, R’Ghiwa et Setta dans la région des Jbalas de l’Ouergha, et les Adjouka au sud de Ksar Kebir.

De nombreux historiens contemporains confirment désormais que Koceila était originaire du Maroc et qu’il a édifié un royaume vaste, s’étendant jusqu’à Gabès. Il est temps que les Marocains revendiquent pleinement cette figure majeure de leur histoire, et cessent de laisser d’autres s’approprier cet héritage.

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