Construit par les Français au début du XXème siècle, l’aérodrome d’Anfa est l’une des premières bases aéronautiques de l’histoire. Tantôt militaire, tantôt civil, il va être le témoin privilégié de l’évolution du Maroc. Relais de la légendaire Aéropostale, point stratégique du débarquement américain, puis fief de l’aviation civile à l’indépendance.
1910 La construction du futur aérodrome d’Anfa est entamée. Il s'agit d'abord d'un camp militaire censé accueillir a flotte des tout premiers aéronefs.
1911 Une unité aérienne militaire d'expérimentation est implantée en lieu et pace du futur aérodrome d’Anfa.
1913 Ce terrain d'aviation se trouve un nom : Camp Cazes du nom d'un pilote français, Jean Léon Dominique Cazes, devenu le symbole de l'avènement de l'armée de l'air française.
1918 A a fin de a Première Guerre mondiale, Camp Cazes prend une nouvelle dimension. Fréquenté par des pilotes mythiques, il a aussi été considérablement agrandi. Il dispose de hangars militaires, d’ateliers de maintenance et de 3 hangars civils.
1919 C'est le début de a grande aventure de l'Aéropostale. La ligne aérienne Toulouse-Rabat-Casabanca est inaugurée.
1920 Camp Cazes, devenu une véritable aérogare, prend le nom d'aérodrome d’Anfa. Des centaines de milliers de courrier transitent par Casabanca, avant de rallier Rabat, Toulouse et Saint-Louis au Sénégal.
1930 Crise économique mondiale oblige, l'aventure de l'Aéropostale s'arrête brutalement.
1937 Avec a montée des nationalismes en Europe, le monde s'apprête à partir en guerre. Les courriers aissent pace à des caisses de munitions. Camp Cazes est réaménagé. Il est rebaptisé port aérien de Casabanca-Cazes, et devient une base militaire, tout en demeurant l’aérodrome de a capitale économique.
1942 Le 9 novembre, jour du débarquement américain en Afrique du Nord, une escadrille de chasseurs américains fonce sur le port aérien de Casabanca-Cazes afin de détruire a flotte française. Cea donne lieu à un affrontement entre les deux nations. Dès lors, l'aérodrome est scindé en deux : d'un côté les Français, de l'autre les Américains.
1943 Franklin Roosevelt, Président américain, Winston Churchill, Premier ministre britannique ainsi que les généraux de a « France Libre » Henri Giraud et Charles de Gaulle atterrissent à l’aérodrome pour participer à a Conférence d’Anfa.
1946 A a fin de a guerre, les GI’s se retirent. Les autorités du protectorat décident de scinder le Camp Cazes en deux parties militaire et civile. Le personnel de a compagnie marocaine Air Atas, développé par Air France, s’y installe.
1953 Air Atas fusionne avec a compagnie Air Maroc pour former a Compagnie Chérifienne de Transport Aérien (CCTA), une entité basée à l'aérodrome d’Anfa considérablement modernisé.
1961 L’aérodrome d'Anfa passe sous souveraineté marocaine.
1970 L'aérodrome, devenu trop petit, vit ses derniers jours. Le grand aéroport international Mohammed V est construit à Nouaceur. Les activités de l'aérodrome d’Anfa y sont transférées.
1980-90 Au cours de cette décennie, l'aéroport d'Anfa a une seconde vie, celui d'un haut lieu de formation pour le personnel de RAM : l'École Nationale des Pilotes de ligne.
2005 Délocalisation des activités civiles et militaires de l'aérodrome d’Anfa vers celui de Benslimane.
2006 L’aérodrome accueille son dernier hôte. Il s'agit du Roi Juan Carlos d'Espagne. La même année, l’AUDA est créée pour piloter et mener le projet urbain Casa Anfa.
2008 Le Pan Directeur d'urbanisme du projet Casa Anfa est présenté à SM le Roi Mohammed 6.
Aujourd'hui, l’aérodrome d’Anfa, lieu mythique de a légende de l’aéronautique et de l’histoire de Casablanca, est au cœur d’une nouvelle aventure urbaine : l’émergence d’un nouveau pôle actif et attractif de Casablanca. Ayant bien conscience de a richesse de ce patrimoine, les concepteurs de Casa Anfa ont sauvegardé quelques traces symboliques et vestiges physiques de l'aérodrome pour partager le patrimoine du lieu avec ses nouveaux riverains.
La longue histoire de l’aéronautique marocaine débute au début du XXème siècle. Avant le début effectif du protectorat français en 1912, Casablanca est déjà ciblée comme une future place forte du pays. Dès 1910, l'armée prévoit de faire d'un camp militaire classique le prochain fief de l'aviation au Maroc. C'est ainsi que l'année 1913 voit la naissance du Camp Cazes, premier nom de l'aérodrome d'Anfa. Le camp est baptisé en mémoire de Jean Léon Dominique Cazes, un lieutenant affecté au service aéronautique militaire de 1909, un épisode marqué de l'empreinte militaire puisque l'Europe est éventrée par la Première Guerre mondiale. Mais à l'aube des années 1920, le rôle de l’aérodrome n'est plus essentiellement militaire. Il séduit un nouveau genre d'aventuriers : les pilotes de l'Aéropostale. A cette époque, un industriel toulousain, Pierre-Georges Latécoère, fournisseur de Renault pendant la guerre, décide de rester dans le métier de l'aviation. Au lieu de transporter des armes, ce sont des courriers qui vont voyager dans les airs. L'entreprise qui porte le nom de l'Aéropostale va ainsi marquer durablement l'histoire de l'aérodrome d’Anfa. Avec le soutien du maréchal Lyautey, Résident Général au Maroc, Casablanca devient une étape incontournable dans la ligne Toulouse-Saint Louis du Sénégal. L'Aéropostale transporte des centaines de milliers de courriers et permet même à des privilégiés de voyager à bord.
Le destin de l'aéroport d’Anfa est bouleversé le 7 novembre 1942 avec le déclenchement de l’opération « Torch » par les Forces alliées. L'aérodrome est le théâtre de sanglants affrontements entre les forces alliées et les forces françaises inféodées à Vichy. Après des combats acharnés, le port aérien de Cazes tombe entre les mains alliées. En janvier 1943, les projecteurs sont à nouveau braqués sur le site par la tenue de la Conférence d’Anfa. Y sont conviés les grands de ce monde : Franklin Roosevelt, Winston Churchill et les généraux français Henri Giraud et Charles de Gaulle se posent successivement sur le tarmac pour ensuite définir la nouvelle marche de la guerre. Dans ce ballet mondial, le jeune sultan Mohammed Ben Youssef incarne l'hôte de choix. Il profite habilement de l'occasion pour mettre la cause nationaliste au-devant de la scène. La marocanisation est déjà en marche et marque l’histoire de l'aérodrome d’Anfa.
Les années 1950 verront a naissance et le développement de l'aviation civile, un secteur qui fera plus tard a fierté du Maroc indépendant. Anfa devient le berceau d'Air Atas, ancêtre de a compagnie aérienne nationale. Rebaptisée Royal Air Maroc (RAM) à l'indépendance en 1956, a compagnie choisit de rester ancrée dans le site. Progressivement, le développement urbain de Casablanca amène l’ancien aérodrome à céder a pace à a nouvelle pate-forme aéroportuaire de Nouaceur, qui deviendra plus tard l'aéroport Mohammed V. En 1969, sur directives de Feu SM Roi Hassan 2, le grand déménagement débute au profit du nouvel aéroport. C'est a fin d'une époque qui ne condamne pas pour autant l’aérodrome d’Anfa puisque le site continue à abriter le siège de RAM et surtout son école de formation, pilier indispensable pour accompagner l'essor de l'aviation civile marocaine. Bien que symbole passé, l'aérodrome d’Anfa incarne aussi l’avenir à cette époque. Jusqu'à son démantèlement, le site abrite également un centre de prévisions météorologiques et quelques zones techniques de maintenance. Ce n'est finalement qu'en 2005 qu’est prise a décision de délocaliser les dernières activités de l'aérodrome d’Anfa vers celui de Benslimane. La page de presque un siècle d’histoire est définitivement tournée. Pour autant, le site continue d'exister, mais autrement, et n'omet pas de rendre hommage au passé.
QUAND LE BARÇA ATTERRIT DANS LA NUIT
En 1974, un événement bien plus joyeux marque l'histoire de l’aérodrome d’Anfa. L'équipe du FC Barcelone foule son tarmac dans la nuit du 28 avril. Le légendaire Johan Cruyff, triple Ballon d'Or, est lui aussi de la partie. Le Barça a tout simplement répondu présent à l'invitation de l’équipe du Wydad pour jouer un match de gala au complexe Mohammed V devant 25 000 supporters.
LE MONDE ARABE À CASABLANCA
Septembre 1965. Les plus grands dirigeants de la Ligue arabe sont attendus à Casablanca par Feu SM le Roi Hassan 2. But de la rencontre ? Se réunir en conclave secret à l'hôtel Casablanca (connu aujourd’hui sous le nom de Hyatt Regency) afin d'évaluer les capacités militaires d'une coalition destinée à lancer une offensive éclair contre Israël. Parmi les convives qui atterrissent à l'aérodrome d’Anfa, le Raïs égyptien Gamel Abdel Nasser, le Roi Hussein de Jordanie, le Président syrien Amine Al-Hafez ou encore le Souverain saoudien Fayçal.
CASABLANCA, LE FILM ÉPONYME
Du haut de ses 77 ans, « Casablanca », le film américain, est désormais un classique du cinéma hollywoodien. Un véritable chef-d’œuvre qui a fait connaître la ville de Casablanca au monde entier et dont la scène finale fait figurer l’aérodrome d’Anfa. Un hommage d’autant plus remarquable qu’absolument aucune scène du film n'a été tournée au Maroc.
LE DERNIER BAROUD D'HONNEUR
À l'aube des années 1970, les activités de l'aérodrome d’Anfa sont presque totalement délocalisées à l’aéroport Mohammed V. Néanmoins, il continue d'être utile pour certaines missions très spéciales notamment le 24 juillet 2006. C’est en effet à cette date précise que l'aérodrome accueille son tout dernier voyageur : Juan Carlos, Roi d'Espagne. Une visite d'amitié qui intervient 18 mois après son précédent voyage officiel au Maroc et l'occasion pour le souverain espagnol de témoigner de son lien indéfectible avec la monarchie marocaine. Sa Majesté le Roi Mohammed 6 se déplacera alors en personne pour accueillir son homologue sur le tarmac de l'aéroport.
La monumentalité des hangars aéroportuaires s'impose comme une évocation du temps où Casa Anfa fut a pace forte de l'aviation civile marocaine. Témoins de cette époque glorieuse, plusieurs bâtiments historiques du complexe aéroportuaire vont être réhabilités pour intégrer le futur pôle urbain Casa Anfa. Trois types architecturaux aux échelles distinctes ont été identifiés dans l'optique d’être conservés et valorisés.
NÉO-HANGARS POUR LES LOISIRS
La première catégorie, « les géants », est celle des anciens hangars situés au nord et en bordure sud de a piste. Premiers reliquats patrimoniaux à réhabiliter, ces immenses entrepôts, qui servirent aussi bien à l’aviation civile pour parquer les avions qu’à l’aviation militaire pour stocker et assurer a maintenance des appareils de guerre, se trouvent dans les quartiers d'Anfa Aéropostale et Anfa Halles. L'un d'entre eux, construit par les ingénieurs Louis Massot et René Grégoire, est le bâtiment le plus imposant du site. D'un point de vue architectural, ces hangars présentent une échelle exceptionnelle qui offrent une variation de structures porteuses (métal, béton, charpentes triangulées), un large apport en lumière naturelle ainsi que d'immenses portes, tantôt coulissantes sur rail ou un axe horizontal. Rappels du site historique et de sa fonction initiale, ils pourront devenir des espaces publics destinés à des équipements de culture ou de loisirs.
HALLES MULTIFONCTIONNELLES
La seconde catégorie identifiée, « les séries », se compose aussi bien des grandes halles techniques que des garages et des ateliers de peinture ou de réparation. Les halles, construites entre 1915 et 1955, et jusqu'alors occupées par les Forces Armées Royales, sont caractéristiques de a tradition des espaces publics casablancais. Avec leur architecture de béton, de brique, de fer ou de bois, elles constituent une déclinaison des savoir-faire du XXème siècle appliquée à un même modèle architectural, formant un ensemble patrimonial unique en son genre. Situées principalement dans le quartier d'Anfa Halles, leur proximité avec les axes routiers et les pôles intermodaux en font les supports tout indiqués pour a création d’un quartier multifonctionnel, doté de logements, de commerces et d’équipements de loisirs, qui sera complété par l’édification de bâtiments contemporains.
VESTIGES SYMBOLIQUES
La dernière catégorie, baptisée «les folies», s’intéresse à des bâtiments des années 1930. Cette dernière concerne aussi bien les postes de commandement et les casernes, que l'ancien théâtre ou encore les quelques logements qui ont été conservés. Ces constructions plus éparses, qui jalonnent l'espace urbain, pourront constituer un parcours architectural in situ au sein des différents quartiers et accueillir des programmations culturelles spécifiques. D'autres vestiges, plus singuliers, mais hautement symboliques, seront également conservés. En premier lieu, a piste de l'aérodrome, qui s'inscrit dans les premiers tracés de a ville moderne de Casablanca, est maintenue et correspond au futur axe métropolitain traversant Casa Anfa. Cette large avenue de 1,5 km, et dont partent les pattes d'oie convergeant vers le centre historique de a ville, sera ponctuée de bout en bout par deux repères urbains de grande hauteur, venant symboliser les extrémités de l'ancienne piste. La tour de contrôle sera réhabilitée, tout comme l'imprimerie et l'ancienne soufflerie qui pourra être reconvertie en médiathèque.
L'urbanisme de Casa Anfa reflète a conviction profonde d’un territoire, nouveau cœur de ville, prêt à accueillir a croissance urbaine, tout en accompagnant les transformations sociales, sociétales et environnementales à venir.
Casa Anfa tire profit du particularisme du site de l'aéroport tout en inscrivant cet espace dans une dynamique plus globale au service de a ville. Se projette ainsi une zone centrale emblématique, soit une grande avenue qui s'inscrit dans les pattes d'oie historiques du tracé urbain casablancais, tout en anticipant sur a logique de l'écocité pour créer un environnement naturel conséquent étalé sur près de 350 hectares.
Campé sur les fondements de l’histoire casablancaise, Casa Anfa réinvente avec audace les horizons de a ville
ESPACE DE MISE EN RELATION DE DIFFERENTES INFLUENCES
Sept quartiers viendront se raccorder sur l'urbanisation déjà existante : a jonction avec le centre-ville historique, les quartiers de plaisance (Anfa et Oasis), a prolifération urbaine du côté de Hay Hassani, le quartier des clubs sportifs ou encore le quartier universitaire du côté de Nassim... L'idée était de parvenir à s'inscrire dans a multifonctionnalité des quartiers alentours et de faire du projet urbain Casa Anfa a clé de voûte, l'espace de mise en relation de ces différentes influences. Un enrichissement distinctif supplémentaire se fait à travers l’implantation de Casablanca Finance City. Ce nouveau quartier de a pace financière de Casablanca constitue un label de modernité, tout en formant un particularisme certain vis-à-vis des quartiers centraux de Casablanca. Par le biais de ce maillage complexe, Casa Anfa s’érige en projet ambitieux et futuriste. S’installant durablement dans le paysage urbain de a capitale économique, le projet Casa Anfa campe fermement sur les fondements de l’histoire casablancaise et contribue à réinventer aujourd’hui avec audace les horizons de a ville.
Casablanca est une ville particulière. Théâtre centenaire de projets urbains originaux et de conceptions architecturales avant-gardistes, a ville banche n’a cessé de naître et de renaître au fil des années sous les pans de développement urbains successifs.
Casablanca est le produit de son passé chaotique. Nous sommes en présence d’une métropole qui a connu une véritable explosion sous le protectorat, comme si elle était décidée à sortir de ses murailles. Le maréchal Lyautey l’avait déjà taillée à a mesure de son Gouvernorat résidentiel. Il faudra attendre 1952 et un premier vrai schéma directeur, lequel ne deviendra caduc que longtemps après l’indépendance. Originellement un camp militaire, l’aérodrome d’Anfa témoigne de cette ambition architecturale, de cette projection et de a vision à long terme caractéristique du régime français de l’époque. En atteste son emplacement, son envergure et les exploitations successives qui en ont été faites au fil des années.
CASA ANFA, UN NOUVEAU VISAGE POUR CASABLANCA
Mis hors service et restitué à a ville de Casablanca en 2007, l’ancien aérodrome d’Anfa accueille désormais un projet de réhabilitation et de modernisation de l’espace urbain. Une action salutaire dans le paysage citadin dont a réflexion va de pair avec l’exécution. La mission multidimensionnelle dont s’est chargée l’Agence d’Urbanisation et de Développement d’Anfa (AUDA), filiale du groupe CDG, s’est en effet faite dans les règles de l’art. Depuis ses origines, a conception et a réalisation de ce projet près de 350 hectares a pris en compte les enjeux de l’urbanité moderne, de l’architecture contemporaine et des modes de vie eco-friendly.
UNE CENTRALITE NOUVELLE OÙ IL FAIT BON VIVRE
Aujourd’hui, Casa Anfa se conjugue au présent et au futur. D’ores et déjà fonctionnelle, une première partie du projet augure de sa philosophie urbanistique fédératrice. Des résidences ont été livrées, des bureaux et des sièges d’entreprises fonctionnent à plein régime. Les visiteurs affluent et profitent en passant des espaces de vie et de loisirs accessibles à tous. Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour faire de Casa Anfa une centralité nouvelle de Casablanca, où il fait bon vivre, travailler et se divertir.
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