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LE MYTHE DE LA GÉNÉTIQUE ET DE L’IDENTITÉ ALGÉRIENNE

  • 24 juil.
  • 3 min de lecture
génétique algérie afrique du nord

Contrairement aux récits exaltés de certains activistes algériens sur les réseaux sociaux, les données scientifiques en génétique des populations sont formelles : l'Algérie est l'un des pays les plus génétiquement métissés d'Afrique du Nord. Cette réalité, loin d’être une critique, est le fruit d’une histoire riche en flux migratoires, en conquêtes, en brassages, et en positionnement stratégique entre le monde méditerranéen, le Sahara et l’Afrique subsaharienne.


Cette diversité génétique est attestée par la science. Des études scientifiques de haut niveau, notamment celles dirigées par Sonia Fadhlaoui-Zid, généticienne tunisienne internationalement reconnue, ont montré, à partir de l’analyse de l’ADN mitochondrial (lignée maternelle) et du chromosome Y (lignée paternelle), que la population algérienne présente une composition extrêmement composite.


Voici les grandes tendances relevées dans ces travaux :

Composante génétique

Proportion en Algérie

Origine historique

Arabe

~25 %

Conquêtes et migrations à partir du 7e siècle

Subsaharienne

~20 %

Routes transsahariennes (Touat, Tamanrasset, Gourara…)

Méditerranéenne/Européenne

~15 %

Phéniciens, Romains, Byzantins, colons andalous et français

Berbère (E-M81)

45 à 55 %

Autochtones nord-africains présents depuis plus de 12 000 ans

Ce métissage génétique est visible dans la diversité phénotypique des populations algériennes, mais aussi dans leurs identités linguistiques, culturelles et régionales. Par exemple :


  • Kabylie et Aurès : forte préservation de la composante amazighe (E-M81).

  • Oranie et Tlemcen : influence arabe marquée.

  • Sahara central (Touat, Tidikelt, Gourara) : présence massive de gènes d’origine subsaharienne.

  • Alger et Constantine : brassage complexe dû aux vagues migratoires successives (ottomane, andalouse, française).


Contrairement à l’Algérie, le Maroc a connu une arabisation essentiellement linguistique, avec un maintien fort des structures tribales amazighes dans les régions du Rif, de l’Atlas et du Souss.


Selon les études du Genographic Project (National Geographic Society) et celles de Fadhlaoui-Zid, le Maroc détient aujourd’hui le taux le plus élevé d’ADN amazigh (haplogroupe E-M81) en Afrique du Nord, avec plus de 70 % de la population porteuse de ce marqueur. En comparaison :

Haplogroupe E-M81 (amazigh)

ADN subsaharien

ADN européen

Maroc : ~70 %

~5 %

~5 %

Algérie : 45-55 %

15 à 20 %

~15 %

Ces chiffres révèlent une réalité incontestable : le Maroc a conservé une base génétique plus homogène et plus ancienne de l’Afrique du Nord préislamique.


Certaines militantes algériennes évoquent une pseudo-politique de « remplacement ethnique » menée par Moulay Ismâ‘il via la formation de la garde des ‘Abid al-Bukhari. Une telle accusation relève à la fois de l’ignorance historique et d’un fantasme racial.


La vérité historique est bien différente :


  1. Les ‘Abid al-Bukhari étaient une garde royale composée de descendants d’africains subsahariens, souvent nés au Maroc et formés dès l’enfance dans des camps militaires royaux.

  2. Il ne s’agissait nullement de remplacer la population, mais de créer une force militaire indépendante des tribus, sur le modèle des mamelouks égyptiens ou des janissaires ottomans.


Ce corps d’armée a disparu bien avant le XXe siècle et n’a jamais modifié la composition démographique du Royaume. La population marocaine reste profondément enracinée dans l’haplogroupe E-M81, reconnu comme le marqueur de l’ancestralité nord-africaine.


Des figures algériennes affirment que la présence de populations à peau foncée au sud de l’Algérie serait une preuve d’« algérianité authentique ». Pourtant, les données historiques contredisent cette affirmation. La région du Touat, par exemple, est depuis des siècles un carrefour des échanges sahariens, reliant l'Afrique du Nord aux villes sahéliennes comme Tombouctou ou Gao.


Les populations locales comme les Haratines sont issues d’un métissage ancien entre autochtones nord-africains et anciens esclaves affranchis d’Afrique de l’Ouest. Les chroniques d’Ibn Khaldoun, al-Bakri, et d’autres auteurs arabes confirment ce brassage intense dans le sud algérien, bien plus que dans les régions équivalentes du sud marocain.


D’après les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (2024), le Maroc ne compte que 148 152 étrangers sur près de 37 millions d’habitants, soit moins de 0,4 % de la population. Le mythe du “grand métissage” marocain dû à l’immigration récente ne résiste pas aux faits.


En conclusion, nous pouvons affirmer que l’Algérie, loin d’être une entité homogène, est une mosaïque génétique complexe. Que le Maroc, quant à lui, conserve l’empreinte génétique la plus forte de l’Afrique du Nord ancienne.


Parler de pureté ethnique au XXIe siècle est non seulement scientifiquement faux, mais surtout moralement douteux. Ce sont justement les peuples conscients de leur histoire réelle qui peuvent construire des identités fortes, sans sombrer dans le délire identitaire ou le racisme biologique.


Aux algériens qui tentent d'inventer une pureté identitaire algérienne, au lieu de débunker des mensonges avec d'autres mensonges, commencez par lire les travaux de Fadhlaoui-Zid, du Genographic Project ou encore Ibn Khaldoun.

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