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TRAHISON OU CALCUL ? L’ALGÉRIE VOTE OUI POUR DÉSARMER LA PALESTINE

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TRAHISON OU CALCUL ? L’ALGÉRIE VOTE OUI POUR DÉSARMER LA PALESTINE

Le vote surprenant de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU, en faveur d’une résolution américaine portant sur Gaza, a jeté un trouble profond parmi les observateurs et révélé l’un des paradoxes les plus flagrants de la diplomatie algérienne. Alors que les autorités d’Alger s’affichent depuis des décennies comme les gardiennes autoproclamées de la cause palestinienne, leur positionnement réel ne cesse de s’éloigner des discours martelés dans les médias officiels. Le scrutin onusien de ce lundi en est l’illustration la plus éloquente.


Texte complet de la résolution 2803 en français.


Treize membres du Conseil de sécurité ont approuvé une résolution introduite par Washington, une résolution qui entérine le plan de Donald Trump pour Gaza et confie à une force internationale la stabilisation du territoire palestinien. Une force chargée de contrôler les frontières, de superviser la démilitarisation, de protéger les populations et même de préparer le déploiement d’une nouvelle force de police palestinienne. La Chine et la Russie pourtant alliées affichées d’Alger se sont abstenues. Le Hamas, lui, a dénoncé un « mécanisme de tutelle étrangère », refusant catégoriquement le texte et l’esprit du plan américain. Et dans ce paysage diplomatique contrasté, l’Algérie… a voté oui.



Un vote qui a surpris, déçu, interrogé, tant il contredit l’image que le régime algérien tente inlassablement de projeter : celle d’un défenseur intransigeant de la Palestine. Mais derrière les slogans, se cachent souvent des calculs. Et lundi soir, le calcul a pris le pas sur la conviction.


Les explications maladroites du représentant algérien à l’ONU, Amar Bendjama, n’ont guère dissipé les interrogations. En appelant à « lire l’annexe du texte », il reconnaissait implicitement que la clé se trouvait justement là où le Hamas voit une tentative de reconfigurer Gaza sous supervision internationale. Cette annexe, qui reprend l’architecture du plan Trump, mentionne d’ailleurs explicitement le rôle d’un « Comité de la paix » présidé… par Donald Trump lui-même jusqu’en 2027. Un dispositif loin du narratif triomphaliste relayé par Alger.



Pourquoi alors ce vote ? Plusieurs diplomates et experts y voient moins un geste envers la Palestine qu’un geste envers Washington. Depuis plusieurs mois, l’Algérie cherche un alignement opportuniste avec les États-Unis, espérant rééquilibrer ses positions régionales et renforcer sa posture dans le dossier du Sahara marocain, où Rabat bénéficie d’un soutien américain clair. Le timing ne trompe pas : c’est précisément au moment où les géants américains des hydrocarbures finalisent leur implantation en Algérie que cette soudaine docilité diplomatique apparaît. C’est aussi au moment où les émissaires américains évoquent publiquement la possibilité d’une normalisation entre Rabat et Alger hypothèse systématiquement rejetée par Alger que le régime multiplie les signaux conciliants vers Washington.


Cette inflexion ne date pas de cette semaine. Déjà en mars, lors du sommet arabe du Caire consacré au plan Trump, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait évité toute confrontation directe avec les États-Unis en refusant de se rendre au sommet, préférant y dépêcher son ministre des Affaires étrangères. Un geste passé inaperçu à l’époque, mais qui prenait déjà tout son sens dans cette dynamique de repositionnement.



Le résultat est limpide : l’Algérie a voté en faveur d’une résolution rejetée à la fois par le Hamas, par les principaux soutiens du camp palestinien et par ses propres partenaires stratégiques habituels au sein du Conseil de sécurité. Un vote en dissonance avec son discours, mais en parfaite cohérence avec une volonté grandissante de se rapprocher de Washington dans l’espoir de peser davantage dans la politique régionale et d’exister face au Maroc.


Pour les peuples qui observent sincèrement ce conflit et ses drames, il ne reste qu’un constat : lorsqu’il s’agit de Gaza, certains pays crient très fort dans les tribunes, mais votent très différemment lorsque les enjeux deviennent concrets. Le vote algérien de ce lundi 17 novembre 2025 restera comme un moment révélateur, un instant où les proclamations se sont heurtées à la réalité. Une réalité où les intérêts stratégiques l’ont emporté sur les principes affichés.


Et pour comprendre pleinement la portée de ce vote, il suffit de revenir à ce qui s’est passé quelques jours plus tôt, le 31 octobre 2025 au Conseil de Sécurité. C’est là que le contraste devient impossible à cacher, et que l’hypocrisie algérienne apparaît dans toute sa clarté. Au Conseil de sécurité, l’Algérie a fui la salle lors du vote de la résolution 2797 sur la MINURSO, parce qu’il mentionne plan d’autonomie marocain comme base de négociation. Mais quelques jours plus tard, elle valide sans hésiter une résolution qui :

  • place Gaza sous supervision internationale,

  • impose une force armée étrangère,

  • démilitarise totalement le territoire,

  • enterre définitivement le Hamas.


Fuir un vote sur le Sahara et approuver un "protectorat" international sur Gaza. C’est ça, la cohérence algérienne, un boycott théâtral quand il s’agit du Maroc et un acquiescement silencieux quand il s’agit de Washington. Deux salles, deux ambiances. Un seul fil conducteur : l’hypocrisie.



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