SOUSS-MASSA, JOYAU DES ZONES HUMIDES DU MAROC

Le Maroc est reconnu pour la richesse exceptionnelle de sa biodiversité, et le Souss-Massa, sur la côte atlantique au sud d’Agadir, en est une preuve vivante. Entre eaux douces et saumâtres, les zones humides y régulent les équilibres côtiers, atténuent l’érosion, servent de nurseries biologiques et offrent un refuge à une avifaune remarquable. Au cœur de ce territoire, le Parc national de Souss-Massa s’étend sur 33 800 hectares, entre Agadir et Aglou, avec une mosaïque unique d’estuaires, marais, dunes, falaises et rivages atlantiques. Ce parc n’est pas un simple périmètre protégé : il est un symbole de la souveraineté environnementale du Royaume, consolidée par des décennies d’actions publiques structurées. Siredd

La reconnaissance internationale est double et précise. D’une part, les « Zones humides de Souss-Massa » sont inscrites Ramsar depuis 2005 (site n° 1487), pour une surface de 2 830 ha, dont 82 % à l’intérieur du parc. La fiche officielle rappelle l’importance des habitats et les critères écologiques (espèces menacées, >1 % de certaines populations d’oiseaux d’eau), ainsi que les pressions à surveiller. D’autre part, l’ensemble du parc se trouve au cœur de la Réserve de biosphère de l’Arganeraie (UNESCO/MAB, 1998), vaste territoire de plus de 2,56 millions d’hectares où l’arganier, espèce endémique, ancre un modèle de développement durable et de recherche. Ces statuts ne sont pas décoratifs : ils attirent programmes scientifiques, financements et partenariats au service des écosystèmes marocains. rsis.ramsar.org+2rsis.ramsar.org

Photo emblématique de l’ibis chauve, l’une des espèces les plus rares au monde, protégée dans le parc

Le Souss-Massa est aussi le bastion planétaire d’un oiseau mythique : l’ibis chauve (Geronticus eremita). Les colonies sauvages de Souss-Massa et Tamri concentrent la principale population mondiale, fruit d’un suivi scientifique continu et de mesures rigoureuses de protection. Les données publiées par BirdLife/GREPOM montrent une tendance à la hausse au fil des années : par exemple, 147 couples ayant donné 170 poussins en 2018 et un effectif post-reproduction de 708 individus—des niveaux records pour l’aire marocaine. Ce résultat, emblématique pour la conservation mondiale, est l’illustration concrète d’une politique marocaine de protection fondée sur la science, la vigilance des équipes de terrain et l’implication des partenaires. GREPOM/BirdLife Maroc

Au-delà de l’ibis chauve, le parc et son site Ramsar accueillent plus de 270 espèces d’oiseaux (Ramsar), et près de 300 à l’échelle du parc selon les inventaires de référence : flamants roses, spatules blanches, sternes, hérons, limicoles, rapaces marins et migrateurs font du Souss-Massa un carrefour avifaunistique d’Afrique du Nord. Ces zones humides jouent aussi un rôle de nurseries pour poissons et invertébrés, qui soutiennent la chaîne trophique et la richesse halieutique locales ; autant de services écosystémiques rendus à long terme aux communautés riveraines. rsis.ramsar.org

Cette richesse est précieuse… et fragile. Les documents officiels Ramsar soulignent les pressions anthropiques : urbanisation diffuse autour d’Agadir, fréquentation touristique non maîtrisée, pollutions et perturbations hydrologiques, sans oublier les effets du changement climatique (sécheresses, intrusions salines, élévation du niveau marin). Face à ces défis, le Maroc renforce ses outils : surveillance, restauration d’habitats (lagunes, cordons dunaires), police de l’environnement, écotourisme encadré, et partenariats scientifiques avec des institutions nationales et internationales. La Réserve de biosphère de l’Arganeraie joue ici un rôle d’accélérateur : elle fédère la recherche (arganier, sols, eau), structure des filières locales (huile d’argan, produits du terroir) et met l’accent sur l’éducation à l’environnement, dans l’esprit MAB/UNESCO. rsis.ramsar.org

Le parc se distingue également par un programme saharien de référence : enclos de gestion et de ré-acclimatation pour les antilopes sahariennes (addax, oryx, gazelles) et l’autruche d’Afrique du Nord, étape clé vers la reconstitution de faunes disparues dans le Sud marocain. Ce volet, piloté avec des partenaires spécialisés, s’inscrit dans une vision nationale : restaurer des maillons écologiques perdus et préparer des réintroductions dans des biotopes adaptés, sous contrôle scientifique et administratif. Le Maroc y affirme, là encore, un leadership responsable. unoceans.un.org

Au total, Souss-Massa n’est pas seulement un paysage : c’est un patrimoine vivant et un engagement d’État. Son exemplarité tient à la cohérence d’ensemble : désignations internationales, science de terrain, implication des communautés, gestion publique exigeante, montée en gamme de l’écotourisme et valorisation culturelle. Cette trajectoire s’aligne avec la vision de SM le Roi Mohammed VI pour un Royaume qui protège ses ressources, accompagne ses talents et fait rayonner son identité par l’excellence—y compris environnementale. Protéger Souss-Massa, c’est préserver un capital naturel stratégique et transmettre un héritage marocain aux générations futures. UNESCO