MONCEF BELKHAYAT : “LE MAROC EST EN HYPERCROISSANCE, REJOIGNEZ-LE !”
- 30 oct.
- 6 min de lecture

Maroc-Patriotique a eu le plaisir d'échanger avec Moncef Belkhayat, entrepreneur emblématique et grande figure de l’économie marocaine moderne, suite à la Masterclasse réunissant des dizaines de jeunes MRE, qu'il a animé à Paris dans le cadre du forum MENBITA.
Un échange direct, franc et inspirant avec un homme tout aussi inspirant qui incarne à la fois l’audace entrepreneuriale et le patriotisme économique. Comme à son habitude, Moncef Belkhayat s’est montré franc, ouvert et disponible, partageant sans détour sa vision du retour des talents marocains, des opportunités offertes par le Royaume et de la responsabilité de la diaspora dans la construction du Maroc de demain.
Né en 1970 à Rabat, Moncef Belkhayat est issu d’une grande famille respectée de la capitale administrative du Royaume, où son défunt père, Mhamed Belkhayat, exerçait comme avocat. Dès ses premières années, il baigne dans un environnement où le sérieux, la rigueur et le service du pays sont des valeurs centrales.
Formé à l’ISCAE de Casablanca puis à la Harvard Business School, il fait ses premières armes chez Procter & Gamble dès 1992. De Casablanca à Riyad, il gravit les échelons du marketing et de la gestion commerciale avant de superviser des marchés stratégiques au Moyen-Orient et en Afrique. Cette expérience internationale lui offre une conviction claire : le Maroc a besoin de champions nationaux capables de rivaliser avec les géants mondiaux.
En 2005, il fonde H&S Invest Holding, puis lance le groupe Dislog, qu’il positionne non pas comme un simple distributeur, mais comme un véritable accélérateur de marques. Avec un modèle intégré (importation, stockage, distribution, marketing), Dislog devient en quelques années le partenaire privilégié de multinationales mais aussi de marques locales en quête de développement. Sous sa direction, Dislog a accompagné ou intégré plusieurs marques bien connues des Marocains : Tide, Ace, Fluffy, Samar, Aïcha et Dari entre autres renforçant son rôle d’acteur central de la grande consommation.
Moncef Belkhayat a su se distinguer en tournant résolument le dos à l’informel, un choix stratégique qui lui a permis de séduire des investisseurs institutionnels et d’assurer à Dislog la crédibilité nécessaire pour croître dans un environnement concurrentiel.
Parallèlement à sa carrière d’entrepreneur, il s’illustre sur le terrain politique. Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports entre 2009 et 2011 dans le gouvernement Abbas El Fassi, il occupe également plusieurs fonctions électives à Casablanca-Settat. Mais en 2019, il choisit de se retirer de la politique active pour se consacrer exclusivement à ses projets économiques, créant plusieurs milliers d’emplois à travers le territoire.
En 2025, il publie un ouvrage intitulé Dislog Group – Build & Run Company, où il partage son parcours et les clés de sa réussite. Moncef Belkhayat revendique un engagement total pour l’économie nationale : ambitieux, pragmatique, parfois critiqué pour son franc-parler, il est un stratège patriote, un des piliers d’une génération décidée à bâtir des champions marocains capables de porter haut les couleurs du Royaume.
🎤 Entretien exclusif avec Moncef Belkhayat
Lou, pour Maroc-Patriotique : Bonjour M. Belkhayat et merci de nous accorder cet entretien. Vous revenez tout juste de Paris où vous avez participé au forum MENBITA. Quelle était la motivation principale de votre déplacement et qu’avez-vous retenu de cette rencontre avec la jeunesse marocaine de l’étranger ?
Moncef Belkhayat : Rencontrer de jeunes talents marocains qui aimeraient rentrer au Maroc, les ramener dans le cadre d’une carrière professionnelle et d’une offre intéressante. Et surtout, mobiliser par rapport à un pays en hypercroissance qui a besoin de tous ces talents et de beaucoup d’énergie. C’est une énergie que j’ai trouvée à Paris auprès de tous ces jeunes. Je suis revenu requinqué et optimiste pour mon pays.
Lou pour MP : Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui a rendu cette première édition pertinente ?
Moncef Belkhayat : Tout simplement parce que MENBITA est une association de jeunes Marocains, étudiants ou diplômés en France. Des garçons et des filles brillants qui ont organisé un forum de recrutement ayant réuni quatorze entreprises marocaines : la Banque Centrale Populaire, Maroc Télécom, TGCC, Dislog, etc. C’était une belle rencontre entre les entreprises qui veulent recruter et les jeunes Marocains désireux de rentrer au pays. Nous avons reçu 1 500 jeunes, et ma masterclass a réuni près de 200 participants, malgré la concurrence du Classico Barça-Madrid (match de football se tenait en même-temps)! Voir cette jeunesse passionnée par l’économie marocaine fut un vrai plaisir.
Lou pour MP : Qu’est-ce qu'un MRE peut faire dès cette semaine ?
Moncef Belkhayat : D’abord, réussir ses entretiens pour décrocher un emploi stable dans une entreprise en croissance. C’est une porte d’entrée solide pour rentrer. Les jeunes m’ont aussi interrogé sur l’entrepreneuriat. J’ai conseillé aux plus jeunes de travailler d’abord quatre à cinq ans pour acquérir de l’expérience avant de se lancer. Le Maroc offre aujourd’hui d’immenses opportunités, notamment dans la perspective de la Coupe du Monde 2030 : infrastructures, hôtellerie, santé, services, technologies… autant de secteurs propices aux start-ups, y compris pour la diaspora.
Lou pour MP : Avez-vous eu des résultats concrets ?
Moncef Belkhayat : Oui, chez Dislog, nous avons pré-recruté cinq candidats, et deux projets entrepreneuriaux sont en analyse, dont l’un dans la charcuterie halal pour le Maroc et l’Europe.
Lou pour MP : Les MRE qui n’ont pas pu assister au forum peuvent-ils encore s’impliquer ?
Moncef Belkhayat : Qu’ils contactent l’association MENBITA, qui organise deux forums par an. Je suis aussi joignable sur LinkedIn et X (anciennement Twitter) : j’aide volontiers les jeunes en quête de conseils. Et je vous livre un scoop : nous lancerons en 2026 une plateforme d’incubation pour start-uppeurs marocains, leur offrant accompagnement, bureaux et parfois financement.
Lou pour MP : Concernant Dislog, recherchez-vous plutôt des profils diplômés ou des talents d’exécution ?
Moncef Belkhayat : Nous préparons une introduction en bourse. Pour cela, nous lançons le programme “Jeunes Talents 2030”, destiné à recruter des profils âgés de 25 à 30 ans ayant 2 à 5 ans d’expérience, afin qu’ils puissent rejoindre notre comité de direction en 2030. Comme dans le football, nous avons nos U-20, nos U-23 et notre équipe A : nous préparons la relève.
Lou pour MP : Dans quels secteurs la diaspora peut-elle créer de la valeur rapidement ?
Moncef Belkhayat : Les secteurs explosent et sont en hypercroissance :
l’intelligence artificielle et la productivité ;
les énergies et les solutions ESG ;
la santé, où l’expertise européenne est très recherchée.
J’ai rencontré à Paris des médecins marocains brillants désireux de rentrer au pays : c’est encourageant. Moi-même, j’ai été RME en Arabie saoudite : je sais que le retour au Maroc donne du sens. Le Maroc est en hypercroissance : c’est le moment de rentrer, de construire et de servir.
Lou pour MP : Quand un porteur de projet se présente à vous, qu’observez-vous en premier ?
Moncef Belkhayat : La passion, d’abord : sans passion, aucun projet ne tient. Ensuite, le sens analytique : savoir lire les données, anticiper les risques, gérer le cash. Enfin, la vision long terme : l’entrepreneuriat n’est pas un coup, c’est une construction. Et surtout, il faut être transparent : le succès durable passe par la régularité et la bonne gestion.
Lou pour MP : Quels sont, selon vous, les freins spécifiques aux MRE qui entreprennent au Maroc ?
Moncef Belkhayat : Trois freins : le choc culturel ; l’accès au financement ; et la tendance à l’informel. Il faut changer de mentalité : payer ses impôts, déclarer ses revenus, c’est préparer la croissance. Les investisseurs ne misent que sur la transparence.
Lou pour MP : De combien de talents Dislog a-t-elle besoin ?
Moncef Belkhayat : Cinq à six recrutements par an sur cinq ans, soit 30 talents à l’horizon 2030, pour atteindre un milliard de dollars de chiffre d’affaires.
Lou pour MP : Quel rôle la diaspora joue-t-elle dans le développement du Maroc ?
Moncef Belkhayat : Depuis 1956, la diaspora est fondatrice : ingénieurs, médecins, juristes formés en Europe ont bâti les institutions du Royaume. Mon père, diplômé du Barreau de Paris, fut de ceux-là. Mais je regrette que les Marocains de l’étranger ne puissent toujours pas voter. Je plaide pour qu’ils aient les mêmes droits que tous les Marocains, notamment via le vote électronique.
Lou pour MP : Quel message adressez-vous aux Marocains du pays et de l’étranger ?
Moncef Belkhayat : Le plus beau métier du monde, c’est entreprendre. Mais avant de se lancer, il faut cinq ans d’expérience, de la résilience et de la passion. Le Maroc connaît une croissance réelle de 8 à 9 %, c’est le moment de rentrer, d’investir, et de contribuer. Et si aucun parti ne vous représente ? Créez le vôtre !
Lou pour MP : Merci beaucoup, Moncef Belkhayat pour cet entretien.











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