Si la dynastie idrisside a eu un rôle religieux déterminant dans la conversion à l’Islam de nombreuses tribus amazighes païennes ainsi que la diffusion de la tradition chérifienne, cela revient, entre autres, au courage d’une femme érudite : Kenza Awrabiya surnommée Kenza al Mardhia. Son rôle dans l’histoire du Maroc est presque totalement ignoré de tous. Mais bien qu’elle ait joué un rôle fondamental dans l’histoire du Royaume, il n’y a que peu d’informations collectées par les historiens à son sujet. Mais une chose est sûre, Kenza était la fille du chef des tribus amazighes Awaraba, lieu où cette dernière est née.
Ainsi, le fondateur de la Nation marocaine, Idriss Ier, constitua un État indépendant des deux grands pôles du monde musulman qu’étaient alors Bagdad et Cordoue. Il épousa la fille du chef des Awraba, mais son règne n’a pas duré longtemps. C’est plutôt celui de son fils, ayant pris le pouvoir à l’âge de 11 ans, qui connut une réelle réussite.
En réalité, la personne qui détenait vraiment les arcanes du pouvoir était bel et bien sa mère, Kenza. Elle assura la continuité de la dynastie après la mort de son mari en protégeant son fils Idris II menacé par le Calife Abbasside. Et c’est elle qui, grâce à son intelligence, à sa ruse et à ses capacités de négociation, a réussi véritablement à unir les tribus amazighes autour de Fès.
C’était une femme amazighe qui, en se fondant sur la légitimité patriarcale des hommes et en manipulant son fils, elle gérait les affaires politiques, administratives et militaires de ce nouvel État musulman. Et lorsque son fils mourut, en 828 ou 829, c’est toujours elle qui a postulé le partage du règne entre ses dix petits-fils, et par conséquent, elle l’a affaibli par les tiraillements de ces nombreux successeurs, jusqu’eu 920 où la capitale de Fès tomba aux mains des tribus des Miknasa et Kétama.
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