LA VÉRITÉ SUR LA RÉSIDENCE CLUB DES PINS
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À l’origine, le Club des Pins était une forêt paisible, devenue dans les années 70-80 une station balnéaire prisée par les familles algéroises. On y trouvait chalets, bungalows, boîtes de nuit et plages.
Mais en 1992, avec la guerre civile, l’État transforme la zone en Résidence d’État ultra-sécurisée, réservée à la haute élite du pays : généraux, ministres, hauts fonctionnaires, familles de moudjahidine et journalistes proches du pouvoir. Ce lieu devient un État dans l’État, totalement fermé au public, y compris pour des activités aussi simples que la baignade ou la pêche.
La résidence d'état Club des Pins cache bien des secrets et constitue un symbole absolu du fossé qui sépare la population algérienne de ses dirigeants sans oublier que ce lieu est entretenu par des financements publics provenant des caisses de l’Etat.
Après l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, le nouveau régime algérien avait promis de rompre avec les pratiques symboliques et emblématiques de l’ancien régime. Et c’est ainsi que la plage de la Résidence d’Etat Club des Pins avait été ouverte au grand public le 21 août 2021 après des années d’interdiction, sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune. Les citoyens avaient pu y accéder sans détenir une carte d’accès et cette décision avait été émise par le Chef de l’État le 15 août 2021.
Mais depuis cette décision « symbolique », rien de concret n’a été fait pour rendre Club-des-Pins au peuple algérien. Cette station balnéaire devenue une résidence d’Etat en 1992, au début de la décennie noire, est restée encore jusqu’à aujourd’hui… Résidence d’Etat et réservée uniquement aux dirigeants du sérail algérien et à leurs familles. D’ailleurs, elle a coûter encore de l’argent à l’Etat algérien en 2022.
En effet, pas moins de 320 millions de Da, soit l’équivalent de plus de 2 millions d’euros, ont été consacré en 2022 pour financer le fonctionnement de la résidence d’Etat du Sahel, le nom officiel de la Résidence de Club-des-Pins. D’autre part, plus de 3,3 millions de Da, soit l’équivalent de 21 mille euros, ont été débloqués aussi pour prendre en charge les frais de gestion des services communs de la résidence d’Etat du Club Des Pins. Ces budgets publics seront gérés par les services du Premier ministre qui est la tutelle directe de la Résidence d’Etat de Club Des Pins. Nous vous parlons de 2022 mais en réalité et officiellement, 10 millions d’euros sont alloués chaque année pour l’entretien. Le budget non officiel atteindrait entre 30 et 50 millions d’euros, entièrement financé par les contribuables. Les résidents y vivent dans l’opulence totale : villas avec piscines, pelouses privées, fêtes et privilèges sans limite. Cette infrastructure renouvelée et inaugurée en 2016 a coûté au contribuable algérien plus de 500 millions de dollars.
Les jalousies entre dirigeants sont fréquentes, chacun exigeant un traitement égal ou supérieur à celui de ses pairs. Ce microcosme alimente conflits, caprices et rivalités, souvent arbitrés par Melzi.
Le maintien de cette résidence officielle dans le giron de l’Etat confirme qu’aucune nouvelle orientation politique n’a été décidée par le nouveau régime algérien. Le Club des Pins demeure la propriété des dirigeants algériens et de leurs familles qui s’en servent pour vive loin de leur peuple tout en grattant des financements publics pour entretenir leurs villas et l’administration qui veille sur leur petit confort.
Soulignons enfin que si cette résidence avait été aménagée durant les années 1990 pour d’évidentes raisons sécuritaires, son usage avait été dévoyé et instrumentalisé, chemin faisant, ouvrant la voie à des perversions qui n’étaient pas sans rappeler le tristement célèbre système des deux collèges, honni et combattu depuis toujours par une partie du peuple algérien.
Cette résidence d’Etat, le Club des Pins a été secoué par un scandale sexuel ayant défrayé la chronique. L’épouse d’un homme d’Affaires, très connu sur la place d’Alger, dont l’identité n’a pas été révélée, a affirmé que son mari l’a poussé à s’adonner à la prostitution. Cette femme a dévoilé des informations après qu’un premier épisode de cette affaire avait fait état que cette dame avait été prise en flagrant délit d’adultère, en compagnie du directeur des équipements publics de la wilaya de Tipaza.
La première étape donc de ce scandale sexuel, qui n’est sans doute pas le seul mais ce dernier a été médiatisé contrairement aux autres, a été une question d’adultère ayant défrayé la chronique algéroise. Les informations ayant filtré de cette affaire laissent croire que la femme de l’homme d’Affaires avait été prise en flagrant délit d’adultère en compagnie de son « complice ». La veille, l’homme d’Affaires, époux de la femme en question, originaire de la wilaya de Relizane, avait déposé une plainte auprès des services de sécurité contre son épouse, pour infidélité et vol d’objets de valeur « dont le but était de les offrir à son amant ».
Les deux conjoints se sont affrontés devant le tribunal de Cheraga et ont rapporté des versions diamétralement opposées des faits. Il y a lieu de noter que l’époux de la femme accusée d’adultère était l’ami de l’amant de cette dernière, d’après les affirmations de l’épouse elle-même. Ils étaient en contact permanent et le mari trompé aurait même prêté une très forte somme d’argent, en Euros, au cadre de la wilaya de Tipaza.
La gestion du Club est entre les mains d’Hamid Melzi, surnommé le "Richelieu algérien", protégé du général Toufik, ancien chef des services secrets (DRS). Il contrôle tous les aspects de la vie à Club des Pins, surveille les élites, et transmet leurs secrets au DRS, renforçant ainsi la mainmise du régime.
Melzi est également au cœur d’un empire économique opaque : il dirige plusieurs entreprises publiques, fait des affaires avec des groupes chinois, possède un palais à Barcelone, et a récemment cédé un restaurant de luxe à son fils.
Le Club des Pins illustre à lui seul l’impunité, le népotisme et le décalage abyssal entre l’élite algérienne et la population. Ce lieu, censé être un refuge de sécurité, est devenu un centre de pouvoir corrompu, un théâtre de luxe, de manipulations, de scandales et de secrets étouffés.
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