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ENDOGAMIE AU MAROC, UN ACTE PATRIOTIQUE
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ENDOGAMIE AU MAROC, UN ACTE PATRIOTIQUE

  • 11 oct.
  • 4 min de lecture
ENDOGAMIE AU MAROC, UN ACTE PATRIOTIQUE

Dans un monde qui uniformise les cultures, l’endogamie au Maroc n’est pas un repli identitaire, c’est un choix de cohésion. Se marier entre Marocains, c’est transmettre les langues, la foi, les codes sociaux et les traditions sans rupture, et ancrer les enfants, issus de ces mariages, dans une identité affirmée. Feu SM le Roi Hassan II (Allahi ra7mo) rappelait, dans une interview, que parmi cent mariages mixtes, peu réussissent. Bien que nous n'ayons pas de chiffres exacts à l’échelle nationale, les données disponibles à l’étranger confirment une tendance générale : les unions endogames résistent davantage aux aléas conjugaux, en particulier lorsqu’il s’agit de maintenir une continuité culturelle et religieuse. Une étude de l’INSEE montre que parmi les couples immigrés vivant en France, ceux issus d’une même origine ont une longévité conjugale plus élevée. D'autres recherches, comme celles de Beate Collet (Université Paris Descartes), rappellent que plus l’écart culturel entre conjoints est grand, plus les ajustements sont complexes, tant dans le quotidien que dans la transmission éducative.


À cela s’ajoute un facteur rarement pris en compte dans les discussions sur les mariages mixtes , à savoir la géopolitique. Dans les cas où deux nations entretiennent des relations hostiles ou conflictuelles comme c’est le cas entre le Maroc et l’Algérie, la stabilité conjugale peut être affectée par des tensions structurelles qui dépassent le cadre privé. Au sein des diasporas d'Afrique du Nord en Europe, plusieurs témoignages et études qualitatives évoquent des cas où les récits nationaux contradictoires, les visions divergentes de l’Histoire ou les positions antagonistes sur des sujets sensibles (comme la question du Sahara marocain) compliquent la construction d’un récit familial unifié. Il ne s’agit pas de généraliser, ni d’essentialiser mais de reconnaître que, dans un climat tendu entre deux États, la mixité matrimoniale peut dans de trop nombreux cas, exposer les enfants à des conflits de loyauté, des ambiguïtés identitaires ou des dissonances éducatives majeures. Et lorsque l’un des deux parents nie la légitimité ou l’identité nationale de l’autre, ces frictions deviennent destructrices.


C’est dans ce contexte qu’il convient également de déconstruire un autre raccourci très répandu : celui selon lequel, en Islam, seule la filiation paternelle compte. Cette idée, martelée par certains milieux conservateurs, est aussi inexacte sur le plan religieux qu’injuste sur le plan humain car l’Islam distingue clairement entre filiation biologique, filiation religieuse (nasab) et statut civil. Le Coran (traduction dans le sens) affirme : « Appelez-les du nom de leurs pères, c’est plus équitable aux yeux d’Allah » (Sourate Al-Ahzâb, verset 5). Ce verset traite de l’honnêteté dans l’affiliation, non de l’effacement de la mère. Le Prophète Muhammad ﷺ a également dit : « L’enfant appartient au lit (du mari) » (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim), ce qui signifie que la reconnaissance légale dans le cadre du mariage prévaut, et non une quelconque réduction génétique de la maternité.


Et malheureusement cette confusion alimente aussi un déséquilibre dans les jugements portés sur les unions mixtes. Certains considèrent qu’un homme marocain peut légitimement épouser une étrangère, puisque l’enfant sera de toute manière marocain par filiation paternelle, tandis qu’une femme marocaine qui fait le même choix serait en rupture avec ses devoirs identitaires. Cette lecture sélective ne repose ni sur les fondements religieux, ni sur le droit marocain. Depuis la réforme du Code de la nationalité en 2007 (loi n° 62-06), la mère marocaine transmet sa nationalité à son enfant dans les mêmes conditions que le père. La marocanité ne se transmet pas uniquement par les hommes et donc la responsabilité du choix conjugal et des conséquences culturelles, sociales ou symboliques qui en découlent incombe à parts égales aux deux parents. Il ne s’agit pas d’accuser, ni de blâmer, mais de constater que l’équilibre des devoirs est désormais posé sur des bases juridiques claires. Toute réflexion sur l’endogamie doit donc dépasser les perceptions genrées et reposer sur une éthique commune de la responsabilité familiale, culturelle, nationale et même patriote.


L’endogamie capitalise sur des références partagées, des familles alignées et une éducation cohérente. Le contexte géopolitique rend ce choix stratégique. Alors que notre patrimoine est contesté et souvent convoité par le voisin de l'est, l’endogamie renforce le “nous” national, elle multiplie les alliances familiales internes, consolide l’attachement au pays et stabilise le tissu social. C’est un levier silencieux de souveraineté. Il ne s’agit pas de condamner le métissage en soi mais de constater qu’avec des écarts marqués de culture, de religion et de normes sociales (notamment dans des unions avec des conjoints issus d’espaces très éloignés du nôtre), la stabilité conjugale et la transmission culturelle deviennent plus incertaines. Et lorsque l’un des conjoints vient d’un pays qui nourrit un discours anti-marocain ou nie l’intégrité territoriale du Royaume, cette incertitude se transforme parfois en fracture. L’enfant, alors, ne reçoit pas une double richesse culturelle, mais deux récits opposés, deux loyautés contradictoires, et parfois l’effacement pur et simple de sa marocanité par un parent ou une belle-famille hostile.


L’endogamie réduit ces frictions, protège la continuité éducative et garde les ressources matérielles et symboliques au sein de la nation. Le Maroc est déjà divers en son sein (arabe, amazigh, sahraoui, andalou) et préserver cette pluralité interne exige un cadre commun solide. L’endogamie y contribue sans fermer la porte aux échanges, aux études, aux affaires ni au dialogue avec le monde. Aujourd’hui, choisir l’endogamie, c’est affirmer une fidélité active, protéger notre identité, nos rites, notre mémoire et notre avenir. C’est un acte de stabilité et plus que jamais, un acte patriotique !

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