POURQUOI LE MAROC RECONNUT LA MAURITANIE EN 1969 ?
- 23 juil.
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En 1969, le Royaume du Maroc prit une décision historique : reconnaître officiellement l’indépendance de la Mauritanie. Un geste diplomatique que beaucoup ont interprété comme un revirement. En réalité, ce fut un acte hautement stratégique, réfléchi et profondément solidaire envers la cause palestinienne, dans un contexte international brûlant.
Une indépendance d’abord non reconnue
À son indépendance en 1960, la Mauritanie ne fut pas reconnue par le Maroc. Et pour cause :
Une réalité historique : Le Maroc, dans la continuité de son héritage dynastique almoravide et alaouite, considérait que la Mauritanie appartenait à son espace géopolitique traditionnel. Les tribus du Trarza, de l’Adrar et du Hodh avaient, pendant des siècles, prêté allégeance aux Sultans du Maroc.
Un rejet du morcellement colonial : Feu SM le Roi Mohammed V refusait le démembrement du Maroc opéré par les puissances coloniales. La création d’une Mauritanie indépendante par la France fut perçue comme une énième tentative d’ériger un obstacle au retour de l’unité territoriale marocaine.
Une opposition ferme à l’ONU : En 1960, le Maroc s’oppose à l’adhésion de la Mauritanie aux Nations Unies, considérant cette reconnaissance comme une légitimation de l’œuvre coloniale. L’Union soviétique appuya alors le Maroc en mettant son veto.
Août 1969 : Al-Qods en feu, l’unité arabe à l’épreuve
Mais en août 1969, un événement dramatique bouleversa les équilibres : la mosquée Al-Aqsa, à Al-Qods occupée, fut incendiée par un extrémiste australien soutenu par des groupes sionistes. Le monde musulman réagit avec émotion et colère.
Une réunion d’urgence des pays arabes fut convoquée à Rabat, sous l’égide de SM le Roi Hassan II. Il ne s’agissait plus seulement de diplomatie, mais d’une question de foi, de sacré, d’unité.
Le Maroc comprit alors que pour parler d’une seule voix en faveur de la Palestine, il fallait mettre fin aux dissensions internes. La présence de la Mauritanie à cette conférence était un impératif pour assurer l’unité du front arabe.
C’est donc dans ce contexte que SM le Roi Hassan II, par sens du devoir et de sacrifice, accepta de reconnaître officiellement la République Islamique de Mauritanie.
Un geste non pas d’abandon, mais de responsabilité : faire passer l’intérêt de la Oumma, la défense d’Al-Qods et de la Palestine, avant les revendications historiques.
Un tournant stratégique pour le Sahara
Au-delà du sacrifice, ce choix servait également un objectif majeur de la diplomatie royale : récupérer le Sahara marocain. En reconnaissant la Mauritanie, le Maroc s’assurait le soutien ou à défaut, la neutralité de son voisin dans les futures négociations avec l’Espagne. En 1975, ce calcul s’avéra juste : Nouakchott signa avec Rabat l’accord de Madrid, entérinant le départ de l’Espagne et la restitution du Sahara aux deux pays.
La reconnaissance du Maroc envers la Mauritanie, en 1969, ne fut ni un renoncement ni une capitulation. Ce fut un geste noble, mûri, dicté par l’Histoire, la stratégie et l’unité islamique.
Le Royaume, fidèle à sa vocation de pays pivot du monde arabo-islamique, a toujours su faire passer l’essentiel avant le conjoncturel. Et cette reconnaissance en est une preuve éclatante : un sacrifice pour Al-Qods, un pas vers la récupération du Sahara, et un message de paix à l’Afrique.
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