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LE GATRAN, OR NOIR DES POTERIES MAROCAINES

  • 7 oct.
  • 2 min de lecture
LE GATRAN, OR NOIR DES POTERIES MAROCAINES

Le GATRAN ou Katran, cette huile sombre issue du bois de genévrier appelée "huile de cade", est bien plus qu’une simple matière artisanale. Connue depuis l’Antiquité en Méditerranée, les Grecs et les Romains l’utilisaient déjà comme remède antiseptique et protecteur, et les savants du monde arabo-musulman médiéval, tel Ibn SIna (Avicenne), le mentionnaient pour ses vertus thérapeutiques. Mais c’est au Maroc que le GATRAN a pris une dimension culturelle unique : son application sur la terre cuite rouge marocaine pour créer des tasses, gobelets, pichets et bols ornés de motifs noirs. Cette association intime entre la poterie et le GATRAN est une invention marocaine et fait partie intégrante de notre patrimoine culturel.


Boire dans une tasse en GATRAN n’est pas un geste anodin. C’est profiter d’un héritage qui allie esthétique et bien-être. La terre cuite maintient naturellement l’eau fraîche, tandis que le GATRAN la purifie grâce à ses propriétés antimicrobiennes. Cette combinaison ingénieuse confère à l’eau une fraîcheur et une saveur légèrement fumée, tout en assurant une protection naturelle contre les impuretés.


Car en effet, vertus du GATRAN sont multiples. Sur le plan digestif, il est réputé favoriser l’assimilation et calmer les douleurs de l’estomac. Son parfum boisé agit comme une aromathérapie naturelle : il apaise, réduit le stress et favorise la détente. Utilisé autrefois en médecine traditionnelle, le GATRAN servait de remède pour ses qualités antiseptiques et antifongiques : on l’appliquait contre l’eczéma, le psoriasis, les plaies, les escarres et diverses infections cutanées. On le brûlait également pour dégager ses vapeurs, qui stimulent le système respiratoire, soulagent la toux et allègent les bronches.


Chaque objet en terre cuite traité au GATRAN porte en lui ces fonctions protectrices. Au-delà du décor, ces poteries sont un symbole de santé, de pureté et de continuité. Dans les maisons marocaines, elles étaient omniprésentes au quotidien.


Aujourd’hui encore, ces poteries suscitent un intérêt croissant, tant pour leur beauté brute que pour leur valeur culturelle. Elles rappellent que le Maroc ne se définit pas seulement par ses grands monuments ou ses villes impériales, mais aussi par ces traditions modestes et profondes qui incarnent l’âme du pays. Préserver et valoriser les tasses, gobelets et pichets en GATRAN, c’est défendre un pan essentiel du patrimoine marocain, où la sagesse des anciens continue d’éclairer notre quotidien.

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