LE DRAPEAU DU PORTUGAL PORTE L’EMPREINTE DU MAROC
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Le Maroc n’a pas seulement marqué l’histoire du Portugal, il l’a forgée dans ses fondations, jusqu’à influencer les couleurs mêmes de son drapeau, adopté le 30 juin 1911 après la révolution républicaine du 5 octobre 1910.
Les quinas, les cinq écus bleus que les Portugais brandissent comme un étendard de victoire, sont en réalité un des reflets de la grandeur marocaine. Ces écus racontent la puissance des dynasties Almoravides (1040-1147) et Almohades (1121-1269), qui, depuis Marrakech, régnaient sur l’Andalousie et faisaient trembler la péninsule ibérique.
Le Portugal s’est en partie construit en se heurtant aux valeureux marocains et dès 1143 son premier emblème porte les cicatrices de ces luttes.
Pour faire davantage dans le détail et selon les récits historiques, les quinas symbolisent les cinq souverains "maures" vaincus par Afonso Henriques (1109-1185) lors de la bataille d’Ourique en 1139.
Ces souverains, loin d'avoir été de petits seigneurs locaux incarnaient la force des Almoravides, à l'instar de Ali ibn Youssouf (né en 1084, mort en 1143 à Marrakech), ou des Almohades, menés par Abd al Mumin (né en 1094, mort en 1163 à Salé).
Les sept châteaux dorés qui entourent les quinas, que les Portugais associent à des conquêtes castillanes ou à l’Algarve, ne sont en réalité rien d’autre que des forteresses marocaines : Ceuta (occupée en 1415), Asilah (1471), Tanger (1471), Safi (1508), El Jadida, (1502), Agadir (1505) et Ksar Seghir (1458).
Ceuta, était un carrefour commercial et militaire sous contrôle marocain avant sa chute. Asilah, est un joyau culturel où nos poètes et artisans brillaient, Tanger est la porte de l’Afrique. Safi, qui était un centre de commerce maritime et El Jadida, avec sa citadelle imposante, étaient des symboles de notre puissance côtière. Agadir, verrou du sud, et Ksar Seghir, forteresse du nord, incarnaient la résilience de notre peuple face à l’envahisseur. Chaque pierre de ces murailles raconte un siège, une bataille, une résistance héroïque.
Ces châteaux, que les Portugais revendiquent comme trophées sur leur drapeau, sont avant tout des témoignages de la bravoure des marocains.
Et puis, il y a Ksar el kebir (Alcácer-Quibir), le 4 août 1578, où sous le commandement du sultan saâdien Abdelmalek (né en 1541, mort en 1578 à Ksar el Kebir), notre Royaume a infligé une défaite écrasante au Portugal.
Le roi Sébastien (1554-1578) y a péri, son armée a été anéantie, et le mythe du Sebastianisme est né de cette humiliation face aux marocains.
Le drapeau portugais a été officialisé en 1911 et tandis qu'un voisin brandit un croissant et une étoile hérités des Ottomans, le Maroc a gravé ses forteresses et ses sultans dans les armoiries d’un royaume européen.
Sources :
António Henrique de Oliveira Marques, História de Portugal, Palas Editores, 1986.
António Henrique de Oliveira Marques, Histoire du Portugal et de son empire colonial, Fayard, 1978 (trad. française).
José Hermano Saraiva, História Concisa de Portugal, Europa-América, 1993.
Charles R. Boxer, The Portuguese Seaborne Empire 1415–1825, Hutchinson, 1969.
Malyn Newitt, A History of Portuguese Overseas Expansion, 1400–1668, Routledge, 2005.
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