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QUI EST OUM EL HASSEN LA FONDATRICE DE BOUSBIR ?

Dans cet article, nous allons vous parler de Oum el Hassen bent Ali dite Moulay Hassen et vous apporter les éléments factuels sur ses origines et son histoire.


Il s’agit de l’histoire de la tenancière d’une maison close de Meknès mais aussi la fondatrice de Bousbir. Elle traîne derrière elle aussi des histoires sombres où elle a tenue le rôle de meurtrière, tortionnaire également inculpée de séquestration.


Résumé de l’affaire et rappel des faits :


Oum el Hassen Bent Ali, plus connue dans le monde de la galanterie sous le nom de « Moulay Hassen » et son domestique Chérif Mohamed ben Ali sont inculpés de meurtre avec préméditation et de séquestration de plusieurs femmes, avec ces circonstances aggravantes que celles-ci ont été soumises durant leur captivité, à des tortures corporelles et ce, pour les obliger à se livrer à la prostitution.


De quelle origine est Oum el Hassen ?


Nous allons commencer par ses origines et debunker le fait qu'elle serait marocaine d'origine. Préparez vos popcorns, les mouches électroniques au service de la DRS vont souffrir en silence.


Sa biographie est intéressante : née à Alger, elle quitte Alger avec un interprète et la voilà au hasard des colonnes à Colomb Béchar, Bou Denib, Aïn Sefra, Saïda jusqu’au moment où elle est prise en charge par un toubib qui l’amène au Maroc, elle fait toutes les étapes à cheval, et la voici à Casablanca, Rabat et Fès.



Une dépêche française du 14 novembre 1938 va appuyer les origines algériennes d'Oum Hassen.







Dans le Courrier du Maroc du 30 septembre 1936, il est dit :


"Meknès, 29 septembre. Le mystère de la femme coupée en morceaux a été rapidement percé grâce à la diligence et à la perspicacité de la sûreté régionale. En effet, cette dernière qui s’était emparée de cette affaire particulièrement grave et qui n’avait pour toute base d’enquête que le cadavre coupé en morceaux, après avoir été préalablement ébouillanté et dont le visage avait été rendu parfaitement méconnaissable parce que les assassins en avaient totalement enlevé la peau, la sûreté donc commença ses investigations dans les milieux spéciaux de la Médina et ces actives recherches devaient être rapidement couronnées de succès : en effet, on disait dans ces milieux, qu’une indigène algérienne nommée Oum el Hassen se livrait à la prostitution clandestine et qu’elle séquestrait chez elle de jeunes mauresques".


Le témoignage à décharge d'amies algériennes :


Lors de son procès des 15 et 16 novembre 1938, plusieurs témoins vont défiler durant l'audience. Et dans les quelques témoins à décharge, on retrouve des algériennes aussi patronne de maisons de tolérances qui sont venus soutenir leur amie et compatriote.


Le troisième témoin : Meryem Ahmed, algérienne, ancienne patronne d’une maison de tolérance, maintenant mariée. Elle déclare que Moulay Hassen a vécu longtemps maritalement avec un officier. » Une fois je suis venue à Fès, il y a 23 ans ; je suis restée une heure chez Moulay Hassen, je ne puis savoir si l’on en disait du bien ou du mal. »


Le quatrième témoin Soulika bent Mohamed, algérienne, patronne de maison close à Moulay Abdallah. « Il y a si longtemps ! 16 ou 17 ans, on en disait du bien »



Pourquoi les patronnes de maisons closes au Maroc sont pour la plupart algériennes ?


Et bien l'explication est simple : Lorsque la France débarque dans la régence d'Alger en 1830, la prostitution y était déjà bien établie (voir ouvrage History of prostitution par William W. Sanger 1858 à la page 181).


Cette prostitution bien établie n'avait rien de comparable avec les réalités marocaines où les maisons closes étaient inexistantes puisque les marocains connaissaient un conservatisme religieux et attachement à un système séculaire.


Le dispositif des BMC déjà présent en Algérie vont apparaître lors de la période de contrôle militaire de l'Algérie (à partir de 1830), après sa conquête par l'armée française pour ensuite apparaître au Maroc avec la conquête coloniale de 1907 à 1934. Un bordel militaire (ou mobile) de campagne (abrégé BMC) est un camion aménagé en lupanar mis à disposition des soldats lors de leur repos, organisé avec l’aide ou non de l’Armée elle-même.


Lorsque les troupes françaises vont débarquer au Maroc, ils vont amener avec eux dans ces BMC, des prostituées algériennes qui seront ensuite à la tête des nouvelles maisons closes dont le fameux Bousbir dirigé par Oum Hassen.


Lors des guerres coloniales, l’usage des BMC était de notoriété publique, notamment en Indochine et en Algérie (« la boîte à bonbons ») pendant qu’en France les bordels étaient interdits par la loi depuis 1946.


Plusieurs ouvrages historiques et articles de presse confirment les origines algériennes d'Oum Hassen :


Montaron publie en 1932 « Ciel de cafard » aux éditions Gallimard, préfacé par Pierre Mac Orlan , où il raconte à la page 72 « sa mélancolique promenade » dans les quartiers réservés et les bagnes militaires d’Afrique du Nord. Il parle de sa rencontre, en compagnie d’un ami, à Meknès, de la fameuse Moulay Yassem (sic), qui aux sombres heures de la révolte de Fès en 1912, a recueilli chez elle « je ne sais plus combien d’officiers français » qu’elle sauva ainsi du massacre. « Nous bûmes le thé devant une petite table incrustée de nacre et d’ivoire et, Moulay Yassem, l’Algérienne, fit revivre pour nous, devant les verres à filet d’or, les tragiques journées . Un jour, où elle se rendait au hammam, un vieux mendiant s’était approché d’elle et lui aurait dit : » Le prophète permet à un croyant de laisser une fois dans sa vie la pitié prendre le pas sur le devoir. Tu m’as plus d’une fois secouru. Je ne voudrais pas voir tes yeux pleurer. Tu as des amis parmi les Français de Fès. Rassemble-les sans tarder. Cette nuit leur vie sera probablement en danger. J’ai dit. » (C’est l’histoire du mendiant aveugle citée par Goudeket, en 1938, dans Paris-Soir, à l’occasion du procès).



Autre ouvrage Souvenirs du Colonel Maire de la Légion étrangère, recueillis par Jean-Pierre Dorian. (Editions Albin Michel 1939), qui m’a amené à vouloir en savoir un peu plus sur la personnalité d'Oum Hassen et ses origines algériennes.


Emission historique où à la 22:16, il est mentionné ses origines algériennes.


Reportage criminel brésilien où Oum Hassen alias Moulay Hassam est décrite comme étant algérienne.


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