L’UNESCO RECONNAÎT LE GÉNIE MAROCAIN IBN TOUFAIL
- 22 sept.
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Un nouveau joyau du patrimoine intellectuel marocain a été distingué par la communauté internationale. Le 17 avril 2025, l’UNESCO a inscrit au registre Mémoire du monde le manuscrit médical Al Orjoza fi teb, attribué au grand philosophe et et savant marocain, Ibn Toufail, Abou Bakr Muhammad ibnu Abdul Malik Al-Qaysi. Cette reconnaissance confirme l’importance du Maroc dans la préservation et la transmission des savoirs universels.
Composé au XIIe siècle sous la forme d’un poème didactique de près de 7 700 vers, le manuscrit Al Orjoza fi teb est aujourd’hui précieusement conservé à la bibliothèque Al-Quaraouiyine de Fès, haut lieu de la connaissance fondé par Fatima al-Fihriya. Conçu pour faciliter la mémorisation et la transmission des savoirs médicaux, ce texte propose une classification méthodique des maladies et de leurs traitements, alliant précision scientifique et élégance poétique. Il témoigne de l’extraordinaire vitalité intellectuelle du Maroc médiéval et de son rôle de carrefour du savoir.
Lancé en 1992, le programme « Mémoire du monde » de l’UNESCO vise à préserver les manuscrits, archives et documents qui marquent de manière exceptionnelle l’histoire de l’humanité.L’inscription d’Al Orjoza fi teb illustre l’engagement du Royaume dans la sauvegarde de son patrimoine documentaire et souligne l’apport du Maroc à l’histoire universelle de la médecine et des sciences.

Né vers 1110 à Guadix en Andalousie et décédé en 1185 à Marrakech, Ibn Toufail incarne la figure du savant polymathe. Médecin, philosophe, mathématicien et astronome, il fut aussi conseiller du calife almohade Abu Yaqub Yusuf et protecteur d’Averroès.Sa renommée ne se limite pas à la médecine : il est surtout connu pour son roman philosophique Hayy Ibn Yaqzan, récit allégorique où un enfant, seul sur une île, accède à la connaissance par sa propre expérience et intuition.
L’influence d’Ibn Toufail a traversé les siècles et les continents. Selon le médiéviste Jean-Baptiste Brenet, professeur à la Sorbonne, Hayy Ibn Yaqzan est, « mis à part le Coran et Les Mille et Une Nuits, le texte arabe le plus lu en Europe ». Dans son ouvrage Robinson de Guadix (Verdier, 2020), il démontre comment ce récit a inspiré l’un des monuments de la littérature mondiale : Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719).Si Defoe n’a jamais reconnu explicitement cette filiation, le parallèle entre les deux œuvres est indiscutable. Ibn Toufail avait, plusieurs siècles avant l’Europe des Lumières, ouvert la voie au roman philosophique et d’aventures, posant les bases de thèmes universels comme l’autodidaxie, la quête de vérité et la relation entre l’homme et la nature. Une injustice historique que les chercheurs modernes s’emploient à réparer.
L’inscription d’Al Orjoza fi teb au registre Mémoire du monde rappelle que le Maroc est plus qu’un gardien de son patrimoine : il est un acteur majeur de la mémoire universelle. À travers Ibn Toufail et tant d’autres savants, le Royaume illustre son rôle ancestral de phare intellectuel, dont l’héritage continue d’inspirer et d’éclairer l’humanité.











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