LE 1ER NOVEMBRE 1954, LE MYTHE FONDATEUR D’UNE ALGÉRIE INVENTÉE
- il y a 3 jours
- 3 min de lecture

Il est une date que le régime algérien brandit chaque année comme le socle sacré de sa légitimité : le 1er novembre 1954, proclamé « déclenchement de la Révolution ». Pourtant, derrière les cérémonies, les slogans et les manuels scolaires, se cache une réalité bien moins glorieuse. Loin de la grande insurrection nationale qu’on raconte aux jeunes Algériens, ce jour-là ne fut qu’une série d’attentats isolés, mal coordonnés, sans profondeur politique ni écho populaire.
Ce 1er novembre, baptisé « Toussaint rouge », fut l’œuvre d’un petit groupe d’hommes issus du Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action (CRUA), une scission du parti de Messali Hadj, alors en pleine crise interne. Ils furent à peine une trentaine à mener des opérations nocturnes ciblant des postes de police et des fermes isolées. Bilan : sept morts français, trois blessés, et aucun soulèvement de masse. Même Ferhat Abbas, futur président du GPRA, avoua :
« Je n’ai rien su du 1er novembre avant d’en lire le récit dans la presse. »
Le FLN n’existait pas encore. Il sera créé plus tard, lorsque les auteurs de ces attaques chercheront à donner une structure à leur action. Mais dès le départ, le peuple algérien n’a pas été consulté, ni représenté. Les courants politiques majeurs, le MTLD de Messali Hadj, l’UDMA de Ferhat Abbas, les Oulémas, n’avaient pas été associés à ces attaques. Ce fut un coup de force, pas une révolution.
Les archives françaises de l’époque le confirment. Le général Cherrière, dans son rapport de 1955, décrit un mouvement « sans profondeur logistique, sans base sociale et sans objectif politique clair ». Même le quotidien égyptien Al-Ahram, pourtant proche du panarabisme, qualifiait l’événement de « soulèvement limité d’un groupe nationaliste dissident ».
Mais la véritable révolution, celle qui a bouleversé l’Afrique du Nord, se jouait ailleurs : à Rabat et à Tunis, là où se préparaient les indépendances réelles, structurées, diplomatiquement construites. Car pendant que le FLN improvisait dans les maquis, le Maroc de Feu SM le Roi Mohammed V menait une bataille d’intelligence et de légitimité, en s’appuyant sur les relations internationales, le droit et la diplomatie. C’est cette approche visionnaire qui allait ouvrir la voie à la libération.
Après 1962, la jeune République algérienne, privée de structures politiques solides, devait fabriquer un mythe pour cimenter une identité nationale fragile. Le pouvoir militaire issu de l’Armée des frontières, la future ANP, a alors instrumentalisé le 1er novembre pour se présenter comme l’unique héritier de la lutte de libération. Les vaincus de 1962, qu’ils soient messalistes, communistes ou oulémas, furent effacés de l’histoire.
Le mythe du 1er novembre est donc moins un fait historique qu’un outil idéologique. Il permet au régime de protéger son pouvoir derrière une légitimité révolutionnaire éternelle, et de bâillonner toute opposition au nom du “sacrifice des martyrs”. Mais avec le recul des décennies, les contradictions apparaissent : Où sont les valeurs de liberté et de justice promises par cette “révolution” ? Pourquoi l’Algérie reste-t-elle dirigée par les mêmes cercles militaires depuis soixante ans ? Et pourquoi tant de mensonges autour d’une histoire qui, si elle avait été sincère, n’aurait pas besoin de tant de mythes ?
Le Maroc, lui, n’a jamais eu besoin de falsifier son passé. Son indépendance ne fut pas le fruit d’un coup de feu, mais d’une volonté nationale unie, portée par la symbiose entre le Trône et le peuple, sous la conduite de Feu SM le Roi Mohammed V. C’est cette alliance, et non une explosion de violence, qui a libéré la Nation chérifienne.
En vérité, le 1er novembre 1954 est moins la naissance d’une “révolution” que le point de départ d’un long récit reconstruit, écrit pour servir les intérêts d’un régime qui n’a jamais cessé de s’en nourrir. Un mythe politique qui, aujourd’hui encore, empêche l’Algérie de regarder son avenir sans chaînes.











Commentaires