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LE SELHAM, L’ÉLÉGANCE MAROCAINE QUI TRAVERSE LES SIÈCLES

  • il y a 2 jours
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LE SELHAM, L’ÉLÉGANCE MAROCAINE QUI TRAVERSE LES SIÈCLES

Au Maroc, peu de pièces vestimentaires traversent le temps avec autant de dignité que le selham. Cette cape ample, drapée sur les épaules, continue d’incarner une élégance discrète mais profonde, héritée d’un patrimoine vestimentaire que les siècles n’ont jamais réussi à effacer. Longtemps porté par les notables, les érudits et les hommes de prestige, le selham s’est imposé comme un vêtement à la fois fonctionnel et symbolique, protégeant du froid tout en affirmant un statut. Sa présence accompagne les grandes cérémonies, les fêtes religieuses et les moments formels où l’on recherche une sobriété distinguée.


Sa fabrication reste un art qui se transmet avec patience. La laine constitue le matériau historique, travaillée à la main pour obtenir une étoffe chaude, dense et souple. Les versions modernes, adoptées par la haute couture marocaine, utilisent parfois le velours, les tissus nobles ou des mélanges plus légers, mais sans jamais trahir l’esprit original de cette cape majestueuse. Le selham contemporain apparaît désormais dans les défilés, réinterprété par des créateurs qui jouent sur les coupes et les textures, prouvant qu’un vêtement traditionnel peut continuer d’exister dans un Maroc en mouvement.



Caractéristique de tous les vêtements marocains, de la jellaba au caftan en passant par le jabador ou la takchita, le détail est au cœur de son élégance. Le selham marocain porte souvent un liseré fin, le liserai, réalisé en sfifa, qui encadre discrètement la cape et en souligne la silhouette. À l’encolure, les boutons aqad, noués à la main selon une technique ancienne, assurent la fermeture au niveau du cou. Ces nœuds sont plus qu’un système de fixation : ils symbolisent la minutie marocaine, cette esthétique où chaque détail compte et où le savoir-faire manuel est mis en avant. Le selham existe en version masculine et féminine, chacune avec ses nuances. Le selham masculin est généralement plus sobre, dans des couleurs neutres comme le blanc, le beige, le crème, le noir ou le bleu nuit. Sa coupe est ample, droite, pensée pour la prestance et la solennité. Le selham féminin, lui, s’autorise davantage de subtilités : tissus plus souples, velours riche, broderies plus fines, liserés plus travaillés, parfois même des teintes plus audacieuses. Il accompagne les sorties de la mariée, certaines cérémonies religieuses et les moments où l’élégance traditionnelle féminine doit s’exprimer avec force. Malgré ces différences, les deux variantes partagent une même exigence : la pureté du drapé et la finesse du travail.



Le selham occupe également une place singulière au sein de la monarchie marocaine. Les rois du Maroc, depuis des générations, apparaissent régulièrement en selham lors des cérémonies religieuses, des Fêtes du Trône, des prières officielles ou des événements nationaux qui requièrent à la fois prestige et sobriété. Ces selhams royaux, souvent d’un blanc éclatant ou d’un crème délicat, se distinguent par la qualité exceptionnelle de leurs tissus, par la pureté du tissage et par des liserés d’une précision remarquable. Dans le protocole marocain, le selham fait partie de cette silhouette royale unique, immédiatement reconnaissable, qui réunit tradition, respect et continuité dynastique. Sa présence dans les cérémonies royales a contribué à en faire un vêtement national, associé à la dignité de l’État autant qu’à l’identité du peuple.


Dans les mariages, le selham symbolise également la noblesse de l’instant. Les mariés le portent dans les moments importants, souvent dans des tons clairs qui évoquent la pureté et l’honneur. Les dakka marrakchiya, figures incontournables des cérémonies festives, en revêtent aussi un, ample et blanc, qui renforce leur présence et leur rôle dans la procession.


Pour comprendre pleinement ce qu’est le selham, il est nécessaire de le distinguer du burnous, avec lequel il est souvent confondu. Le burnous appartient à une autre tradition rurale et montagnarde. Sa silhouette est plus rustique, plus austère, reconnaissable immédiatement grâce à sa capuche pointue, élément identitaire central. Il est tissé en laine brute, généralement blanche ou beige, pensé comme un manteau utilitaire destiné à protéger les tribus rurales, les voyageurs et les hommes de la montagne contre le vent, la pluie et les nuits froides. Là où le selham évoque l’élégance urbaine, la noblesse discrète et les cérémonies, le burnous renvoie aux chemins poussiéreux, aux campements nomades et à la sobriété des régions reculées. La frontière entre les deux est donc nette : le selham est la cape marocaine d’apparat, raffinée, souple, symbole de dignité et de maîtrise du geste vestimentaire tandis que le burnous est le compagnon rude et solide des espaces ouverts, pensé pour résister aux éléments. L’un traverse les salons et accompagne les grandes occasions et l’autre appartient à l’histoire des tribus et aux exigences du climat. Ensemble, ils témoignent d’un même héritage, mais chacun raconte une facette distincte du Maroc.

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