LES VILLES IMPÉRIALES DU MAROC
- 3 juin 2024
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« À grand roi, grande ville » expliquait au XIVe siècle l'historien Ibn Khaldoun. Au Maroc, les quatre cités de Fès, Marrakech, Rabat et Meknès semblent avoir été créées pour illustrer cette affirmation.

Fès
Fuyant les califes de Bagdad, Moulay Idriss, descendant du Prophète, trouve en 789 refuge auprès des peuplades berbères du centre du Maroc. Comme il profite enfin d'un peu de repos au bord de l'oued Fès, il choisit l'endroit pour y fonder la première ville musulmane du pays. Rapidement, la petite cité gagne en population, notamment lors de l'arrivée des Andalous chassés d'Espagne en 818 puis de celle des familles d'artisans arabes venues de Tunisie. Ville commerçante grâce à sa position charnière au pied du Moyen Atlas, Fès se fait aussi une réputation de centre culturel au point d'être désignée comme « l'Athènes de l'Afrique ». Délaissée par les souverains à la fin du XVe siècle, victime de la peste et de la famine, elle sombre dans la misère. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour qu'elle retrouve son rayonnement dans le pays.
Marrakech
Ville des Berbères et nomades du Sud, Marrakech occupe une place à part dans l'Histoire du Maroc : n'a-t-elle pas donné son nom au pays ? Fondée au XIe siècle, l'oasis devient le centre de l'empire almoravide qui s'étend alors de l'Espagne au Niger.
Riche des produits des caravanes, elle se couvre de bâtiments dans le style hispano-mauresque, inspiré de l'Andalousie. Ce n'était malheureusement pas du goût du sultan almohade qui s'empara de la cité en 1147. Affaiblie par la décadence des Almohades, à partir de 1199, Marrakech ne redevient capitale qu'au XVIe siècle et profite alors largement de l'or rapporté de Tombouctou par les Saadiens.
Les siècles suivants furent constitués de périodes successives de faste puis de déclin, chaque souverain marquant son passage par quelques constructions avant que la ville ne soit de nouveau délaissée. La mise en place du protectorat français en 1912 marqua le début de la modernisation avec la construction de nouveaux quartiers administratifs sous l'impulsion du général Lyautey.
Rabat
D'origine phénicienne, Rabat doit son nom à un ribat, monastère fortifié construit au Xe siècle. Cette identité guerrière ne se démentira pas par la suite puisque la ville des souverains almohades devient le point de départ de leur combat contre les Espagnols, au XIIe siècle.
Après une période d'immobilité, ce sont les derniers Maures d'Espagne qui vont offrir à ce port un nouveau siècle de prospérité : réfugiés au XVIIe siècle à Rabat, ils se font corsaires et finissent même par créer une « République des deux rives », indépendante du pouvoir central.
L'aventure prend fin en 1930 avec l'occupation d'Alger par les Français, mais Rabat ne tombe pas pour autant dans l'oubli : elle est choisie comme capitale du protectorat en 1912 avant de devenir la capitale administrative du Royaume.
Meknès
Meknès est la ville d'un prince : Moulay Ismaïl. Contemporain de Louis XIV auquel il demanda la main de sa fille Anne-Marie de Bourbon, le souverain Alouite admirait à tel point le roi-soleil qu'il voulut l'égaler à tout prix. C'est pourquoi il multiplia à partir de 1672 les chantiers pour rendre sa capitale digne des plus grands. En quelques années, sous l'action d'une armée de travailleurs, s'élevèrent des kilomètres de murailles, des palais, des bassins... Objet d'une effervescence architecturale d'un demi-siècle, la petite ville célèbre pour ses oliviers changea complètement de visage pour s'élever au niveau du rêve du sultan. À la mort de celui-ci, ses successeurs négligèrent peu à peu les monuments puis la ville elle-même, qui perdit son rang de capitale.











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