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LE MAJMAR, BRAISE VIVANTE DE LA TRADITION MAROCAINE

  • 23h
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LE MAJMAR, BRAISE VIVANTE DE LA TRADITION MAROCAINE

Objet modeste en apparence, mais chargé d’une profondeur silencieuse, le majmar appartient à cette catégorie de trésors marocains qui racontent beaucoup plus qu’ils ne montrent. Hérité d’un savoir-faire plurimillénaire, son nom plonge dans la racine arabe al-jamr, la braise. Façonné en argile ou en terre cuite depuis des générations, il se présente sous la forme d’un petit foyer percé d’ouvertures, conçu pour accueillir le charbon ardent. Simple en apparence, il concentre pourtant tout un art de vivre fondé sur la lenteur, la chaleur maîtrisée et le goût authentique du foyer marocain.


Dans les cuisines du Royaume, le majmar occupe une place unique. Sur son lit de braises prennent vie les grands classiques du terroir : tajines mijotés, grillades, réchauffage du thé ou cuisson douce des plats traditionnels. L’argile, matériau noble, diffuse la chaleur avec tendresse, enveloppant les aliments d’un parfum délicieusement fumé qu’aucun gaz ni aucune technologie moderne ne parvient à imiter. Dans des cités d’artisans comme Safi, Meknès ou Oued Laou, les potiers perpétuent encore ce geste ancestral. Chaque majmar porte la marque de celle ou celui qui l’a façonné : un objet humble, mais profondément humain.


Le majmar ne se limite pourtant pas à la cuisine. Sous une forme plus petite et plus raffinée, appelée dans certains douars mjimir, il devient un diffuseur de senteurs : bakhour, oud, résines et aromates du pays. Dans les maisons marocaines, on l’allume pour purifier l’air, parfumer les vêtements, marquer la fin d’un grand ménage ou accueillir les invités avec une note chaleureuse et enveloppante. Loin des idées mystiques qu’on lui attribue parfois, cet usage incarne avant tout le soin du foyer, le respect des invités et la recherche du bien-être, des valeurs profondément enracinées dans la culture marocaine.


Ainsi, le majmar et son petit frère le mjimir relient deux mondes complémentaires : celui de la chaleur nourricière, qui rassemble autour de la table, et celui du parfum apaisant, qui enveloppe la maison de sérénité. Dans un siècle où tout semble aller trop vite, ils rappellent des gestes que l’on prenait le temps d’accomplir : souffler doucement sur la braise, sentir l’odeur d’un tajine qui mijote, respirer les volutes d’un bakhour qui flotte dans le salon. Toujours présents dans les souks, les ateliers ou les boutiques de décoration, ils demeurent l’un des symboles les plus authentiques de l’identité marocaine : simples, chaleureux, intemporels, habités par la mémoire, la convivialité et la beauté du quotidien.

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