LALLA MENNANA AL-MASBAHIYA
- 4 juin
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Lalla Mennana al-Masbahiya, sainte patronne de Larache, est la fille d’un saint originaire de la même ville, Sidi Jilali ben Abd Allah al-Masbahi, lui-même issu de Saqiyat al-Hamra. Tous deux appartiennent à la tribu des Oulad Mesbah, connue dès le XVIe siècle pour ses combats contre les Portugais. Ces derniers avaient établi une ligne défensive allant de Tanger à Ceuta, exerçant une forte influence sur la région du Gharb.
Les lieux saints de cette famille sont nombreux, parmi lesquels celui de Hassan ben Isa al-Mesbahi, un cheikh mystique, ascète et moujahid (combattant pour la foi) reconnu. Il fut enterré en 1572 dans la zaouïa de Daadaa, qu’il avait fondée au bord de l’oued Mza, dans la province de Ksar el-Kébir. Son fils Aïssa s’illustra également par ses attaques contre les Portugais, notamment dans la région de Tanger. Il trouva la mort au combat en 1574 à Ramala, avant que son corps ne soit transféré à Souk Larbaâ Gharb, près de celui de son père.
La population de Larache voue une grande vénération à Lalla Mennana, qu’elle considère comme sa sainte patronne, et lui attribue une aide spirituelle offerte aux moujahidins, en leur fournissant soins et nourriture. De cette sainte, on raconte des récits extraordinaires, des prodiges accomplis grâce à la bénédiction de son père. Après la mort de ce dernier, dont le corps fut enterré à Moulay Bousselham en 1172 de l’Hégire (1715), ses deux filles, Mennana et Aïcha, revenaient régulièrement visiter la zaouïa de leur père à Larache.
Lalla Mennana mourut la nuit de ses noces, dans la zaouïa de son père, et fut enterrée à ses côtés, là où il reposait en paix. Sa tombe fut édifiée par les amins des douanes de Larache ainsi que par des notables de la ville.
Parmi les récits populaires, l’un d’eux raconte que lorsque son époux entra dans la chambre nuptiale, il y trouva une colombe blanche qui s’envola aussitôt pour aller se poser exactement à l’endroit où elle fut inhumée.
Le dernier jour du mois de Safar al-Khir, un groupe de maddaha (chanteuses religieuses) et de femmes de la ville se rendait à sa tombe pour accueillir le mois de Rabi’ al-Awal, mois de naissance du prophète Mahomet. Elles y lançaient des youyous à l’apparition de la lune. Les maddaha s’étaient spécialisées dans le hadra (rituel de transe spirituelle) dès les années 1920.
De nos jours, seules deux femmes issues de ce groupe poursuivent encore l’organisation et la préservation de ce rituel ancestral. Le cortège de la pèlerinage, appelé la’mara, part de la maison du chérif al-Masbahi le quatrième jour de l’Aïd al-Mouloud, traversant les rues de la ville. Le cinquième jour, le cortège reçoit offrandes et dons de la part des corporations d’artisans, des commerçants et des marins vêtus de leurs habits traditionnels. Ce soir-là, le chérif Masbahi passe la nuit dans le mausolée, où sont chantés des hymnes religieux.
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