GUERRE IRAN-ISRAËL : IMPACTS ET ENJEUX POUR LE MAROC
- 18 juin
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Le 13 juin 2025, Israël a lancé une série de frappes militaires massives contre l’Iran, visant des infrastructures militaires et nucléaires stratégiques. Cet acte, qualifié par Tel-Aviv de « frappe préventive », marque une escalade majeure dans les tensions israélo-iraniennes.
Alors que le Moyen-Orient retient son souffle, les pays arabes, notamment les monarchies sunnites du Golfe, condamnent timidement cette attaque. Le Maroc, quant à lui, n’a pas émis de déclaration officielle, mais reste particulièrement concerné par cette confrontation, tant sur les plans diplomatique, sécuritaire qu’économique.
Les frappes israéliennes ont ciblé plusieurs zones stratégiques iraniennes, dont l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, des quartiers militaires à Téhéran, et des positions des Gardiens de la Révolution. L’opération aurait causé la mort de hauts gradés iraniens, y compris le chef d’état-major Mohammed Bagheri, ainsi que deux scientifiques nucléaires.
Israël justifie cette action par la nécessité de neutraliser une menace nucléaire imminente. En réponse, l’Iran a promis des représailles sévères. Les tensions sont telles que l’espace aérien iranien a été fermé, tout comme celui d’Irak. La crainte d’un embrasement régional est réelle, et les marchés pétroliers ont réagi avec une flambée des prix de plus de 12 %.
Bien que l’Iran soit depuis longtemps perçu comme une menace régionale par les monarchies sunnites, aucun pays arabe sunnite n’a soutenu l’attaque israélienne et les raisons sont multiples :
Respect du droit international et de la souveraineté des États.
Crainte d’un conflit régional élargi qui pourrait déstabiliser les routes commerciales, affecter les flux énergétiques et provoquer des troubles internes.
Refus catégorique de légitimer une attaque israélienne contre un pays musulman.
Même les pays ayant des relations avec Israël, comme les Émirats arabes unis ou le Bahreïn, ont appelé à la désescalade. L’Arabie saoudite, quant à elle, s’est contentée d’exhorter à la retenue, sans prendre position pour aucune des deux parties.
Le Royaume du Maroc n’a pas réagi officiellement à l’attaque israélienne. Mais il est essentiel de rappeler que le Maroc n’entretient plus de relations diplomatiques avec l’Iran depuis 2018, après avoir révélé que Téhéran apporte un soutien militaire à la milice terroriste du Polisario via le Hezbollah. Cette ingérence directe dans la question du Sahara marocain a conduit Rabat à rompre toute coopération avec l'Iran.
À ce titre, il est important de souligner que le peuple marocain, dans sa diversité d’opinions, ne doit pas oublier l’hostilité directe de l’Iran envers notre intégrité territoriale. Entraînement du Polisario, soutien logistique via des alliés chiites, discours anti-marocains : le régime iranien a multiplié les gestes inamicaux.
Ainsi, même si le Maroc reste à l’écart du conflit actuel, il est évident qu’il ne soutient pas l’Iran dans cette guerre.
Bien que le Royaume ne soit pas impliqué militairement dans ce conflit, il pourrait en subir les répercussions indirectes, notamment la hausse du prix du pétrole.
Le professeur Mohamed Badine El Yattioui, spécialiste en études stratégiques, rappelle que toute perturbation au détroit d’Ormuz pourrait faire exploser les prix du pétrole. Pour un pays comme le Maroc, importateur net d’énergie, cela signifierait :
Une hausse des prix à la pompe.
Une inflation sur les produits alimentaires et les transports.
Une pression sur les finances publiques et le déficit commercial.
Cette guerre va également provoquer des perturbations du commerce maritime puisque depuis 2023, les attaques des Houthis en mer Rouge ont bouleversé les chaînes logistiques mondiales. Si la guerre s’intensifie, les routes commerciales passant par le Canal de Suez pourraient être déviées, entraînant :
Des retards dans l’acheminement des marchandises.
Une augmentation des coûts de transport maritime.
Une hausse des prix à la consommation au Maroc.
Dans un discours en 2016 lors du sommet Maroc-Golfe, SM le Roi Mohammed VI avait affirmé que la sécurité des pays du Golfe était indissociable de celle du Maroc. Cela signifie qu’une déstabilisation dans cette région affecte directement la sécurité nationale marocaine.
Face à un Iran de plus en plus isolé mais toujours actif via des relais comme le Hezbollah ou les Houthis, le Royaume continuera probablement de soutenir ses alliés du Golfe tout en préservant une ligne diplomatique prudente.
En conclusion, le conflit entre Israël et l’Iran redéfinit les équilibres régionaux, le Maroc adopte une posture de vigilance stratégique. Bien qu’aucune déclaration officielle n’ait été émise, l’hostilité historique de l’Iran envers le Maroc ne laisse place à aucune ambiguïté : Rabat ne soutient pas le régime iranien.
Dans ce contexte explosif, le Maroc devra continuer à défendre ses intérêts économiques, sécuritaires et diplomatiques avec fermeté, tout en s’inscrivant dans une logique de responsabilité régionale, fidèle à sa vision d’un monde arabe stable, souverain et solidaire.
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