LA JUSTICE SOCIALE COMMENCE PAR LA JUSTICE FISCALE
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Durant les dernières semaines, certaines voix s’élèvent à nouveau, invoquant la colère, l’injustice et l’abandon. Mais avant de juger l’État, encore faut-il comprendre d’où vient le déséquilibre : de notre rapport collectif à l’impôt.
Le Maroc dispose d’un système fiscal structuré et progressif, pilier de la solidarité nationale. L’Impôt sur le Revenu (IR) concerne les personnes physiques, salariés, indépendants, professions libérales ou agriculteurs non exonérés selon un barème allant de 0 % à 38 %, avec exonérations pour les bas revenus et déductions familiales. En 2022, il représentait 16 % des recettes fiscales, finançant directement la santé, l’éducation et la protection sociale.
La TVA, premier contributeur du Trésor (près de 30 % des recettes), touche tout le monde. Chaque citoyen, même non déclaré, y participe à travers ses achats quotidiens. C’est l’impôt de l’équité : chacun contribue à la mesure de sa consommation.
Les entreprises, quant à elles, versent l’Impôt sur les Sociétés (IS), de 10 % à 35 % selon leurs bénéfices. La réforme engagée harmonisera les taux d’ici 2026 à 20 % pour la majorité, 35 % pour les plus grandes. S’ajoutent la taxe professionnelle, les cotisations sociales à la CNSS et les retenues à la source. Même les entreprises à faibles bénéfices paient une cotisation minimale, symbole de leur participation à l’effort national.
Et pourtant, la moitié de l’économie échappe encore à ce civisme collectif. Le Haut-Commissariat au Plan estime à 2 millions le nombre d’unités informelles, générant plus de 500 milliards de dirhams et représentant près de 30 % du PIB. Un Maroc parallèle qui vit du formel sans y contribuer. Le manque à gagner dépasse 30 milliards de dirhams par an. Autrement dit, ceux qui respectent la loi portent le poids de ceux qui la contournent.
Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Royaume réforme pourtant son modèle social et fiscal en profondeur :
– généralisation de la couverture médicale obligatoire ;
– intégration des travailleurs indépendants à la CNSS ;
– digitalisation de la Direction Générale des Impôts ;
– lutte renforcée contre la corruption et l’informel.
La récente décision du ministre de la Santé, Amine Tahraoui, de suspendre temporairement les subventions aux cliniques privées illustre ce choix : réorienter les ressources publiques vers l’hôpital d’État, garantir la justice sociale et rappeler que la solidarité ne peut reposer que sur l’effort commun.
Le problème, toutefois, ne se limite pas à l’informel. Il existe aussi un impôt moral que beaucoup refusent de payer : celui de la probité. La corruption, sous toutes ses formes, détournements, abus de fonction, surfacturations, détruit la confiance au même titre que la fraude fiscale. Les corrompus ne sont pas seulement immoraux : ils trahissent la patrie.
Avoir des revendications est légitime. Mais exiger davantage de services publics tout en refusant d’en partager le coût relève d’une incohérence dangereuse. Le Maroc ne manque pas de fiscalité, il manque parfois de civisme. Ceux qui ont manifesté récemment ne portaient pas tous la même sincérité : certains exprimaient des frustrations réelles, d’autres suivaient des mouvements téléguidés, nourris par les réseaux sociaux et les ennemis du Royaume, bien décidés à transformer la colère en chaos.
Le Maroc avance, réforme, modernise. Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il construit un modèle fondé sur la transparence, l’équité et la responsabilité partagée. La plus grande injustice n’est pas celle que l’on subit, mais celle que l’on inflige à son pays en profitant de lui sans y contribuer. La solidarité nationale n’est pas un slogan, c’est un contrat moral et patriotique. Et au Maroc, nous honorons nos contrats.











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