
Symbole de la femme indépendante, Lalla Messaouda al-Wazkitia est fascinante et est devenue une personnalité politique au Maroc au cours des années 1500. Quelle est donc l’histoire de cette femme à l’origine de dizaines d’édifices scientifiques, bibliothèques et mosquées saadiennes comme celle de Bab-Doukkala à Marrakech ?
Certains biographes la disent "Mère Teresa" ou le "Bouddha Gautama" du Maroc. En tout cas, c’est une femme pieuse, protectrice des arts et des lettres. Passionnée d’architecture, elle avait construit de nombreux fondouks, aujourd'hui disparus. Alors, qui était Lalla Messaouda et quel était son parcours ?
Messaouda al-Wizkitiya (مسعودة الوزكيتية), connue populairement au Maroc sous le nom de Lala Auda (للا عودة) et dans les sources occidentales sous le nom de Lalla Masuda, est une figure politique marocaine de la dynastie Saadienne. Les historiens disent qu’elle a été appelée Lala Auda au Maroc, car ça signifie la "Dame du Retour", car elle voyageait souvent à travers des régions reculées de la campagne apportant auspice et fortune.
Considérée comme une "waliya", ou sainte, notre protagoniste est issue d'une lignée familiale distinguée, car c’est la fille du prince de la qasba de Ouarzazat, Cheikh Abu al-Abaas Ahmed bin Abdellah al-Wizkiti al-Ouarzazi, qui a contribué à établir le contrôle saadi sur la région du Sous - Dra'a. Son père est célèbre parce qu'il a aidé à établir la dynastie Saadi dans la région de Sous-Dra'a et pour avoir résisté à l'expansion ottomane, faisant du Maroc une puissance régionale. Nous n’avons que peu d’informations sur la chronologie de sa vie. Les historiens pensent qu’elle serait décédée vers 1591.
Ainsi, avec le peu de pouvoir qu’a Lalla Messaouda, elle s’assume petit à petit et se range du côté de son peuple. Elle exige d’abord qu’on donne une aide financière aux pauvres et aux sans revenus sous le règne des Saadiens. On peut même dire qu’elle en quelque sorte, une réformatrice sociale, car elle croit en une éducation généralisée pour ses sujets, à l’accès aux soins de santé et au soutien des projets. Mais pas seulement. Notre protagoniste est aussi un symbole de l'autonomisation des femmes qu’elle fournit des conseils aux différents sultans de la dynastie saadienne.
Cependant, Lalla Messaouda ne s’arrête pas ici. Elle s’engage dans de nombreux projets, notamment la création de mosquées et d'écoles coraniques, elle donne son patronage pour améliorer les routes rurales en les reliant aux centres urbains, en donnant accès aux soins de santé, à l'éducation, en construisant des ponts, et en soutenant les pauvres communautés afin que les jeunes puissent reconnaître leur droit à avoir une dot et à se marier. D’une certaine manière, elle est devenue, selon les dits des historiens, l'avocate de son peuple. On se souvient d'elle pour son travail humanitaire, caritatif, politique et de développement. Et c’est aussi la mère des sultans Saadi Ahmad al-Mansur et Abd al-Malik I.
Al-Mansur est particulièrement important pour l'histoire marocaine, car il était considéré comme un "homme extrêmement savant en islam, qui aimait les livres, la calligraphie, les mathématiques et engagé dans des discussions savantes impressionnantes ". Dans un sens, al-Mansur pourrait être considéré comme l'un des premiers pédagogues. Son autre fils quant à lui, était un autre sultan au Maroc et a combattu dans une célèbre bataille contre le Portugal en 1578.
En réalité, si nous savons tous ces détails sur sa vie, c’est parce qu’elle a rédigé plusieurs notes qu’elle a laissées après sa mort. Pour un historien, sa documentation est d'or parce que nous apprenons à quoi ressemblait la vie à son époque de son propre point de vue. Surtout lorsqu’il s’agit d’une femme aussi incroyable que Lalla Messaouda. Une femme qui se souciait de son peuple, mais que les textes d’histoire au Maroc ont peut-être un peu oubliée. Elle pourrait certainement être considérée comme l'un des premiers exemples d'une femme autonome dans la société marocaine et laisse derrière elle un grand héritage intellectuel dont le Maroc se souviendra à tout jamais.
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