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L'ESSOR STRATÉGIQUE DE L'INDUSTRIE DE DÉFENSE MAROCAINE


Après des décennies de projets sporadiques, le Maroc s’est engagé ces dernières années dans une véritable transformation de son industrie de défense. Portée par une vision royale claire et ambitieuse, cette dynamique repose sur une politique de partenariats internationaux et sur l’intégration des technologies de pointe directement sur son territoire.


Des avancées stratégiques dans l’aéronautique et l’armement terrestre


Le 29 janvier 2025 marque une étape clé avec l’annonce de la création d’Atlas Defense, une joint-venture entre le Maroc et le géant turc Baykar, connu pour ses drones Bayraktar TB2 et Akıncı. Ce projet ambitieux vise la conception, la fabrication et la maintenance de drones militaires, renforçant ainsi les capacités technologiques du Royaume en matière de surveillance et de reconnaissance. En parallèle, des équipements électroniques et optiques seront produits localement, consolidant l’expertise marocaine dans ce domaine. Ces dernières années, le Maroc a par ailleurs acquis dix-huit drones Bayraktar TB2 et pourrait aussi recevoir très prochainement le modèle de dernière génération Akinci, deux types d'engins utilisés dans les régions du sud marocain pour cibler les vermines du Front Polisario.




Quelques mois auparavant, le 27 septembre 2024, un autre partenariat stratégique voyait le jour avec Tata Advanced Systems Limited (TASL), filiale du conglomérat indien Tata Group. L’objectif : la production sur le sol marocain du véhicule blindé WhAP 8x8, avec une intégration locale progressive atteignant 50 %. Ces initiatives illustrent la volonté du Royaume d’asseoir une base industrielle autonome et performante pour son secteur de la défense.




Dans le cadre de leur politique de diversification des fournisseurs d’armements, les Forces armées royales (FAR) ont également opté pour le drone de combat TB-001, conçu par le groupe chinois Sichuan Tengden. Cette acquisition s’inscrit dans une série d’accords conclus entre le Maroc et la Chine ces dernières années, visant à renforcer la supériorité technologique de l’armée marocaine à travers l’acquisition d’équipements et d’armements de pointe. Un drone aux performances remarquables Le TB-001K, connu sous le nom de « Scorpion à double queue », se distingue par sa capacité à transporter jusqu’à 1,5 tonne de munitions et par son autonomie exceptionnelle, pouvant atteindre 8.000 kilomètres avec une endurance de vol de 40 heures en continu. Il est également capable d’opérer à une altitude maximale de 10.000 mètres, lui conférant un rôle stratégique dans les missions de reconnaissance et d’attaque.




Une vision industrielle intégrée


Loin d’être isolées, ces avancées s’inscrivent dans une stratégie globale de développement industriel amorcée depuis plusieurs décennies. Dès les premières années de son indépendance, le Maroc s’était lancé dans la production d’armement, notamment à travers un partenariat avec l’italien Beretta pour la fabrication de fusils et de munitions. Cependant, c’est sous le règne de SM le Roi Mohammed VI que cette ambition s’est concrétisée à grande échelle. En misant sur une diversification sectorielle, le Maroc a structuré un écosystème industriel performant englobant l’automobile, l’aéronautique et désormais la défense.


En juin 2024, cette dynamique s’est accélérée avec le lancement de deux zones d’accélération industrielle dédiées à la défense, confirmant la volonté du pays de structurer son secteur à long terme. La signature d’un mémorandum d’entente avec le constructeur brésilien Embraer en novembre 2024 témoigne également de l’attractivité du Maroc pour les géants du secteur. Ce partenariat porte sur plusieurs axes, incluant l’aviation commerciale, la mobilité aérienne urbaine et la défense.*




L’élan de réarmement engagé par le Maroc continue, avec des contrats importants, comme celui engagé avec l’israélien Elbit Systems, qui dame le pion au français KNDS. Le fabricant d’armes israélien Elbit Systems est devenu l’un des principaux fournisseurs du Maroc après la signature d’un contrat pour l’acquisition de 36 systèmes d’artillerie automoteurs Atmos 2000. Selon le Sipri, un institut de recherche suédois spécialisé dans les ventes d’armes à travers le monde, Israël est devenu le troisième exportateur de matériel militaire au Maroc, fournissant plus de 10% de son armement.


Un modèle de coopération internationale


Le Maroc a choisi d’adopter une stratégie de diversification de ses partenaires pour éviter toute dépendance excessive à un fournisseur unique. En collaborant avec la Turquie, l’Inde, Israël ou encore la France, le Royaume bénéficie d’un transfert de technologies avancées et renforce son autonomie industrielle. Ce choix contraste avec la stratégie de certains voisins qui, en privilégiant une source unique d’armement, s’exposent à des contraintes stratégiques et diplomatiques.


L’approche marocaine repose sur une logique d’intelligence économique et diplomatique. En développant une industrie de défense compétitive, le Royaume se positionne également comme un acteur clé en Afrique. En plus de garantir son autonomie en matière d’armement, cette stratégie lui permet d’exporter son savoir-faire et de renforcer ses partenariats avec d’autres nations du continent.


Une approche pragmatique et tournée vers l’avenir


Contrairement à certaines nations qui privilégient une accumulation massive d’armes lourdes, le Maroc mise sur l’efficacité technologique et la pertinence de ses acquisitions. La doctrine nationale repose sur une optimisation des ressources, en privilégiant des équipements adaptés aux besoins réels du pays. Cette approche se traduit par des choix stratégiques alliant innovation et pragmatisme, avec une attention particulière portée aux drones, aux systèmes de surveillance et à la maintenance locale des équipements.


Cette montée en puissance de l’industrie de défense marocaine reflète une ambition plus large : celle d’un développement économique durable, soutenu par une vision industrielle intégrée. En s’appuyant sur des partenariats solides et en favorisant l’essor des compétences locales, le Maroc se positionne comme un acteur incontournable du secteur en Afrique et au-delà.

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