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TOUMLILINE, LE PREMIER THINK TANK D’AFRIQUE ÉTAIT MAROCAIN

  • il y a 1 jour
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TOUMLILINE, LE PREMIER THINK TANK D’AFRIQUE ÉTAIT MAROCAIN

À quelques kilomètres d'Azrou, nichée à 1 500 mètres d'altitude dans les montagnes du Moyen Atlas, la chapelle de Toumliline renaît doucement de ses cendres. Perchée au milieu des cèdres et des formations volcaniques, elle incarne une page oubliée du Maroc moderne.


Lieu de prière devenu centre de réflexion, ce monastère bénédictin aujourd’hui désacralisé retrouve une nouvelle vie grâce à l’initiative d’une diplomate marocaine, Lamia Radi, qui entend lui rendre son rôle de carrefour des idées.


Autrefois foyer pour les enfants modestes d’Azrou, Toumliline fut aussi un phare du dialogue entre musulmans, chrétiens et juifs. Dès les années 1950, alors que le Royaume se libérait du joug colonial, les moines français qui y résidaient prirent le parti du peuple marocain, tissant des liens étroits avec les figures de la résistance. Dès l’indépendance en 1956, Toumliline se transforme en un espace unique de débats : les cours internationaux y accueillent penseurs, théologiens, savants et militants de tous horizons.


Loin d’un simple vestige du protectorat, Toumliline fut un catalyseur marocain du dialogue entre civilisations. En 1957, un événement marquant y eut lieu : un cours international sur l’éducation réunit plus de 30 nationalités, avec l’appui du Palais et la présence du Prince héritier Moulay Hassan futur Roi Hassan II, venu y prononcer un discours d’ouverture. Les photos d’époque montrent un Maroc en marche, fier et audacieux, où se mêlaient dans une ambiance fraternelle Mehdi Ben Barka, Louis Massignon et Lalla Aïcha, qui y défendit avec brio l’émancipation des femmes.



Les décennies suivantes n’ont pas réussi à effacer l’empreinte de ce lieu. On y évoque encore aujourd’hui le souvenir de ces rencontres internationales qui abordaient la paix, le développement, la réforme spirituelle et l’harmonie entre les peuples. Certains y voient le premier think tank d’Afrique, bien avant que le terme ne devienne à la mode.


Aujourd’hui, en 2025, alors que le monde est secoué par les crispations identitaires et le repli, la tentative de renaissance de Toumliline prend tout son sens. Dans un contexte où le Maroc s’impose comme un modèle de stabilité, de tolérance et de dialogue en Afrique du Nord, la restauration de ce site emblématique est un acte fort.


Comme le souligne Lamia Radi, « Toumliline n’est pas un monument du passé colonial, mais une partie intégrante de notre patrimoine national. Nous devons réinvestir nos lieux de mémoire pour bâtir du sens et de l’avenir ».


Ainsi, le Maroc, fidèle à son histoire millénaire d’hospitalité et de coexistence, offre au monde un rappel puissant : l’unité n’est pas dans l’uniformité, mais dans le dialogue. Et Toumliline, humble chapelle de l’Atlas, pourrait bien redevenir un phare pour les générations futures.

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