Le 20 août 1953, le sultan du Maroc Mohammed 5 est écarté du pouvoir par le Glaoui, avec la complicité des français. Ce coup de force n'a d'autre effet que d'attiser les sentiments anti-français et de précipiter le retour à l'indépendance du Maroc.
La France exerce un protectorat sur le Maroc depuis la convention de Fès de 1912. À la gestion éclairée du général Hubert Lyautey, résident général auprès du sultan, a succédé en 1925 une administration beaucoup plus coercitive et timorée. Deux ans plus tard, le sultan Moulay Youssef meurt et laisse le trône à son troisième fils qui devient sultan sous le nom de Mohammed 5. Il a 18 ans.
Par le dahir berbère du 16 mai 1930 qui prétend détacher les tribus berbères du sultan, Paris laisse entrevoir sa volonté de remplacer le protectorat par une colonisation directe. Il s'ensuit des ferments de révolte nationaliste dans le pays. Le dahir est abandonné en 1934.
La situation se rétablit avec la nomination en 1936 du général Henri Noguès, disciple de Lyautey, comme résident général. Mais l'invasion de la France par les Allemands en 1940 puis, en 1942, le débarquement anglo-américain sur les côtes du Maroc redonnent de l'audace aux nationalistes marocains qui, en 1943, fondent le parti de l'Istiqlal (indépendance en arabe).
Dès 1941, le sultan s'est honoré en s'opposant à l'extension au Maroc des lois anti-juives appliquées en France et en Algérie, y compris la déportation vers les camps de concentration en Europe.
En plus de sa célèbre formule prononcée à cette époque : “‘Il n’y a pas de juifs au Maroc. Il n’y a que des sujets marocains”, le sultan Mohammed 5 avait fait de la résistance en refusant d’appliquer deux textes de lois, promulguées à son insu, par Vichy au Maroc et qui apportaient des restrictions négativement discriminantes, à l’encontre des juifs.
Le Sultan Mohammed 5 amorçait alors un long processus de résistance, notamment par des actes très symboliques et qui insupportaient les français. En 1941, pour la première fois, le Sultan Mohammed 5 a invité les hauts représentants de la communauté juive au banquet annuel célébrant la fête du trône. Il avait tenu à les placer dans les meilleurs sièges juste à côté des officiels français.
Il avait aussitôt déclaré aux responsables français :
“Je n’approuve absolument pas les nouvelles lois antisémites et je refuse de m’associer à une mesure avec laquelle je suis en désaccord. Je réitère comme je l’ai fait par le passé que les Juifs sont sous ma protection et je rejette toute distinction qui devrait être faite entre mon peuple”.
La mémoire collective des juifs marocains garde vivace le souvenir de la protection de ce souverain leur ayant permis de traverser indemnes la terrible tourmente de la Seconde Guerre mondiale et d'échapper à « la nuit » ayant happé des millions de leurs coreligionnaires en Europe.
Après la Seconde Guerre mondiale se multiplient les révoltes contre le protectorat à Rabat, Fès, Tanger... En dépit de celles-ci, les Français rejettent la revendication par le sultan d'une complète indépendance selon une promesse qui lui a été faite en 1943 par le président américain Franklin Roosevelt lui-même.
En désespoir de cause, Paris suscite contre le sultan la révolte de Thami El Glaoui, le pacha de Marrakech. Le Glaoui et ses partisans se proposent de déposer le sultan et de le remplacer par un vieillard, le chérif Mohammed ben Arafa. Mais le Sultan Mohammed 5 entame la «grève du sceau» et refuse de signer les dahirs présentés par le résident général Alphonse Juin pour protester contre sa tentative de transformer le Maroc en simple colonie.
En août 1953, prenant prétexte de la révolte, le gouvernement français dépose le sultan et l'exile en Corse puis à Madagascar. Il le remplace sur le trône par Mohammed ben Arafa. Mais ces mauvais procédés n'ont d'autre effet que de grandir le prestige du Sultan Mohammed 5 au sein de la population marocaine.
Les attentats contre la présence française se multiplient : attentats contre ben Arafa, déraillement d'un train, bombe sur un marché...
Le président du Conseil Edgar Faure engage deux ans plus tard des pourparlers avec le sultan. Une conférence s'ouvre à Aix-les-Bains le 22 août 1955. Elle aboutit à la signature d'un document par lequel la France reconnaît la fin du protectorat et l'indépendance du Maroc le 2 mars 1956.
Le souverain convertit son titre de sultan en celui de roi sous le nom du Sultan Mohammed 5 et le 7 mars 1956, annonce à son peuple le retour à l'indépendance.
Tbarkallah aalik pour cette article.
Cela permet de découvrir et de re-découvrir l'histoire de feu notre roi Mohamed 5. 🥰🥰🥰
Bravo à toi Titrit pour ta première contribution 😊
Bravo excellent sujet et un.rappel.a notre mémoire