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L’ÉTUDE AMÉRICAINE QUI DÉMONTE LE MYTHE DE LA “PUISSANCE ALGÉRIENNE”

  • 17 nov.
  • 4 min de lecture
L’ÉTUDE AMÉRICAINE QUI DÉMONTE LE MYTHE DE LA “PUISSANCE ALGÉRIENNE”

Une étude publiée par le Washington Institute for Near East Policy en juin 2025, signée par la chercheuse Sabina Henneberg, dresse un portrait sans complaisance de la situation intérieure et extérieure de l’Algérie. Intitulée « Strategic U.S. Engagement with Algeria » (Policy Note 159), cette analyse montre que derrière le discours de puissance régionale, l’Algérie traverse une phase d’immobilisme politique, d’isolement diplomatique et de vulnérabilité économique. Le texte, destiné aux décideurs américains, sert à orienter la politique étrangère des États-Unis dans la région. Ses constats sont clairs : le Maroc progresse, l’Algérie régresse.


Dès les premières pages, la chercheuse relève un déséquilibre frappant entre la relation américano-marocaine et celle entre Washington et Alger. Selon les chiffres officiels du Département d’État, le commerce annuel entre les États-Unis et le Maroc atteint environ 7 milliards de dollars, contre à peine 3,5 milliards pour l’Algérie. Plus révélateur encore : dans la justification budgétaire du Département d’État pour 2025, les programmes d’assistance civile directe s’élèvent à 21 millions $ pour le Maroc, contre 1,5 million $ seulement pour l’Algérie. Un rapport de quatorze à un, qui illustre la différence de confiance et la priorité politique accordée par Washington au partenariat stratégique avec le Royaume.


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La note rappelle aussi un symbole fort : depuis 1963, plus de 5 000 volontaires du Peace Corps ont servi au Maroc, alors que l’Algérie n’en a jamais accueilli un seul. Ce contraste, écrit Henneberg, traduit deux visions opposées : un Maroc perçu comme un partenaire stable et ouvert ; une Algérie considérée comme fermée et méfiante envers la coopération étrangère.


L’étude s’attarde longuement sur la trajectoire du régime algérien depuis 2019. Elle décrit un État de plus en plus militarisé, où les réformes constitutionnelles de 2020 ont laissé « une ambiguïté inquiétante » sur la répartition des pouvoirs entre le président et l’armée. Le SIPRI (Institut de Stockholm pour la recherche sur la paix) y est cité : les dépenses militaires algériennes ont bondi de 69 % entre 2015 et 2024, faisant de l’Algérie l’un des plus gros importateurs d’armes au monde. Mais cette frénésie d’achats ne s’est traduite ni par un développement industriel, ni par une amélioration du niveau de vie. L’étude parle d’un “buildup” militaire détaché de toute stratégie économique, qui détourne l’attention d’une population frustrée par la stagnation sociale.


L’ÉTUDE AMÉRICAINE QUI DÉMONTE LE MYTHE DE LA “PUISSANCE ALGÉRIENNE”
Ce graphique illustre l’échec du modèle algérien à transformer la rente pétrolière en emplois réels. Tandis que le Maroc progresse dans la réduction du chômage des jeunes, l’Algérie reste prisonnière d’une économie d’assistanat, incapable d’offrir des perspectives à sa jeunesse, un facteur majeur d’instabilité sociale.

Sur le plan économique, le rapport constate que l’Algérie reste prisonnière de sa dépendance aux hydrocarbures. Le Plan de Relance 2024 vanté par Alger n’a pas permis de diversifier les exportations : plus de 90 % des revenus extérieurs proviennent toujours du gaz et du pétrole. Les perspectives de transition énergétique sont jugées “très limitées” ; les projets d’hydrogène vert et de dessalement, bien que médiatisés, n’avancent pas au rythme annoncé. Selon le rapport, l’État subventionne massivement les secteurs déficitaires, décourage l’investissement privé et maintient une bureaucratie qui “étrangle” les initiatives.


Sur le terrain politique, la Policy Note 159 décrit une situation préoccupante : répression accrue de la presse, emprisonnements arbitraires, recul du pluralisme et effondrement de la participation électorale. Le taux de femmes au Parlement est passé de 32 % à 9 %, preuve d’un recul des libertés publiques. Les auteurs cités par le Washington Institute parlent d’une « nouvelle Algérie plus militarisée que jamais », où la loi sur la mobilisation générale adoptée en 2025 traduit une peur de crise interne plus qu’une volonté de réforme.


Au niveau régional, la note souligne les limites d’une diplomatie algérienne qui “multiplie les médiations sans résultat”. Échec de la tentative d’intégrer les BRICS en 2024, perte d’influence au Sahel, rupture prolongée avec l’Espagne après le soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain, tensions persistantes avec Paris : le bilan est celui d’un isolement croissant. Même les initiatives africaines que l’Algérie prétend conduire sont contournées par le Maroc et la Mauritanie, plus efficaces dans la coopération économique.


Concernant le Sahara, la Policy Note 159 se contente de rappeler la position américaine : le plan d’autonomie marocain reste la seule base réaliste et crédible pour une solution durable. Ce rappel, inséré sans polémique, illustre le décalage entre le discours idéologique d’Alger et la réalité diplomatique vécue à Washington.


En conclusion, la chercheuse estime que l’Algérie est “piégée par son propre modèle” : un système fondé sur la rente, la méfiance et la militarisation, incapable de s’adapter à un monde en mutation. Les États-Unis, note-t-elle, ont intérêt à maintenir un dialogue fonctionnel avec Alger, mais leur véritable partenariat en Afrique du Nord reste celui qui les unit au Maroc, pays stable, ouvert et tourné vers l’avenir.


Derrière le ton mesuré d’un think tank américain, le message est limpide : la “puissance algérienne” n’existe que dans les discours officiels. Sur le terrain, la stagnation, la peur et l’isolement ont remplacé l’influence. Pendant que le Maroc bâtit, l’Algérie s’épuise à se raconter.

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