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CHEMS-EDDINE HAFIZ, BRAS PROLONGÉ DU RÉGIME ALGÉRIEN

  • il y a 6 jours
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CHEMS-EDDINE HAFIZ, BRAS PROLONGÉ DU RÉGIME ALGÉRIEN

Officiellement recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz se présente comme un serviteur du culte musulman en France. Mais derrière cette fonction prestigieuse se cache un profil politique au service du régime algérien, bien loin de la neutralité et de la mission spirituelle que requiert un tel poste.


Pour les Marocains, le nom de Chems-Eddine Hafiz évoque un épisode précis : en février 2013, cet avocat d’affaires franco-algérien avait été choisi par le Polisario pour déposer un recours contre l’Accord agricole entre Rabat et Bruxelles devant la Cour européenne de justice. Un acte qui, déjà, plaçait clairement Hafiz dans le camp des adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc.


La Grande Mosquée de Paris devenue un véritable outil d’influence politique algérienne sur le dossier du Sahara va le 26 novembre 2024, publier un communiqué rendant hommage à Maître Gilles Devers, avocat français connu pour avoir été un ardent défenseur du Polisario dans plusieurs procédures internationales. Le texte saluait « un ami et un conseil de la Grande Mosquée » et soulignait son engagement pour « les causes qu’il avait fait siennes », mentionnant la cause palestinienne… mais omettant sciemment son rôle actif dans la défense judiciaire du séparatisme soutenu par l’Algérie.


Ce geste, présenté comme un hommage, s’inscrit en réalité dans une continuité politique : la Mosquée devient un relais de communication du régime algérien, validant publiquement ceux qui œuvrent contre l’intégrité territoriale du Maroc. Dans ses locaux, des rencontres, discours et orientations servent non seulement à organiser la communauté algérienne en France mais aussi à légitimer les positions d’Alger sur le Sahara.


Ainsi, sous couvert de religion, l’institution cultuelle la plus visible de l’islam en France s’est muée en vecteur d’influence diplomatique, brouillant dangereusement la frontière entre le culte et la manœuvre politique étrangère.



Censé représenter l’ensemble du culte musulman, Hafiz agit en réalité comme un relais politique du régime algérien. Sur Canal Algérie, il a lui-même reconnu avoir reçu des instructions directes du président Abdelmadjid Tebboune et avoir organisé, dans les locaux de la mosquée, des rassemblements destinés à la communauté algérienne.



Lors des dernières élections françaises, celui qui est présenté par certains médias comme « le véritable ambassadeur d’Alger à Paris » a reçu, selon ses propres propos, les consignes du président Tebboune pour inciter les musulmans à faire barrage au Rassemblement National.



En janvier, la Grande Mosquée a été accusée d’avoir mis en place, avec l’appui des autorités algériennes, un système monopolistique lucratif de certification halal pour les produits européens destinés à l’Algérie. L’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, est allé jusqu’à lui rappeler sur CNews qu’il devait « s’occuper de religion et non de politique ».


Les propos relayés par plusieurs médias algériens sur un prétendu « islam plus modéré » si la Mosquée de Paris était « marocanisée » relèvent de l’hypocrisie quand on observe certaines pratiques dans ce lieu. Dans ses locaux, on trouve ainsi des prestations d’épilation, y compris du maillot, et des soirées festives telles que la Fête de la Musique, concerts et animations comprises, les 21 juin 2024 et 2025. Une conception pour le moins discutable d’un lieu censé être dédié à la prière et à la spiritualité.


La Grande Mosquée de Paris, censée être un haut lieu de culte et de spiritualité musulmane, abrite dans son enceinte un espace où l’on peut fumer la chicha. Or, cette pratique, loin d’être anodine, est déconseillée dans l’islam, qui prône la préservation de la santé et la décence des lieux de prière. Comment justifier que, sous le couvert d’« hospitalité orientale », on transforme une institution religieuse en lieu de consommation récréative ? Une telle dérive interroge sur les priorités réelles des responsables qui administrent cette mosquée, et sur la vision qu’ils entendent projeter de la religion musulmane en France.


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Encore plus délirant pour des algériens craignant une marocanisation de la mosquée et un islam plus modéré, il y a aussi l'annonce de la fermeture de la porte principale de la mosquée pour la prière de Dhuhr pour laisser passer la flamme olympique en date du 14 juillet 2024, fermant ses portes entre 12h et 17h. Cette décision a provoqué un tollé chez les fidèles, indignés de voir la spiritualité sacrifiée pour un symbole profane.



Plus grave encore, la Mosquée sert régulièrement de cadre à des événements mondains ou politiques. Le 15 avril 2023, en plein Ramadan, elle accueillait un dîner mondain exclusivement réservé à des personnalités franco-algériennes, sous couvert de « coopération culturelle et touristique » entre l’Algérie et la France. En 2022, c’est une rupture du jeûne à connotation électorale qui y fut organisée, avec un soutien explicite à Emmanuel Macron au second tour.


Et pour faire toujours pire, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a affirmé publiquement que « le voile ne devrait pas exister en France ». Une position pour le moins déroutante de la part d’un responsable religieux censé représenter et défendre le culte musulman dans toute sa diversité. Comment peut-on, tout en portant la charge symbolique d’un tel poste, souhaiter la disparition d’un signe vestimentaire que des millions de musulmanes considèrent comme une prescription religieuse et un choix identitaire ? Même en ajoutant qu’il ne faut pas stigmatiser celles qui le portent, le message envoyé reste celui d’une négation d’une pratique fondamentale. Dans un climat où certains craignent que la Grande Mosquée se « marocanise » et devienne « trop modérée », une telle prise de position interroge : reflète-t-elle encore la voix des croyants ou bien celle d’un islam institutionnalisé, aligné sur une vision politique de la laïcité ?



Les autorités et médias algériens feignent d’ignorer l’histoire véritable de la Grande Mosquée de Paris. Ce haut lieu de l’islam en France porte en réalité l’empreinte marocaine depuis sa conception. Le projet figure dès 1767 dans un traité entre le Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah et le roi Louis XV. La construction et l’ornement intérieur ont été financés par une souscription auprès des citoyens marocains, et ses premiers imams et muezzins étaient tous marocains.


Inaugurée le 15 juillet 1926 par le Sultan Moulay Youssef et le président français Gaston Doumergue, la Mosquée fut dirigée par des personnalités marocaines comme Si Kaddour Ben Ghabrit et Ahmed Ben Ghabrit jusqu’en 1956. Ce n’est qu’à partir de 1957, avec l’appui des autorités françaises, que l’Algérie commença à en prendre le contrôle, évinçant progressivement la marque religieuse du Maroc.


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En novembre 2023, la Grande Mosquée de Paris, dirigée par Chems-Eddine Hafiz, a refusé de participer à la marche nationale contre l’antisémitisme. Une position qui interroge d’autant plus lorsqu’on se rappelle qu’au cœur de l’occupation, la même institution, alors fortement marquée par une présence marocaine, s’était illustrée par un acte de solidarité historique envers les Juifs : sous l’impulsion de Si Kaddour Benghabrit (formé à l’Université Al-Qarawiyyine de Fès) en fournissant refuge et faux certificats de confession musulmane, sauvant ainsi plusieurs centaines, voire plus d’un millier de vies. Ce contraste entre le courage humaniste d’hier des responsables marocains et la réserve affichée aujourd’hui des responsables algériens face à une mobilisation contre l’antisémitisme ne peut qu’interpeller.





Aujourd’hui, selon plusieurs sources, des informations précises seraient réunies en vue de l’audition de Chems-Eddine Hafiz par la justice française, avec la possibilité d’une expulsion ou d’une arrestation. Les accusations portent sur des activités d’espionnage au profit d’un État étranger et sur une influence politique qui dépasse largement le cadre religieux.



D’après divers médias français, le recteur de la Grande Mosquée de Paris jouerait un rôle actif dans la promotion des agendas politiques algériens, s’appuyant sur un large réseau dans les milieux religieux, médiatiques et politiques.


La question est désormais posée : la France mettra-t-elle un terme à cette emprise du régime militaire algérien sur la plus grande institution musulmane de l’Hexagone ?


Artisans marocains de la Grande Mosquée de Paris.


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