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COUPES, CONTRATS ET CORRUPTION, L’EMPRISE QATARIE SUR LE FOOTBALL

  • 23 sept.
  • 4 min de lecture
COUPES, CONTRATS ET CORRUPTION, L’EMPRISE QATARIE SUR LE FOOTBALL

Le football, passion universelle, est devenu en l’espace de quelques décennies un terrain d’influence, de pouvoir et d’argent. Depuis l’attribution du Mondial 2022 au Qatar jusqu’au Ballon d’Or 2025 sponsorisé par Qatar Airways et remis à Ousmane Dembélé, l’histoire est jalonnée de révélations, de manœuvres et de campagnes de communication qui laissent planer un doute immense : le mérite sportif existe-t-il encore face à l’argent du gaz et aux stratégies d’influence d’un petit État qui a su acheter son entrée au cœur du football mondial ?



Tout commence le 2 décembre 2010. Ce jour-là, au siège de la FIFA à Zurich, Sepp Blatter annonce que le Qatar sera l’hôte de la Coupe du Monde 2022. La planète football reste abasourdie. Comment ce petit État désertique, sans culture footballistique, avec des températures insoutenables l’été, des infrastructures quasi inexistantes et un réseau routier limité, a-t-il pu devancer les États-Unis, l’Australie, la Corée du Sud et le Japon ?



Les experts de la FIFA eux-mêmes avaient qualifié le dossier qatarien d’« organisation à très hauts risques ». Mais la politique et l’argent ont pesé plus lourd que la logique sportive.


Quelques jours auparavant, le fameux déjeuner de l’Élysée avait réuni Nicolas Sarkozy, Michel Platini et de hauts dignitaires qataris. Platini, qui avait qualifié la candidature qatarienne de « loufoque », en ressort convaincu de voter pour l’émirat. En contrepartie, le Qatar rachète le PSG en 2011, lance BeIn Sports en 2012, investit des milliards en France et signe de lucratifs contrats militaires (notamment l’achat de 24 Rafale pour plus de 6 milliards d’euros).



Ce « deal global » illustre parfaitement le mélange des genres entre football, diplomatie et intérêts financiers.


Dès son entrée dans le football, le Qatar se lance dans une stratégie d’influence planétaire. Le PSG devient la vitrine sportive de Doha. BeIn Sports explose le marché des droits TV et s’installe comme acteur incontournable. Qatar Airways, Qatar Foundation et d’autres entreprises qataries sponsorisent massivement compétitions et clubs européens.



Nasser Al-Khelaïfi, patron du PSG et de BeIn, incarne cette puissance. Membre influent de l’UEFA et proche de Gianni Infantino, il est l’homme par qui Doha parle au monde du football. Mais son nom apparaît aussi dans de nombreuses affaires judiciaires : mises en examen en France, soupçons de corruption dans l’attribution des Mondiaux d’athlétisme, accusations d’ingérence dans le dossier Lagardère, sans oublier les plaintes pour enlèvement et séquestration.


Le Qatar a compris une chose : le football est le plus puissant outil de soft power de la planète. En s’achetant des clubs, des compétitions et des sponsors, il s’achète aussi une respectabilité internationale.


Vingt ans après l’éclatement du scandale du Mondial 2022, l’histoire semble se répéter. Le 22 septembre 2025, au Théâtre du Châtelet à Paris, Ousmane Dembélé, joueur du PSG, est couronné Ballon d’Or. La cérémonie est sponsorisée par Qatar Airways, déjà partenaire de l’UEFA et sponsor maillot du PSG.



Dans ce décor, difficile de croire au hasard. Tout est parfaitement aligné : le sponsor, le club, le joueur. La récompense, censée être une consécration sportive, devient une opération de communication.


Quelques jours avant la cérémonie, une révélation met le feu aux poudres. Neal Gardner, journaliste australien, publie sur son compte X une capture d’écran d’un email reçu d’une agence de communication. L’objet de cet email ? Lui proposer, contre rémunération, de publier trois tweets par semaine pendant un mois… en faveur de la candidature d’Ousmane Dembélé au Ballon d’Or.


Le but affiché : « renforcer le discours autour de sa reconnaissance ».


L’agence incriminée, Bangrr International (basée en Inde), a reconnu les faits, tout en se défendant maladroitement en parlant d’une « initiative isolée »… d’une stagiaire passionnée de football. Une justification lunaire qui n’a convaincu personne et qui vient confirmer les soupçons de manipulation.



L’affaire illustre une réalité : des campagnes de communication, financées par des acteurs dont les liens avec le Qatar sont évidents, visent à orienter les votes et à imposer des narratifs.


Dans cette mise en scène, Achraf Hakimi est le grand perdant. Défenseur de classe mondiale, pilier du PSG et de la sélection marocaine, il réalise une saison exceptionnelle. Il devient même le joueur marocain le mieux classé de l’histoire du Ballon d’Or, avec une 4e place historique.


COUPES, CONTRATS ET CORRUPTION, L’EMPRISE QATARIE SUR LE FOOTBALL PSG SCANDALE

Mais son mérite est occulté. Victime d’affaires extra-sportives médiatisées, il est relégué derrière la machine de communication construite autour d’Ousmane Dembélé. Le Ballon d’Or, censé récompenser le meilleur joueur du monde, se transforme en trophée politique et marketing.


De l’attribution du Mondial 2022 à la cérémonie du Ballon d’Or 2025, un fil rouge se dessine : argent, lobbying, manipulations et soft power. Le Qatar a compris que le football n’est pas seulement un sport, mais une arme diplomatique et une scène médiatique mondiale.


Mais à force de manipulations, ce système a détruit la crédibilité des institutions du football. Les supporters doutent, les journalistes s’interrogent, et les joueurs, comme Hakimi, en paient le prix.


L’histoire retiendra que le mérite sportif a été sacrifié sur l’autel des intérêts politiques et financiers. Et que le football, plus qu’un jeu, est devenu un théâtre où les coulisses dictent le résultat final.



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